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ESDRAS ET NÉHÉMIE (LIVRES DE ;

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La version des Septante, dont les trois principaux manuscrits Valicanus, Alexandriims et Sinaiticus, malgré leurs divergences, dérivent d’un même texte primitif, est caractérisée par sa docilité à la lettre îiébraique et son indiflerence aux exigences de l’oreille grecque, aussi comprend-on aisément les essais de correction dont elle fut l’objet, entre autres, la recension de Lucien, et les additions au Sinaiticus, proxenant, d’après la souscription de Néliémieet d’Esther, d’un très vieil exemplaire signé de Pamphile, qui l’aurait corrigé d’après le texte même d’Origène dans les Hexaples. Klostermann, op. cit., p. 510 ; Torrey, op. cit., p. 105-113.

Édition critique des Septante : Swele, The Old Testament in Grerl ;, t. ii, p. 162-212 ; pour les manuscrits et les différentes éditions, cf. Swete, Inlroduclinn to tlie Old Testament in Greek, Cambridge, l’.)00, p. 122-195. Édition de la reccnsion de Lucien : Lagardc, Lf’ftronim Veleris Testamenti canoniconitn pars prior græce, Gœttingue, 1883.

2. Autres versions grecques.

De la version de Théodotion, les Hexaples n’offrent aucun texte, cf. Field, op. c ; 7., sans doute, diront les partisans de l’apocryphe, parce qn’il faut chercher l’œuvre de ce traducteur dans le grec canonique. D’Aquila et de Symniaque aucune trace certaine n’a été jusqu’à présent retrouvée.

2°Versions syriaques. — Dès le ive siècle, ces livres, qui ne faisaient pas primitivement partie de la Peschito, étaient traduits en syriaque, ainsi qu’il résulte des citations faites par Aphraate et saint Éphrem. En 616-617, Paul de Telia traduisit en syriaque la version grecque de l’Ancien Testament, sur l’édition des Hexaples, d’où le nom de syro-hexaplaire. Le littéralisme, cjui est une des caractéristiques de cette version, la rend très utile pour la critique du texte alexandrin ; malheureusement, le codex de Masius (André Macs) cpii contenait Esdras et Néhémie a disparu. Dans une Chaîne du British Muséum, on en retrouve des passages. J. Gwynn, Remuants of the later syriac versions of tlie Bible, part. H, Old Testament, Londres et Oxford, 1909. Cf. Swete, Introd., p. 113. La version syriaque que nous possédons serait d’époque tardive, et le plus souvent une simple paraphrase de l’hébreu, influencée par le texte des Septante. Klostermann, op. cit., p. 504-507. D’après Torrey, la Peschito n’aurait pas compris Esdras-Néhémie.

Versions latines.

Pour les anciennes versions

latines, voir Volkmar, Esdras propheta, ex duobus manuscriptis I taise, Tubingue, 1863. Saint Jérôme fit sa version vers 394 d’après l’hébreu, mais sans négliger d’avoir recours aux anciennes traductions grecques entre lesquelles il sut habilement choisir, tout en restant sous l’influence de ses maîtres juifs. Klostermann, op. cit., p. 513-514.

4°Version élliiopienne. — Le livre d’Esdras, traduit sur le grec, a été édité par A.Dillmann, Berlin, 1894, t. V, Libri apocryphi.

Version gothique.

Voir E. Launer, Die got.

Nehemiafragmente, Sprottau, 1903.

go Yersion arabe. — Tardive et de peu d’utilité pour la critique textuelle, surtout dans le livre de Néhémie, la version arabe se ressent de l’influence des Septante et de la traduction syriaque. Klostermann, op. cit., p. 501-503 ; S. Rœdiger, De origine et indolc arab. lib. V. T., Halle, 1829, p. 78 sq.

Les livres d’Esdras et de Néhémie, pas plus que celui de Daniel, n’eurent probablement de targum.

