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ESPAGNE (ÉGLISE D’), ÉTAT RELIGIEUX


stein, Neu aiifgefundene chronologische Daten auf der Epoche Ezras imd Nehemias (en hébreu), dans Festschrift Harkavys, Saint-Pétersbourg, 1908, p. 63-104 ; G. Klameth, Ezras Leben und Wirken, Vienne, 1909 ; Vom Ausbau des zweilen Tempels bis ziim Mauerbau ATe/iemîus (progr.), 1909-1910. Les histoires d’Israël de Stade, Wellhausen, Cornill, Guthe.

A. Clamer.

    1. ESPAGNE (ÉGLISE D’)##


ESPAGNE (ÉGLISE D’).Un premier article sera consacré à l’exposé de l’état religieux actuel de cette Église, et un second aux publications des sciences sacrées en Espagne.

I. ESPAGNE (ÉGLISE D’), ÉTAT RELIGIEUX. —

L’Église d’Espagne mérite d’être étudiée avec quelque détail, à divers titres. D’abord, pour la grandeur de son passé et pour le rôle considérable qu’elle a joué dans l’action catholique à travers les siècles. Cet article étant consacré à la situation contemporaine, nous nous bornerons à rappeler, par une rapide esquisse historique ce qui, du passé, est rigoureusement nécessaire à l’intelligence du présent. Mais l’état actuel de l’Église d’Espagne n’est pas moins digne d’attention que sa glorieuse tradition : il ofîre le spectacle d’une crise religieuse, nationale, sociale et politique, qui, pour être en général mal connue et mal appréciée, n’en a pas moins une importance de premier ordre dans le monde contemporain. Enfin, la solution de cette crise historique n’intéresse pas seulement une des plus belles provinces du catholicisme : les nouvelles nations latines de l’Amérique, politiquement libérées de l’Espagne, s’ouvrent chaque jour davantage à son influence morale ; de la valeur du catholicisme en Espagne dépendra pour une bonne part la qualité de la civilisation dans ce Nouveau Monde.

Nous devons dire tout de suite que la documentation n’est pas aujourd’liui en rapport avec l’importance d’un tel sujet, et c’est sans doute un des signes de la crise actuelle. Il n’existe pas de publication d’ensemble ; il existe peu de publications partielles traitant de que-^tions importantes. En revanche, l’obligeance est extrême chez les membres du clergé pour renseigner ; mais cette obligeance elle-même est quelque peu gênée par le manque de documents précis, en particulier de statistiques. Enfin, le régionalisme, si accusé en Espagne, rend ici particulièrement imprudentes les généralisations et illusoires les moyennes.

Puisse cet essai, forcément incomplet, susciter du moins, en donnant un aperçu de la grandeur du sujet, les collaborations multiples qui, seules, pourront édifier un monument digne de l’Église d’Espagne 1 —

I..perçu historique du rôle de l’Église d’Espagne.

II. Composition actuelle. III. L’Église d’Espagne et la nation espagnole. IV. L’Église et l’État espagnol. V. L’Église d’Espagne et la société espagnole. VI. L’Église d’Espagne et l’Église (miversellc.

I. Aperçu iiistoriqi’e nu rôle ue l’Église d’Espagne. — On peut, pour plus de clarté, distinguer quatre périodes dans l’iiistoire religieuse de l’Espagne : 1° la période primitive et l’établissement { du christianisme ; 2° le moyen âge et la formation j d’une unité nationale chrétienne ;.3" l’ère de l’absoi lutisme, des conquistadors et de la jiolitique catholique ; 4° l’ère du régalisme et de la révolution. Indiquons les caractères généraux de chacune de ces périodes.

1 » L’Espagne primitive présente déjà certains traits que l’histoire n’a point effacés ; ses habitants, les Ibères, ont le même esprit d’indépendance, le même patriotisme local que les tribus de l’Afrique du Nord ; mélangés aux Celtes, ils ont produit une race de combattants admirables ; la rude école de la guerre et la rudesse de leur climat ont développé chez eux

une sorte de stoïcisme, la "plus voisine du christianisme.

