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ÉPIGLÈSE EUCHARISTIQUE


après les paroles de l’institution, dans les anaphores lesplus anciennes : celle des Constitutions apostoliques et celle de saint Jacques, représentant le type syrien d’Antioche et de Jérusalem ; celle de saint Marc, représentant le type alexandrin. Voici ces formules. Elles tiendront lieu de toutes les autres.

Les Constitutions apostoliques font ainsi prier le célébrant aussitôt après avoir terminé les paroles dites par le Sauveur à la cène : « Nous souvenant donc de sa passion et de sa mort, et de son retour aux cieux, et de son avènement à venir, dans lequel il viendra juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres, nous t’olïrons à toi, Roi et Dieu, selon son ordre, ce pain et ce calice, te rendant grâces par lui d’avoir daigné accepter que nous nous tenions devant toi et soyons tes prêtres. Et nous te supplions de jeter un regard de bienveillance sur ces dons offerts en ta présence, de les agréer en l’honneur de ton Christ, et d’envoyer sur ce sacrifice ton Saint-Esprit, le témoin des souffrances du Seigneur Jésus, pour qu’il fasse [de] ce pain le corps de ton Christ et [de] ce calice le sang de ton Christ (ïuio ; à.T : o<fr, ^r^ tov apTov toOtov Twfj.a ToO XpiTToO <jou xal to TroT/iptov toûto aqj.a Toij Xp’.(jTo-j ao-j), afin que les communiants (îva oi |xeTa)-ag6vTe ;) soient affermis pour la piété, obtiennent Qa rémission de leurs péchés, soient délivrés du diable et de sa tromperie, soient remplis de l’Esprit-Saint (rive-jjj.aTo ; â^’o-j TiXïipwÔwai), deviennent dignes de ton Christ, obtiennent la vie éternelle… » Brightman, op. cit., p. 20-21. Cf. Kirch, Enchiridion fonliiim historiie eccl. antiqna :, F’ribourg, 1910, n. 616.

Dans la liturgie de saint Jacques, on lit au même endroit : « Nous souvenant donc, nous aussi, pécheurs, de ses vivifiantes souffrances, de sa croix salutaire, de sa mort et de sa sépulture, de sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, de son ascension aux cieux, de son intronisation <à ta droite, ô Dieu Père, et de son second avènement glorieux et redoutable quand il viendra avec gloire juger vivants et morts, quand il viendra rendre à chacun selon ses œuvres…, nous t’offrons. Seigneur, ce sacrifice redou table et non sanglant, te priant… de nous accorder les dons célestes et éternels…, aie pitié de nous, ô Dieu tout puissant…, et envoie sur nous et sur ces dons offerts ton Esprit le tout-saint, le seigneur et le vivifiant…, le consubstanticl et coéterncl, qui a parlé dans la loi et les prophètes ainsi que dans le Nouveau Testament, qui est descendu sous forme de colombe sur Notrc-Seigneur Jésus-Christ…, qui est descendu sur tes saints apôtres sous forme de langues de feu dans le cénacle de la sainte et glorieuse Sion au jour de la sainte Pentecôte ; ce tien Esprit toutsaint, envoie-le, Seigneur, sur nous et sur ces dons offerts, afin que, étant descendu, par sa sainte, bonne et glorieuse venue, il sanctifie et fasse [de] ce pain le corps saint du Christ, amen, et [de] ce calice le sang précieux du Christ, amen : afin qu’ils soient, pour tous ceux qui y participent, rémission des péchés, vie éternelle, sanctification des âmes et des corps… » Brightman, p. 5.1-54.

La liturgie de saint Marc s’exprime dans les termes suivants : ’Annonçant, ô Seigneur et.Maître toutpuissant, f^oi céleste, la mort de ton Fils unique, notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ, et confessant sa bienheureuse résurrection d’entre les morts au troisième jour, son ascension aux cieux et son intronisation à ta droite, ô Dieu et Père, et attendant son second, terrible et redoutable avènement, dans lequel il doit Juger vivants et morts en toute justice et rendre î^ chacun selon ses œuvres…, nous t’avons offert de tes propres dons en ta présence, nous te prions te te supplions, ô bon ami des hommes, envoie de la hauteur de ton sanctuaire, de ton taber nacle préparé, de ton indescriptible sein, le Paraclet, l’Esprit de la vérité, le saint, le Seigneur et le vivifiant, qui a parlé dans la loi, les prophètes et les apôtres, qui est présent partout et remplit toutes choses…, jette un regard sur nous et envoie sur ces pains et sur ces calices ton Esprit-Saint pour qu’il les sanctifie et les consacre comme Dieu tout-puissant et qu’il fasse du pain le corps, amen, du calice le sang de la nouvelle alliance de notre Seigneur, Dieu, Sauveur et Poi universel.lésus-Christ, afin qu’ils soient pour nous tous qui y participons, communicateurs de foi, de purification, de guérison, de sagesse, de sanctification. .. »