IL Canonicité. — 1° Dans le judaïsme. — Le livre de l’Ecclesiasticiue, composé vers 180 avant notre ère, fait l’éloge des ancêtres d’Israël, cf. xliv-xlix, d’après les anciens écrits bibliques. Entre autres

omissions caractéristiques se trouve celle du nom d’Esdras, alors cjue Zorobabel et Néhémie sont célébrés, l’un pour avoir rebâti la maison de Dieu, l’autre pour avoir relevé les murs de la ville, xlix, . 11-13. Cette omission n’implique pas nécessairement l’ignorance du personnage non plus que du livre d’Esdras, puisque allusion est faite aux événements qui y sont rapportés, mais « le rôle historique d’Esdras n’avait pas jusqu’alors été exagéré par la légende, et la figure de Néhémie dominait encore celle du fameux scribe dans le souvenir traditionnel. > Loisy, Histoire du canon de l’Ancien Testament, Paris, 1890,. p. 44.

On ne saurait retrouver dans « les épîtres des rois touchant les oflrandes » , II Alach., ii, 13, une désignation du livre d’Esdras, « il s’agit plutôt d’une collection de lettres émanées des rois de Perse, collection d’un caractère purement profane, mais très utile à

gouverneur de province tel que Néhémie, et où l’auteur d’Esdras a pu prendre des documents épistolaires qu’il a insérés dans son livre. » IbiJ., p. 45.

Si l’Ancien Testament n’offre aucun témoignage relatif aux livres d’Esdras-Néhémie, la tradition juive en revanche est unanime à l’inscrire au catalogue des Livres saints. Joséphe a connu tous les livres du canon hébreu, Esdras-Nchémie doit se trouver parmi les treize livres des prophètes. Cont. Apion, i, 8. Mais était-ce bien notre livre canonique qu’avait en vue l’historien juif ? Pohlmann, Tiib. theol. Quartalschrifi, 1859, p. 258-262, ne le pense pas ; ce serait plutôt l’apocryphe à cause de l’usage constant qu’il fait de ce dernier dans son livre des Antiquités judaïques, XI, 1-5. Cf. Theis, op. cit., p. 14-15. Le Talmud, Baba hatlira, fol. 14 6-15a, énumère parmi les derniers prophètes Esdras, Néhémie, les Chroniques ; cette place assez singulière donnée à Esdras avant les Chroniques dont il est la continuation, indiquerait peut-être cjue ce dernier livre n’aurait pas été admis d’aussi bonne heure que le précédent au canon juif. Ryle, Ezra and Nehemiah, Cambridge, 1893, p. xv ; Loisy, op. cit. y p. 40.

Dcms l’Église chrétienne.

Dans les livres du

Nouveau Testament on ne trouve aucune allusion à Esdras-Néhémie. La tradition chrétienne, sauf à l’école d’Antioche, n’a jamais émis le moindre doute au sujet de leur canonicité, elle leur a quelquefois adjoint l’apocryphe, mais saint Jérôme l’a rappelée à la pureté de la tradition juive. Ne l’aurait-il pas, au contraire, fait dévier de la voie jusqu’alors suivie, en substituant à Esdras I et II, équivalents d’Esdras A etB, Esdras I et II réduits au texte massorctique ? Howorth, dans Journal of theologiccd sludies, 1906, p. 350-351. Les Pères du concile de Florence, suivis par ceux de Trente et du Vatican, se seraient mépris sur le sens donné par les conciles africains aux mots -.Tlesdræ libri duo (can. 36 du concile d’Hippone, en 393) ; pour eux, comme pour les Pères ayant échappé à l’influence de saint Jérôme, ces mots désignaient Esdras A et B des bibles grecques. Outre l’invraisemblance d’une pareille ignorance de la part des Pères du concile de Florence, parmi lesquels siégeait le savant cardinal Bessarion, il est faux que la tradition antérieure à saint Jérôme et particulièrement celle de l’Afrique du iv^ siècle ait donné à l’expression Hesdræ libri duo le sens prétendu. L’auteur du Prologus ijuleatus connaît, d’après des manuscrits grecs et latins plus anciens qne le Vaticanus, V Alcxandrinus et le Sinaiticus, la division en deux livres de l’unique Esdras hébreu, P. L., t. xxviii, col. 554, on ne saurait donc lui en attribuer l’origine (Howorth). Origène connaît déjà cette division ; à plusieurs reprises il se réfère au II « livre d’Esdras, dans son commentaire de saint Matthieu, tom. XV, 5, et dans celui du Cantique des