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ÉPHÉSIENS (EPITRE AUX


saints qui passent du non-être à l’être par leur union avec Dieu qui se nomme wv dans l’Kxodc. Un manuscrit grec du xe siècle de l’Athos, qui reproduit le texte suivi parOrigène, n’a pas les mots : év’Efédw. E. von der Goltz, dans Texte iind Unlersuchunçjen, Leipzig, 1899. t. xvii, fasc. 4, p. 75. Pour prouver contre l’anoméen Eunomius que le Fils de Dieu peut s’appeler ô (.’iv. saint Basile remarque que les chrétiens d’Éphèse, au début de la lettre que saint Paul leur écrivait, sont nommés d’une manière singulière et unique en son genre ovTaç à cause de leur union avec Celui qui est, union que leur procure l’exacte connaissance qu’ils en ont. Il cite l’adresse en ces termes : ToTç àyt’oc ; toi ; O’jctiv xa’i ttittoT ; iv Xp’.fjTM’Ir, TO’j. Il déclare que ses prédécesseurs l’ont ainsi transmise et qu’il l’a lui-même trouvée telle dans les anciens manuscrits. Adi’ersus Eunomiiim. 1. II, c. xix, P. G., t. XXIX, col. 612-613. L’appel aux anciens manuscrits laisse supposer que les manuscrits récents avaient une autre leçon, qui comprenait probablement les mots èv’EifÉTM. Les deux seuls manuscrits du iV siècle, qui nous soient parvenus, s et B, n’ont pas ces mots dans le texte de première main, mais seulement à la marge et de seconde main. Les autres Pères grecs ne commentent pas non plus les mots èv’Eslo-w, même lorsqu’ils les reproduisent. Cf. S. Chrvsostome, P. G., t. LXii, col. 9-10 ; Théodoret, P. G., t. lxxxii, col.509 ; S. Jean Damascène, P. G., t. xcv, col. 821 ; Œcumenius, P. G., t. cxviii, col. 1169 (qui reproduit la leçon de saint Basile) ; Théophylacte. P. G., t. cxxiv, col. 1033. Le copiste du cursif 67 (ix’^-xii'e siècle), conservé à Vienne, en Autriche, les avait écrits ; le correcteur les a elTaccs.

L’omission des mots èv’Eçprm a laissé des traces dans la littérature latine. L’Ambrosiastcr ne commente pas qui siint Ephesi du texte latin. In Epistad Eph., P. L., t. xvii, col. 373. Saint Jérôme connaît les deux leçons grecques et les deux explications ; il rappelle celle d’Origène et il la déclare, non pas fondée sur un texte altéré, mais plus curieuse qu’il n’est nécessaire. Il vaut mieux suivre l’autre leçon, qui est plus simple et plus naturelle. In Epist. ad Eph.. P. L., t. XXVI, col. 443-444. Plusieurs commentateurs latins n’expliquent que la leçon : omnibus sanctis et fidclibus in ChristoJesu. Ainsi pseudo-Primasius, In Epist. ad Eph., P. L.. t. Lxvi, col. 607 ; Sedulius Scotus, Collectanea in Epist. S. Pauli, P. L., t. ciii, col. 195 ; Walafrid Strabon. Glossa ordinaria, P. L., t. cxiv, col. 588 ; Haymon d’Halberstadt (ou Remy d’Auxerre), In Epist. ad Eph., P. L., t. cxvii, col. 701 ; Alton de Verceil, In Epist. ad Eph., P. L., t. cxxxiv, col. 547.

Ainsi donc c’est au cours du ive siècle seulement que ces mots apparaissent dans les manuscrits et les commentaires. Étaient-ils primitifs, ou bien ne sont-ils qu’une addition ? Beaucoup de critiques les tiennent pour originaux et expliquent leur absence dans les anciens documents, ou bien par une omission des copistes, ou bien par une suppression volontaire. Mais l’inadvertance des copistes aurait été vite corrigée par la comparaison avec d’autres manuscrits, d’autant plus que ce lapsus rendait la phrase inintelligible. La suppression, attribuée à Marcion, n’est pas prouvée, et il est invraisemblable que, s’il l’avait opérée, des copistes orthodoxes eussent adopté son texte tronqué. D’autres critiques ont supposé que la lettre de l’apôtre, adressée directement aux Éphésiens, contenait réellement les mots èv’Eçé^u), mais que Tychique, son porteur, en ayant fait prendre copie pour d’autres Églises, aurait remplacé le nom d’Éphèse par celui des autres communautés chrétiennes. Par suite, des copistes auraient supprimé les mots primitifs. Cette hypothèse n’expliquerait guère la suppression, car si, dès l’origine, les copies