L’anaphore de Sérapion de Thmuis, qui représente la liturgie égyptienne du ive siècle, a aussi son épiclèse après le récit de la cène, avec cette particularité qu’au lieu de solliciter l’intervention eucharistique du Saint-Esprit, elle sollicite l’intervention du Verbe. Mais ce détail mis à part, son contenu est identique à celui des autres épiclèses. Qu’on en juge : « Dieu de vérité, vienne ton saint Verbe sur ce pain, pour que le pain devienne corps du Verbe, et sur ce calice, pour que le calice devienne sang de la Vérité. Et fais que tous ceux qui communieront reçoivent le remède de vie, pour la guérison de toute infirmité, pour se fortifier en tout progrès et vertu, et non pour leur condamnation, Dieu de vérité, ni leur charge et leur confusion. » Punk, Didnscalia etconsliluliones, Paderborn, 1906, t. II, p. 17-1-176.

Objections à celle universalilé lilurgique.

1. Les

prolepscs d’épich’se. — Notons en outre, à propos des liturgies égyptiennes, que, tout en ayant leur formule normale d’épiclèsc après les paroles de Jésus-Christ, elles possèdent de plus, entre le Sanclus et ces paroles, une sorte de prolepse ou d’anticipation de l’épiclèse, plus ou moins explicite, suivant les cas. Il ne sera pas inutile, à raison de l’importance de cette donnée, de mettre sous les yeux du lecteur quelques exemples de cette prolepse. Voici d’abord celle de la liturgie grecque de saint Marc ; elle fait immédiatement suite à la courte paraphrase du Pleni sunt cœli et lerra terminant le Sanclus : « Remplissez aussi, ô Dieu, ce sacrifice de la bénédiction qui vient de vous, par la descenle de voire Saint-Espril. » Brightman, op. cit., p. 132. La liturgie copte de saint Cyrille exprime, à la même place, la même prière avec plus d’insistance encore : « Remplissez ce sacrifice. Seigneur, de la bénédiction qui vient de vous, par ta descente du Saint-Espril sur lui, amen ; et bénissez de bénédiction, amen ; et purifiez de purification, amen, ces vénérables éléments qui sont vôtres, offerts devant vous, ce pain et ce calice. « Brightman, op. cit., p. 176 ; Rcnaudol, Lilurgiarum orientaliuin collectio, 2e édit., l’rancfort, 1847, t. I, p. 45. Dans les deux anapliores citées, cette formule précède immédiatement le récit de la cène ; puis vient l’anamnèse (Unde et niemnrcs) et i sa suite une épiclèse plus complète, l’épiclèse normale, sollicitant, outre la transsubstantiation, la produclion de la gr.âcc dans les communiants. A ces deux exemples d’anapliores à double épiclèse, il faut ajouter une autre anaphore égyptienne, probablement du vie siècle, publiée p^rB-Munstark, Eine àgijplisclie Mess-nnd Tau ftilurqie vermutlich des rr.Jnhrh., dans Oriens clirislianus, 1001, t. i, p. 1-45. Cf. S. Salaville, La double épiclèse des anapliores égyptiennes, dans les Échos d’Orient, 1910, t. xiii, p. IS. ! sq.

Cette particularité des anaphores égyptiennes, déjà remarquée par Renaudot et IToppe, empêche de voirune exception à l’universaliléliturglque de l’épiclèse, pour l’Orient, dans le fragment découvert eu 1907 à Deir Balyzeh, près d’Assiout. Ce fragment grec, écrit sur un papyrus du vu" ou du viiie siècle, comprend la fin de la préface, le Sanclus avec la jiro-