La conquête romaine, plus vigoureuse^que la pénétration sémitique des Carthaginois, imposa à ces peuplades indomptables une unité superficielle, et, en Espagne plus encore qu’ailleurs, prépara le champ au christianisme.

Tout de suite, le christianisme comprit l’importance d’une telle conquête, comme en témoigne le ferme propos de saint Paul d’aller évangcliser l’Espagne, Rom., XV, 24, 28 ; tout de suite aussi l’Espagne mit ses vertus au service du christianisme, comme en témoignent ses martyrs, le diacre Vincent, Léocadie (Tolède), Servand et Germain de Saragosse (Cadix), Oronce et Victor (Gerona), Cucufas (Barcelone), Justus et Pastor (Alcala), Acisclus, Faustus, Janvier, Martial, Zœllus (Cordoue), Eulalie (Merida), les « innombrables martyrs » de Saragosse au commencement du iv^siècle, et, antérieurement, deux soldats mis à mort à Calahorra, Héméthérius et Chélidonius, antérieurement encore sous la persécution de Dèce, Fructueux, évêque de Tarragone, et ses compagnons, Augure et Euloge. A l’intérieur, l’Église s’organise activement : conciles d’illiberis (Elvire, Grenade), 306, voir t. iv col. 2378-2.397, de Saragosse, 380, I"concile de Tolède, 400. Dès 306 nous voyons, au concile, les évêques de Léon, de Saragosse, de Merida, de Faro ef^^d’Evora, les évêques (ou représentants) de Carthagène, Gua-dix, Castulo, Mentesa, L^rci, Tolède, Salavia, Lorca, Basti, Cordoue, Séville, Martos, Ipagrum, Illiberis (Grenade), Malaga, etc. ; « treize autres églises au moins » (dom Leclcrcq) sont représentées. A l’extérieur, l’Espagne fait déjà sentir une puissante influence dans l’Église universelle ; Osius de Cordoue préside le concile de Nicée ; l’Espagnol Théodose régularise la politique que Constantin avait inaugurée.

2° L’écroulement de l’empire romain amena en Espagne divers peuples barbares, Suèves, qui ont marqué leur influence en Galice, Vandales, qui passèrent en Afrique après avoir laissé leur nom à l’Andalousie, et surtout lesGoths, ariens ; ainsi, en même temps qu’elle retrouvait une possibilité d’indépendance nationale, l’Espagne perdait cette unité politique et administrative qui en est la condition et le ressort moral et religieux qui la maintient. Mais les Wisigoths, toujours sensibles au prestige de Rome et bientôt conscients de leur faiblesse, restaurèrent dans une large mesure les lois romaines et se convertirent au catholicisme (Herménégilde, fils du roi Léo igilde, se convertit, .570, et subit le martyre, 585, mais son frère Reccarède, qui succède à Léovigilde, se convertit en 587 et entraîne la conversion de son peuple). Mais la royauté wisigothique, partie de la persécution, ne peut s’arrêter à l’alliance avec l’Église catholique et se surbordonne à elle, même dans l’administration du temporel : la réalité du gouvernement passe à l’Église qui agit surtout par les conciles de Tolède ; Tolède est à la fois métropole religieuse et capitale politique, le gouvernement espagnol prend, pour très longtemps, le caractère d’une théocratie ; mais l’esprit ingouvernable de la population, ravivé par l’individualisme barbare, n’est pas pour cela foncièrement modifié ; l’absolutisme des rois est une apparence beaucoup plus qu’une réalité et "les conciles de Tolède donnèrent à l’Espagne le modèle de son régime parlementaire, de beaucoup le plus ancien du monde » (lord Acton). L’invasion araboberbère, commencée en 711, amena en Espagne avec un nouvel afflux sémite (.rabes) un élément capable d’une très brillante civilisation, qui d’ailleurs s’est développée sur le sol de l’Espagne et n’y a point été importée par la conquête, pas plus qu’elle n’en a été exportée à la suite de la reconquête ; — d’autre part, cette reconquête, com-