avaient contenu des noms différents (ce qni n’est pas prouvé), elles se seraient plutôt transmises avec leurs leçons spéciales, ce qui n’a pas été constaté. La suppression de ces mots ne s’explique pas davantage par la supposition qu’un copiste voulait par là faire ressortir le caractère encyclique de la lettre, car il aurait fallu en même temps supprimer le titre nph ; ’E-^siTi’o-j ;. Tous ces essais infructueux d’explication ont amené d’autres critiques à conclure que ces mots ne se trouvaient pas dans la lettre originale, qui, au lieu d’être adressée aux seuls Éphésiens, était une circulaire, destinée à un groupe d’Églises d’Asie Mineure^ et qu’ils auraient été introduits au iv’siècle, à la marge des manuscrits, d’abord, comme dans le Sinaiticus et le Valicanus, dans le texte ensuite, pour faire concorder l’adresse avec le titre. De cette sorte, l’adresse ressemblait à celles d’autres Épîtres, Rom., I, 7 ; I Cor., i, 2 ; II Cor., i, 1 ; Phil., i, 1, et elle présentait un sens très intelligible, en faisant disparaître la leçon incompréhensible toïç o-jo-tv. Les versions ont adopté cette leçon, parce que la traduction de la phrase grecque sans nom de lieu était impossible. On a supposé que l’original laissait probablement en blanc le nom des Églises, et que le porteur, en déposant la copie, l’ajoutait ; mais les plus anciens manuscrits, reproduisant le texte de l’original, n’avaient aucun nom d’Église destinataire, et les premiers commentateurs interprétaient comme ils pouvaient la leçon zol : àrto ;  ; -o’. ; o-joiv. D’ailleurs, le caractère général de l’Épitre et l’absence de tout détail personnel et local confirment l’hypothèse d’une lettre encyclique, destinée à plusieurs Églises d’Asie, soit à Éphèse et aux Églises dont elle était comme la métropole, soit aux sept Églises de l’Apocalypse, soit au cercle des communautés qui comprenait et entourait Colosses et Laodicée, soit à toutes les Églises d’Asie-Mineure, soit à une partie seulement, par exemple, celles du Pont, soit même à toutes les Églises converties de la gentilité. Cf. Ladeuze, dans la Revue bibliquc, 1902, p. 573-580.

2. Caractère général de l’Épitre et absence de toute donnée personnelle et locale. — Saint Paul avait eu avec les chrétiens d’Éphèse les rapports les plus intimes, ayant fait de nombreuses conversions durant un premier séjour de quelques semaines parmi eux, Act.. XVIII, 19-21, et ayant organisé l’Église à son second séjour, qui fut de presque trois années consécutives. Act., XIX, 1-xx, 1. Plus tard, il manda à Milet les anciens de la communauté et leur adressa un discours émouvant, Act., xx, 15-38, qui témoigne de son affection profonde pour l’Église d’Éphèse qu’il avait fondée, et au moment de la séparation qu’ils croyaient définitive, les anciens fondirent en larmes et se jetèrent au cou de Paul pour l’embrasser. On ne s’explique guère, après cela, le ton grave, froid, didactique d’une lettre adressée aux Éphésiens par leur apôtre. Celui-ci n’exprime aucun souvenir personnel, ne fait pas la moindre allusion à des relations antérieures, , alors que le discours aux anciens est si affectueux, alors que, quand il écrit aux Églises qu’il a fondées, il est si prodigue d’effusions cordiales. Écrivant à la même date aux Colossiens, qu’il n’avait pas convertis, ni même vus, il leur témoigne une charité, Col., i, 8. 9, 24 ; II, 1, dont on ne retrouve pas l’expression dans l’Épitre aux Éphésiens. Timothée, que les anciens d’Éphèse avaient vu à Milet, Act., xx, 4, n’est pas nommé dans cette Épitre, alors qu’il est associé à saint Paul dans l’expédition des lettres contemporaines aux (Colossiens, i, 1, et à Philémon, 1. Au début, au lieu de la salutation habituelle, il y a une longue bénédiction générale, qui peut convenir à tous les chrétiens, et à la fin, seul le porteur est nommé, vi, 21. 22, Tychique, un Asiate, et le souhait s’adresse à tous ceu.x qui