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ÉPICLÉSE EUCHARISTIQUE

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attestant d’une manière évidente la présence du récit de la cône et des paroles du Sauveur. De ce nombre est notamment le commentaire de Denys Bar Salibi, auteur du xiiie siècle, dont le nom est précisément attaché à une des cinq liturgies ici en cause. Voir Hoppe, op. cit., p. 247, n. 526, où l’on trouvera les références à l’ouvrage de Renaudot.

La liturgie nestorienne des apôtres Addée et Maris a été souvent considérée, elle aussi, comme manquant des paroles de l’institution, sous le même prétexte que certains manuscrits les omettent. Et plusieurs auteurs en avaient profité pour contester le caractère essentiel de ces paroles et reporter sur l’épiclèse toute la vertu de la consécration. Mais les homélies liturgiques de Narsès, écrivain uestorien du y’e siècle, publiées par dom Connolly, The liturgical Hoinilics of Narsai, Cambridge, 1909, qui attestent l’existence d’un texte étroitement apparenté à la liturgie en question, mentionnent formellement ces paroles comme renfermées dans l’anapliore de la messe et confirment ainsi la tradition catholique. Voir du reste Brightman, op. cit., p. 285. qui a très sagement suj)pléé à cette omission des manuscrits conformément d’ailleurs à l’usage des Chaldéens, intercalant le récit de la cène entre le Posl-Sanctiis et la grande prière d’intercession. L’épiclèse vient ensuite à sa place normale, quoi qu’en ait dit Renaudot qui, trompé par les omissions des manuscrits, prenait cette anaphore pour un des cas où l’épiclèse se trouverait avant les paroles du Sauveur qu’il avait seulement le tort de ne pas suppléer au bon endroit. Renaudot, op. cit., t. ii, p. 599. Même erreur dans Orsi, op. cit., p. 104.

3 » Divers climents liturgiques de solution pour le problème de l’épiclèse. — Il y aurait encore bien d’autres observations à faire concernant les liturgies orientales aux deux endroits du récit de l’institution et de l’épiclèse. Pour tout résumer, nous ramènerons les données liturgiques orientales aux propositions suivantes :

1. Le récit de l’institution et l’épiclèse sont deux faits liturgiques universels en Orient. Les liturgies éthiopiennes et la liturgie nestorienne signalées ci _ dessus ne peuvent pas être regardées comme des exceptions à cette universalité.

2. L’ordonnance générale de cette partie de l’anaphore est celle-ci : préface, Sanctus, Posl Saiictus ou paraphrase du Sanctus. récit de l’institution, anamnèse C Unde et memores), épiclèsc, grande intercession (Mémento des vivants et des morts). Cette dernière prière est la seule pièce de cet ensemble qui occupe parfois une place différente : ainsi, dans la liturgie de saint Marc, elle se trouve entre hi préface et le.SV » /ictus ; dans celle des apôtres Addée et.Maris, entre le récit de la cène et l’anainnèse.

.’{. Toutes les formules d’épiclèsc sollicitent la transsubstantiation. Les verbes ncneiv, àizo^xi-tz : -/, àvaoït— y.vjvat, ix£Ta61), ).£tv, et leurs équivalents syriaques, coptes, éthiopiens, arméniens, sont synonymes et expriment certainement l’idée de la conversion eu charistique. S’il était besoin, pour confirmer cette assertion, d’alléguer d’autres formules, en plus de celles que nous avons citées, on les trouverait en grand nombre dans le recueil de Renaudot ou dans l’ouvrage de Hoppe. Contentons-nous d’en indiquer un nouveau spécimen, l’épiclèse de la li lurgie syriaque de saint Maroulas, qui accentue la demande de transsubstantiation au f)olnt d’aggraver encore In difliculté (lu probleme épielétiqne : …Mille super me et super oblationem islam.Spiritum Sanclum…. requicscatque super obUitiones islws ri eas sanctificel… et panem hune simplirem Iransmulel alque cfficiat corpus ipsum… ipsiiis Verhi Dei et Snlixilnris noslri i Jcsu Christi…, el vinum mistum, quod est in hoc calice.’transmulet ci perficiatscmguinem… ipsius Domini, Ver. bi Dei et Salvatoris Jesu Christi. Renaudot, op. cit., t. II, p. 263-264.

