Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée
301
302
ÉPIGRAPHIE CHRETIENNE


sont les plus anciennes et les plus nombreuses et parce qu’elles représentent la foi de cette Église d’où Je christianisme s’est répandu dans diverses régions de l’Occident. L'épigraphie provinciale dépend, en partie, de celle de la capitale. Des différences essentielles n’existent guère que pour l’Orient où le formulaire et le style sont souvent tout autres.

Division.

Aucune division adéquate n’a été

donnée jusqu’ici. Pour le but que nous poursuivons, mous nous en tenons à celle du manuel de M. Kaufmann, p. 204 : inscriptions sépulcrales ou épitaphes proprement dites, documents épigraphiques d’un caractère plus monumental, textes épigraphiques sur des petits objets connus en archéologie sous le nom assez vague à'instrumentiim domesticum. — 1. Il sera surtout question dans la suite des épiluphes proprement dites. — 2. La dernière catégorie embrasse les monu : ments les plus divers : lampes, briques, tuiles, amphores, ampoules, petits bronzes, plaquettes ou lames de plomb, cuillers, sceaux, agrafes, anneaux, médailles de dévotion, amulettes, verres à fond d’or, objets d’ivoire, etc. — 3. Les documents épigraphiques méritent une mention particulière à cause du caractère officiel dont ils sont revêtus. On comprend sous cette rubrique des épitaphes dans le sens plus large du mot, par exemple, celle d’Asclepia sur un sarcophage salonitain, du ive siècle, publiée par Jélic dans la Rom. Qnarlalschrifl, t. v (1891), p. 113 sq., 277 sq., l'éloge métrique attribué au pape Libère, publié par M. De Rossi, Ballet., 1883, édit. franc., p. 6-62, ou d’autres semblables ; ensuite des textes honorifiques, par exemple, les nombreux éloges composés par saint Daimase en l’honneur des martyrs et des saints et placés par lui dans plusieurs catacombes et églises de Rome ; des inscriptions votives, dédicatoires ou autres gravées sur des monuments publics, tels que les textes sur la statue de saint Hippolyte au Latran, l’inscri] ! tion en mosaïque du pape Célestin à la basilique de Sainte-Sabine à Rome, les vers composés par saint Paulin de Noie pour plusieurs églises de son temps, ou ceux que plusieurs archéologues attribuent à saint Ambroise ; des inscriptions relatant la construction, la dédicace, les réparations d'églises, d’autels, de baptistères, etc. C’est à cette seconde catégorie qu’on peut rattacher, sans trop d’inconvénients au point de vue logique, les inscriptions métriques, dont il sera question plus loin.

II. uiSTOiHE ou nscvBiLS ÉPir.HAPHKjVEs. — L'épigraphie chrétienne, comme science proprement dite, est de date récente. Toutefois, les commencements remontent très haut. Ils sont à chercher dans les collections de textes épigraphiques, tant chrétiens <iue profanes, dont on voulait se servir pour la composition de nouvelles inscriptions métriques. Le monument le plus ancien de ce genre, le parchemin de Scaliger, conservé à l'état de fragment, a été rédigé entre 550 et 839. Le célèbre manuscrit d’Einsicdeln, nouvellement édité par Lanciani et par Huelsen, date <le l'époque carlovingienne. Puis viennent les autres collections publiées par De Rossi, par exemple, la Palalina, ctWc de Klosterncuburg-Gôttwei, la « sylloge » de Verdun. Pendant les siècles de la Renaissance on collectionna de nouveau les monuments épigraphiques. Naturellement les hiunanistes donnèrent la préférence à ceux de l’antitjuilé iirofanc. Il faut nommer, pour les xiv et xv siècles, Colas Ricnzi, Giovanni Dondi (vers 1375), Poggio Hracciolini, Mafleo Vegio, (A’riaco de' Pizzicolli ((Ariacus d’Ancône), Fclicc Feliciano, Giovanni Marcanuova, Glov. Jucundo, Pietro Sabina. Plusieurs inscriptions chrétiennes se rencontrent également à la mc-me époquc dans les volumineux manuscrits de Aide Manuce, le Jeune, dans Martin Sanclius, dans les Inscriptioncs

] sacrosanctæ vctustalis (Ingolstadt, 1534) de Pierre I Apian et Bartholomée.mantius et dans les Inscriptioncs antiquæ tolius orbis Romanorum, publiées (2 vol., 1603), à Heidclberg, par Janus Gruter, bibliothécaire de cette ville, complétées en 1682 par le Syntagma inscript, antiquurum du médecin Thomas Reinesius, et rééditées à Amsterdam, en 1707, par Gudius, Grœvius et Burmann. Dans toutes ces collections, les inscriptions chrétiennes ne tiennent qu’une place peu importante.

