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EPIGRAPUIE CHRETIENNE


sur la Liguric. d’Orsi et do Strazzula sur la Sicile, elc.

Ailleurs, on ne resta ()as en arrière. M. Le Blant réunit en 3 beaux vol. les textes épisraijliiques des Gaules, dont s’étaient déjà occupés, jjour certaines régions, Coniarinond, Hoissieu et Texier. Kraus, de Fribourg, donna ceux des bords du Rhin. L’épigrapliiste riubner publia les inscriptions d’Espagne et d’Angleterre. Le.sol africain a fourni dans ces dernières années un nombre considérable de monuments chrétiens. M. Kenier en avait réuni un certain nombre dans ses Inscriptions romaines de l’Algérie. Les textes épigraphiqucs de cette province ainsi que ceux de la Tunisie sont contenus dans le Corpus inscriplioniim lalinanim, t. vin et supplément. D’autres travaux seront indiqués à la bibliographie.

Les inscriptions chrétiennes écrites en langue grecque furent quelque peu négligées. La publication du grand Corpus inscriptionum gra’carum (C. I. G.), entreprise par l’Académie de Berlin, devait les tirer de cet oubli. M. Adolphe Kirchhofï en réunit un très grand nombre dans la seconde partie du iv vol., en renvoyant pour celles qui sont déjà publiées aux volumes précédents. On en trouve d’autres dans l’ouvrage de Kaibel et de Fr. Hiller de Gtertringen. Pour l’Attique on peut toujours recourir à l’étude de M. Bayet, pour lvsie-Mineure aux publications de Le Bas et de Waddington et à l’étude plus récente de M. Cumont dans les Mélanges de l’École française de Rome (1895). Pour la Palestine, la Revue biblique tient ses lecteurs au courant des dernières découvertes. Le grand Corpus inscript, grivcarum chris /( « /ion(m, tel qu’il a été projeté par MM. Laurent et Cumont, comblerait une lacune très sensible de notre science. Cf. Alti del II" Congrcsso internaz. di archeologia cristiana, Rome, 1902, p. 173 sq. ; Bulletin de correspondance hellénique, t. xxii, p. 410-415.

Les inscriptions coptes sont assez nombreuses. Malheureusement on n’en a pas encore fait un recueil complet. Nous signalerons, à la fin de l’article, les plus importants des travaux épigraphiqucs les plus récents, qui ont pour objet des questions de détail.

/II. L’ÉPIGRAPHIE < UHÉTIESXE ET L’ÉPlGnAPllIE

PROFANE. — Nous avons fait observer ailleurs, t. i, col. 1996, que le christianisme, sorti du judaïsme et répandu dans le monde gréco-romain, n’a pas plus créé une épigraphie propre qu’un art spécial. Il a vécu d’emprunts. Ce ne fut que peu à peu qu’on trouva les formules pour exprimer les idées nouvelles. La principale loi qu’on a toujours observée fut d’exclure tout ce qui présentait un caractère essentiellement païen. Aussi, rencontrons-nous, dans l’épigraphie chrétienne, à côté d’éléments communs, des données ayant un caractère purement chrétien.

Parmi les premiers, on pourrait d’abord relever la forme de cartouche destinée à recevoir le texte épigraphique, Kaufmann, Handbuch, p. 216 ; Lupi, Epitaphium Seueræ, pl. i, n. 5 ; puis la forme de stèle ou de cippe donnée à certains monuments funéraires sur des tombes chrétiennes en plein air, dont plusieurs se trouvent au musée du Latran, De Rossi, Bullet., 1877, pl. I, iii-iv, au musée Kircher et au musée archéologique de Florence. Rom. Quartalschrift, t. xxi (1907), p. 56 ; t. xxiv (1910), p. 58. A l’exception des marbres pour les loculi, les pierres ordinaires qui reçoivent une inscription ne diffèrent pas pour la forme extérieure des monuments païens. Quant au jornuilaire épigraphiquc, notons d’abord les sigles D. M. ou D. JM. S. (Dis manibus, dis manibus sacrum), en grec®. K. (0£o ;  ; y.aTayÔov-oi ;). Leur absence presque complète pendant les deux premiers siècles, et à partir du iv^, les changements qu’on y opère, par exemple, en intercalant parfois le monogramme du

