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DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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ENCHANTEMENT. — I. Notion. II. Exislencf. m. Origine. IV. Espt^ces. V. Condamnation.

I. Notion.

A considérer l’étymologic de ce mot (in, canlalio), on entend par encliantenient l’art d’opérer des prodiges par des ciiants ou par des paroles. A cette praticpie se rapportent les r/irtz/nM, expression dérivée de carmrn, qui signifie : vers, poésie, chanson.

La magie étant l’art d’opérer des choses merveilleuses et qui paraissent surnaturelles sans l’intervention de Dieu, il est manifeste que Vcnchanlemenl n’est qu’une espèce particulière de magie ; celle-ci, eu effet, comprend : les charmes, les encliantenients, la divination, les évocations, la fascination, les maléfices, les sorts ou sortilèges. Toutes ces pratiques sont difl’érentes, soit par le moyen mis en reuvre, soit l)ar le résultat immédiat à obtenir. Renvoyant à à l’article Maoik les recherciies historiques, les études crititiucs, les considérations tliéologiques et morales qui concernent les (iratiques de magie en général, nous nous bornons ici à l’exposé de ce qui est propre i l’enchantement.

II. F.xisTKNCK. — L’nc des erreurs que l’on trouve répandues dans presque toutes les formes du paganisme était de croire qu’il y avait des paroles eflicaces, des chants magiques par lesquels on pouvait opérer des choses merveilleuses et surnaturelles, en a|)pa rencc du moins. Dans toutes les religions anciennes, le magicien jouait un rôle importanl. Nos pères cjui croyaient si vivement aux fées, mêlaient aux histoires, récits et légendes, des enchantements. Les traditions populaires en regorgent, les romans <le chevalerie, les chroniques du moyen âge en sont remplis. Nous n’aurions que l’embarras du choix, pour en allonger démesurément et inutilement cet article.

On voyait, au rappf)rl de Léon l’Africain, tout en haut des principales tours de la citadelle de.Maroc, trois pommes d’or d’un prix inestimable, si bien gardées par enchantement, que les rois de I-ez n’y ont jamais pu loucher, quelques elTorts qu’ils aient faits.

Marco l’oio conte que des Tari ares, ayant pris huit insulaires de Zipan « ii, avec qui ils étaient en guerre, se disposaient à les décapiter, mais ils n’y purenl parvenir, parce que ces insulaires portaient au bras droit, entre cuir et chair, une petite pierre enchantée

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qui les rendait insensibles au tranchant du cimeterre, de sorte qu’il fallut les assommer pour les faire mourir.

On raconte que l’enchanteur Merlin, à l’aide de certaines évocations, transformait une dame en oiseau et de celui-ci faisait réai)paraîtrc la pauvre prisonnière, évoquait les morts, rendait les chevaliers invulnérables, changeait en un clin d’œil une chaumière en palais.

III. Origine.

Il est certain que l’on peut, sans recourir à aucun pouvoir occulte, enchanter les serpents. Dans les Indes, il y a des hommes qui les prennent au son du flageolet, les apprivoisent, leur apprennent ù se mouvoir en cadence. En Egypte, plusieurs les saisissent avec intrépidité, les manient sans danger et jonglent avec eux. Le secret de cet art est conserve dans certaines familles égyptiennes, appelées psylles.

La Biple fait plusieurs fois mention des enchantements et des eneliantciirs. Dans le ps. i.vii, 5, 6, David conqiare le péciieur endurci à l’aspic et au serpent qui se bouclient les oreilles pour ne pas entendre la voix de Vcncliantenr. Le texte hélireu porte « la voix des sifflcius <, parce « jue l’enchanleur captive le serpent en sifll nit ou en cliuchotanl une conjuration plus ou moins intelligible. L’Ixclésiaste, x. 11, comiiarc le méchant au serpent qui mord lorscpi’il n’est pas empêché par le charme. LaVulgate traduit le mol hébreu par » en silence » , mais elle ne rend pas le sens de l’original. Voir Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, art. Charme, t. ii, col. 1191 ; Cluirmeurs de serpents, col. 59.")-5 !)7. Jérémie, viii, 17, nicnaçant son peuple au nom de Dieu de grands châtiments, lui dit : « .le vais envoyer contre eux des seriicnls et des vipères contre lesquels il n’y a pas de charmes et ils vous mordront. » Isaïe, iii, ’}, ai)]H’lle le riiarmcur : « celui <|ui connaît les charmes. » La Vulgate traduit prudentem cloqtiii nu/stiri..Saint.lérôme. In Is., iii,

{, /’. I.., t. XXIV, col. ()2, dit qu’il traduit ainsi d’après

Symma<(ue et ajoute que iliéodolion et Aquila traduisent justement par prudent cncluintriir ; eloqninm miisliciim doil donc s’entendre du charme. Diction nuire de Ut llitde de M. Vigouroux. Ine. rit.

Outre les serpents, il y a plusieurs espèces d’oiseaux et d’autres animaux « pie Ion peut attirer, endormir

V. - 1