Cependant la découverte des catacombes en 1578 amena aussi la découverte de nouvelles inscriptions chrétiennes. Bosio en réunit un bon nombre, mais elles ne furent publiées que par Severano, en 1632, e± par son traducteur latin, P. Aringhi, en 1651. Malheureusement celles qu’avait collectionnées, J. B. Doni furent négligées par les éditeurs de ses œuvres posthumes, en 1731. Jacques Spon, Mabillon (dans V Iter Italicum), Montfaucon et Sirmond en notèrent également un certain nombre. Nous en trouvons aussi dans Fabretti et dans les Vetera monimenta de Ciampini.

Pour le xviiif siècle, une seule grande collection est remarquable, le Novus thésaurus veterum inscriptionum de L. A. Muratori (Milan, 1739-1742), tandis que le Novissimus thésaurus de Seb. Donati (1755) ne renferme qu’une seule inscription chrétienne. D’autres savants, surtout en Italie, bornèrent leurs investigations aux monuments de certaines provinces, par exemple, Fr. Ant. Zaccaria, Gori et d’autres. Fabretti, Buonarruoti, Marc-Antoine Boldctti, Lupi, Marangoni composèrent des monographies très intéressantes. Deux auteurs seulement se proposèrent de grouper systématiquement les textes chrétiens à l’usage des théologiens : le P. Danzetta, dont l’ouvrage est resté inédit, et Zaccaria, dont le livre très médiocre n’est qu’une imitation de celui de son confrère en religion.

C’est le xix'e siècle qui devait créer la science épigraphique chrétienne. En 1815 mourut Mgr Gætano Marini, l’auteur de Iscrizioni antiche délie ville de' palazzi Albani (1785) et de Gli attie monumenli… Arvali (1795). Ses nombreuses fiches sur les inscriptions chrétiennes, conservées en 31 vol. à la Bibliothèque Vaticane, servirent d’abord, en 1831, au cardinal A. Mai pour le t. v de la Nova collectio scriptorum veterum, ensuite à G.-B. De Rossi qui allait donner à l'épigraphie ce qui lui avait fait défaut justju’ici : une base solide, des règles et des principes vraiment scientifiques. De Rossi commença son travail en 1842. Le ! vol. de ses Inscriptioncs christianæ urhis Romic parut en 1861 ; lu 1° partie du ir en 1888. Olui-ci renferme les différentes < sylloges » ou collections dont nous avons parlé plus haut, jusqu'à Pierre Sabin ; le premier donne toutes les inscriptions datées trouvées à Rome. Dans sa préface. De Rossi expose le plan de son ouvrage et fournit des prolégomènes très étendus sur les anciennes chronologies chrétiennes. En 1877, sortit de sa plume le Museo epigrafico l’io-Lateranense, étude consacrée -k la belle collection du Latran. Également riches en matériaux sont les 3 vol. de la Roma sotlerranca du même auteur ainsi que les différentes années du liullcltino, continué après sa mort (1894) sous le titre de Xuoro hullcttino par ses disciples. Parmi ces derniers, j)Insieurs se sont particulièrement ()ccupés (le répiurapliie chrétienne dans des ouvrages spéciaux, jiar exemple, Stevenson, Armellini, Marucchi, Wilpcrt. La continuation des Inscrip. /lo/ir.s a été confiée par De Rossi lui-même A M. Gatti. Des (lifficullés matérielles en ont arrêté jusqu’ici la publication. Parmi les autres travaux épigraplii<]ues parus en Italie pendant la seconde moitié du xix siècle, nous mentionnons celui de Gazzera sur le l’iémont, du P. Hruzza sur Vcrceil, de Sanguinetti