Christ, comme au musée du Latran, p. viii, 7. Perret, op. cit., pl. 7, n. 11, montrent bien que ces lettres initiales se réijétaient par suite d’une habitude prise des lapicides et qu’elles n’avaient plus d’autre but que d’attester la destination funéraire des monuments. Voir les études de Becker et de Greeven citées dans la bibliographie et dom Leclercq dans Cabrol, Dictionnaire d’arch. chrét., t. i, coi. 165 sq. Il en est de même d’autres formules caractéristiques assez rares qui, non seulement comportent parfaitement une explication chrétienne, mais la demandent même, soit à cause du contexte soit à cause des symboles qui l’accompagnent. Telles sont les formules domus œternalis ou oîy.o ; aicivio ; dont nous parlerons plus loin, nemo immorlulis, oOSeiç àOâvaToç, cette dernière surtout fréquente en Asie-Mineure, De Rossi, Bullet., 1892^ p. 72 ; 6 pioç taùTa, Kirsch, Acclamalionen, p. 5 ; memoriæ selernæ. Le Blant, Inscriptions chrétiennes, t. I, p. 19, 20. Extrêmement rares sont les sigles S. T. T. L. (sit tibi terra levis), qu’on rencontre sur une pierre datée de 423 à Saint-Laurent de Rome et peut-être sur un marbre de Dacie. Kaufmann, Jenseitsdenkmàler, p. 226 ; De Rossi, Bullet., 1892. p. 155. Quant à l’acclamation Ave, vale, l’addition des mots in pace nous indique le sens chrétien qu’il faut lui donner. Kirsch, op. cit., p. 4. Si sur des monuments postérieurs à la paix de l’Église on parle de la Lachesis acerba pour désigner la mort, du Tartarus ou Ërebus pour marquer l’enfer, du rector Olympi pour indiquer le Christ, du nen^us elijsium pour nommer le ciel, etc., il faut bien remarquer que ce sont là des adaptations très tardives au langage profane, des licences poétiques facilement explicables et employées à une époque où les païens entraient en foule dans le christianisme, mais où les grandes vérités qu’elles exprimaient étaient parfaitement fixées. Voir Kaufmann, Jenseitsdenkmàler, p. 91, 92 ; Le Blant, op. cit., p. 406, 407 ; Strazzula, dans Rom. Quartalschrift, t. x (1897), p. 507-529.

Inutile d’insister sur d’autres détails communs, mais très inofïensifs, qu’on rencontre encore soit dans le formulaire soit même dans la décoration graphique. Le fait constaté et prouvé par M. Le Blant que souvent les lapicides travaillaient d’après des modèles explique beaucoup de ces analogies. Le Blant, Manuel d’cpigraphie chrétienne, p. 60, etc. ; Revue de l’art chrétien, 1859, p. 367-379. Pour le détail, voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2 édit., Paris, 1877, p. 366 sq.

En dehors de ces points de contact avec l’épigraphie profane, les éléments d’un caractère strictement chrétien sont très nombreux, par exemple, la décoration symbolique et les images bibliques, les acclamations aux formules exclusivement chrétiennes, des expressions spéciales pour désigner des vérités eschatologiques ou d’autres vérités religieuses uniquement connues des chrétiens, etc.

IV. LA TECHNIQUE OU L’ÉLÉMENT MATÉlilEL DES

INSCRIPTIONS. — 1° Les inscriptions chrétiennes, comme les profanes, peuvent se diviser en plusieurs classes : les inscriptions gravées avec le ciseau, les inscriptions écrites, les inscriptions tracées à la pointe, les inscriptions en mosaïque. De même, toutes les matières solides ont été plus ou moins employées : la pierre, en particulier le marbre et la pierre calcaire, parfois aussi le travertin, l’argile, les métaux, le verre, l’ivoire, le bois, etc.

1. Les inscriptions gravées en creux sur la pierre, appelées tituli, sont de beaucoup les plus nombreuses et les plus importantes. Assez souvent les caractères sont rendus plus visibles par l’emploi de la couleur rouge dans le creux des lettres. Sur certains monuments on a même remarqué de la dorure dans le vide