4° En prenant les formules d’épiclèse dans leur ensemble, on peut en décomposer ainsi les éléments : a) prière sollicitant la miséricorde et la bienveillance de Dieu, inspirée par le sentiment de l’indignité et de l’impuissance humaine en face du mystère eucliaristique ; b) prière pour demander la transsubstantiation ; r) prière pour que les communiants participent aux effets du sacrement et du sacrifice.

L’insistance exagérée sur le premier élément a donné lieu, dans plusieurs liturgies, à certaines additions, dont quelques-unes fort inintelligentes, mais destinées, dans l’esprit de leurs auteurs, à accentuer, contre la doctrine catholique, l’importance de l’épiclèse. Tel a été le cas pour les liturgies byzantines. Voici, en effet, sous quelle forin ? étrange l’épiclèse y apparaît dans un grand nombre d’exemplaires imprimés : « Nous t’offrons ce sacrifice raisonnable et non sanglant, nous t’invoquons, te prions et te supplions d’envoyer ton Esprit-Saint sur nous et sur ces dons offerts. » Le prêtre et le diacre s’inclinent trois fois profondément devant l’autel en disant à chaque fois le tropaire suivant : Seigneur qui à la troisième heure as envoyé ton Saint-Esprit aux apôtres, ne l’enlève pas de nous, loi qui es bon, mais renouvelle-le en nous qui te prions. La première fois, ils ajoutent le verset : « Crée en moi un cœur pur, 6 Dieu, et renouvelle au dedans de moi l’esprit de droiture. » Après la seconde reprise, ils disent : « Ne me rejette pas de devant ta face et n’enlève pas de moi ton Saint-Esprit. » Après la troisième, le diacre dit au prêtre : « Bénissez, Seigneur, le saint pain. » Le prêtre, faisant alors le signe (c. la croix sur le pain, dit : « Et fais ce pain le corps précieux de ton Ciirist. » Le diacre : « Amen. Bénissez, Seigneur, le saint calice. » Le prêtre, faisant le signe de la croix sur le calice, dit : « Et ce qui est dans ce calice, le sang précieux de ton (Mirist. «  Le diacre : n.men. Bénissez. Seigneur, l’un et l’autre… Le prêtre fait le signe de la croix sur les tleux en disant : « Les cliangeant par ton Saint-Esprit. » Le diacre : « Amen, Amen, Amen. » Il dit ensuite au prêtre : « Seigneur saint, souvenez-vous de moi qui suis un pécheur. » Puis, le prêtre continue h voix basse : « Afin qu’ils soient pour les communiants purification de l’âme…, et le reste qui sert de finale à l’épiclèse.

Ces rites compliqués sont ceux de la liturgie de saint Jean Chrysostome dans les exemplaires en question. Ils sont identiques dans la liturgie de saint |{asile, sauf les différences de formule quc présente ceile-ci pour l’oraison proprement dited’épielèse.V’oici simplement la manière dont on a adajjté ces formules adventices aux deux parties de l’oraison normale : « … Seigneur, … nous te prions d’envoyer ton Esprit-Saint sur nous et sur ces dons offerts, pour les bénir, les sanctifier et les consacrer. » Le diacre et le prêtre font alors trois inclinations profondes devant l’autel, disant à chaque fois : « O Dieu, sois-moi propicc, à moi qui suis un péclieur. « Puis, ils disent à voix basse le lropaire et les versets comme ci-dessus. Suivent les b’-nédiclions accompagnant les paroles dites sur le pain et sur le calice..u sujet de ce dernier, remarquons que les mêmes exemplaires ont ajouté, par imitation de la liturgie de saint Jean Chrysostome, les mots |i.£Taôa>(’.)v akà -< « llvEj|j.aTi To-j TÔ> iYÛo, les transformant par ton Saint-Esprit, qui n’ont ici aucune raison d’être, jinisque ce sens est déjà contenu dans ce fjui fait précisément la différence de la formule basilienne avec la précédente. Le dialogue du prêtre et du diacre terminé, le prêtre achève lotit bas l’oraison d’épiclèse :  ! Quant