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EUGÈNE IV — EUGÈNE


tuelle d’Eugène IV. Le prestige moral du pontife avait aussi fait son œuvre.

Il est reste exempt de népotisme. Gregorovius, Die Sladl Bom im M iltelaltcr, 3^ éûii., 1886-1889, t. vii, [). 94. L’intégrité de ses mœurs a été reconnue par le concile de Bâle : Attenta integritalis vitse et sanctitatis vilse fama. Encyclique du 21 janvier 1432, Mansi, t.xxTX, col. 237. « Père des pauvres et des malades, » il sut restaurer l’hôpital du Saint-Esprit in Sassia. Brockaus, Das Hospital S. Spirito zu Rom in fiinfzelmlen Jahrhundcrl, dans Repertorium de Janltschek, 1884, t. VII, p. 282 sq. L'œuvre de la visita graziosa, instituée pour la libération des prisonniers repentants, devait encore entraîner ù la suite d’Eugène IV de nombreux magistrats de l’ordre judiciaire. La sainteté enfin provoque la sainteté : les noms de sainte Françoise Romaine, de saint Antonin de Florence, de saint Bernardin de Sienne, de saint Jean de Capistran, admis dans l’intimité du pontife, le couvrent nettement du reproche de stagnation dans l’accomplissement d’une réforme fiscale et morale nécessitée par les aberrations du grand schisme. Eugène IV l’essaya à Rome et à Florence. De son propre aveu, l’indépendance des esprits le força d’en rabattre. Bibliothèque Borghèse ; Rome, cod. I, 75-76, fol. 84 b.

Peut-être, n’est-ce pas là une ironie ? le pape moine réussit-il davantage dans le domaine profane. Il fut un des premiers, un des plus sérieux initiateurs de la Renaissance. Il la voulut chrétienne autant que possible. C’est une gloire ineffaçable pour le nom d’Eugène IV d’avoir mis la main à l'œuvre de la restauration de l’université romaine (1431), tombée en décadence complète par suite du malheur des temps et des déchirements de l'Église. Le séjour du pape à Florence, le contact suivi qu’il eut avec les grecs venus au concile lui avaient imposé une curie particulière. Les noms du secrétaire Guarino, de l’interprète Sagundino, du théologien Parentucelli ont marque dans l'étude des lettres grecques. Les arts ont en leur meilleur Mécène dans Nicolas V, cardinal de Parentucelli, qui avait reçu le chapeau de son prédécesseur Eugène IV. Les cardinaux Traversari, Bessarion, élève de Pléthon, ne font pas moins d’honneur à la perspicacité du pontife. Cosme de Médicis devra au second l’idée de la fondation de l’académie florentine. Cf. Reumont, Lorenzo il Magnifico, 2e édit., Leipzig, 1883", 2 vol.

Les encouragements d’Eugène IV aux plus connus des précurseurs de la Renaissance artistique sont aussi à signaler.Ghiberti, Brunellescho, Lucca délia Rabbia, Donatello connurent le pape à Florence. Il consacra la cathédrale de Santa Maria dcl Fiore, récemment enrichie de son imposante coupole. L’artiste des portes du baptistère fut jugé digne de ciseler la tiare pontificale qui devait étonner les grecs à la séance d’union. Enfin, c’est encore sous la direction d’Eugène IV qu’Avernlino dit Filarete sculpta les nouvelles portes de Saint-Pierre de Rome. Peut-être le pape se consolait-il d’y voir un trop grand mélange de mythologie et de christianisme, en contemplant les purs chefs-d'œuvre dont Fra Angelico de Fiésole avait embelli sa chapelle vaticane. Cf. ïchudi, Filarete’s MUarbciler an den Bronzelhiiren von S. Peler, dans Repertorium de Janltschek, 1884, t. vii, ]). 291-294. Le pontife, d’ailleurs, avait compris la dignité de l’ancienne Rome. En dégageant par son ordre les colonnes du Panthéon d’Agrippa, témoin majestueux du siècle d’Auguste, les chercheurs d’antiques y découvraient le sarcophage de porphyre qui orne aujourd’hui à Saint -Jean de Latran le monument de Clément XII. Eugène IV n’avait-il pas ainsi préludé au mouvement qui aboutissait en 1506 à la mise au jour du Laocoon des trois sculpteurs rhodiens. Les restaurations des vieilles églises de Saint-Pierre et de

Saint-Paul, de Sainte-Marie-Majeure, de Saint-Jean de-Latran pour lesquelles, en 1437-1438, 3000 ducatsavaient été versés, disent assez haut l'élégance d’esprit d’un pape que l’histoire peut compter parmi les plus grands.

Héritier d’une situation qu’il n’avait pas créée, cœur haut placé, esprit inquiet d’unité catholique, il eut le tort, dès le début, de ne connaître aucune mesure et de vouloir ignorer cette loi d’expérience, qu’une réforme ne peut s’accomplir si elle n’est partielle. Le jour où les difficultés sans nombre l’ont assailli très drues, il resta debout devant la persécution, conservant finalement intact son patrimoine spirituel et temporel ; avec plus de doigté, il montrait dès 1436 que l’institution pontificale voulait le progrès dans l’ordre fécond ; les outrances stériles de l’assemblée de Bâle lui donnèrent raison, en l’empêchant pourtant de parfaire la réforme fiscale et morale qu’il avait conçue, parce qu’il la savait nécessaire.

I. Sources.

Tous les actes de conciles et ouvrages de première main, mentionnés à la bibliographie des articles Bale, t. II, col. 128 ; Florence (Conciles de) et Concordat, t. III, col. 743 ; en plus, E. von Otteuthal, Die Biillenregister Marlins V und Eugens IV, Inspruck, 188.5.

II. Ouvrages.

Outre ceux mentionnés au cours de rarticle, Mai, Spiciletiiiim romanum, Rome, 1839, t. i ; Vespasiano da Bisticci, '17 « rfi iwmini del secolo vr. Eiiijinio 1 V ; Abcrt, Papst Eugen IV. Ein Lebensbild uns der Kirchengeschiclile der liiti/zelinten Jalu-hunderl, Maycnce, 1881, l" livraison ; Pastor, Histoire des papes depuis la fin du moyen âge, trad. Furcy Raynaud, 2e édit., Paris, 1901, t. i, où l’on trouvera une bibliograptiie très ample du sujet ; Voigt, Slirnmen ans Rom iiber den papsllichen Hof in fûnfzehnten Jahrhundert, dans Raumer, Histor. Taschenhuch, 4 « année, Leipzig, 1833, p. 41-184 ; Voigt, Die Wiedererlebiing des classisehen AUerllmnis odcr das ersle Jahrhundert des Hunianismus, 2< ! édit., 2vol., Berlin, 1880-1881, p. 32-44, très important pour la Renaissance sous Eugène IV ; E. Miintz, Les précurseurs de la Renaissance, Paris, Londres, 1882 ; Id., Les arts à la cour des papes pendant le w" et le.viV siècle, I" partie, Martin V, Pie II (1417-1464), Paris, 1878 ; Creighton, A history of the papacy, during ihe period o/ the rejormation, .u. The council of Basic. The papal restoration, Londres, 1882 ; Noël Valois, Lu crise religieuse au ve siècle, Paris, 1911 ; Picliler, Gesf/)if/ife der kirchlichen J’rennung zwischen deni Orient und Occident von den ersten Anfàngen bis zur iiingsten Gegenwart, 2 vol., Munich, 1864-1865 ; Ilefele, Die Tcuiporàre Wiedereinigung der grieschichen mit der lateinisclien Kirche, dans Tiibing. Iheol. Quartalschrift, ^0' année, Tubingue, 1848 ; Prockert, Die kur/Urstliche Neutralitdl wcihrend des Basler Concils. Ein Beitrag zur deutschen Geschichle von 1438-1448, Leipzig, 1858.

III. Monographies.

Dux, Der deutsche Kardinal Nicolaus von Cusa und die Kirche seiner Zeit, 2 vol., Ratisbonne, 1847 ; Vast, Le cardinal Bessarion (1403-1472), étude sur la chrétienté et la Renaissance vers le milieu du xve siècle, Paris, 1878 ; Voigt, Enca Syluio de Piccolomini als Papst Plus der zweite und sein Zeitalter, 3 vol., Berlin, 1856-1863.

P. MONCELLE.

    1. EUGÈNE (Saint)##


5. EUGÈNE (Saint), élu évêque de Carthage, sous la dure domination des Vandales, occupa son siège, après une vacance de vingt-quatre années, de J’an 480 à l’an 505. Le zèle et la fermeté qu’il déploya pour le maintien de la foi lui attirèrent, avec la haine des ariens, les persécutions du roi Hunéric. Il demanda vainement, pour assurer aux catholiques la liberté de la parole, que des évêques étrangers, ceux en particulier de l'Église de Rome, fussent invités au colloque religieux de Carthage du l'^ février 484 et prissent part à la discussion ; il protesta aussi contre les violences subies, à l’ouverture de cette conférence, par les catholiques. Peu après, il était relégué, comme trois cent un de ses collègues, dans les déserts africains. Rappelé, seul entre tous, à Carthage, quelques années plus tard, par le successeur d’Hunéric, Gontamond, l'éclat de ses vertus et son dévouement à la cause de l'Église d’Afrique et à celle de ses collègues, dont il