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FIN DU MONDE

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valioncm eam pulchriludinem assequentur ; qiiæ respondeat gloriæ sanctoritm, xervata lamen proporiione inler corpora : plus les corps sont sublimes, plus il convient qu’ils soient revêtus de gloire. Ibid., o. xxiii.

Sylvius enseigne que le monde doit être purifié et il indique les convenances qu’il le soit par le feu. Le feu élémentaire ne sera pas purifié lui-même dans sa sphère, mais il pourra l'être en dehors de son lieu naturel par le feu de la conflagration, qui sera plus fort et plus pur que le nôtre, quoique de la même espèce. Les cieux supérieurs ne seront pas purifiés non plus. Le feu ne consumera pas les autres éléments, il les purifiera seulement jusqu’au milieu de l’air. La conflagration précédera et suivra le jugement. Ses effets consisteront à purifier et renouveler le monde élémentaire, à faire mourir tous les hommes vivants, les bons et les mauvais, à éprouver et purifier les justes pour remplacer le purgatoire, à punir enfin les impies en éteignant en eux le reatiis pœnæ des péchés et en les enveloppant après la résurrection pour les entraîner en enfer. In 111^"^ parlem SuminaS.Thomæ, q. Lxxiv, 6e édit., Anvers, 1695, p. 754-757.

Mastrius de Meldula place la rénovation future du monde après le jugement. Selon l’opinion la plus commune, les cieux et la terre ne seront changés qu’accidentellement. Les plus anciens théologiens et quelques modernes, au nombre desquels il nomme le P. Jean Bagot, jésuite, ont prétendu que les cieux sidéraux, sauf l’empyrée, seraient changés substantiellement par le feu. Plus communément, on enseigne, et Suarez l’a très bien démontré, qu’ils seront renouvelés sccundum aliqua accidentia. Communément aussi, on admet que les éléments seront seulement renouvelés. La conflagration aura lieu avant ou après le jugement. Le feu sera un feu nouveau, créé par Dieu, au sentiment de Scot, ou iiien un feu engendré de la terre. Il brûlera le monde entier, mais successivement, tous les corps, sauf les corps célestes, les hommes vivants, pour qu’ils meurent, même les élus. Il brûlera certainement aussi les damnés ressuscites. Suarez et Brancatus nient que les élus ressuscites doivent passer le feu ; il est plus probable que ceux qui sont in via, es vivants et les défunts encore en purgatoire, y passeront. Le mouvement des corps célestes cessera, mais on discute sur la situation que garderont définitivement ces corps. On ne sait pas si tous les autres mouvements cesseront, ni au juste quand se fera cette cessation, avant, pendant ou après le jugement. Tlieologia moralis, 6<^édit., Venise, 1723, disp. XXVIII.

Tous ces travaux, et probablement encore ceux de la même époque, d'/Mphonse Pandolfi, De fine miindi, Rome, 1658, et de Gélestin JVIaur, bénédictin allemand. De statu fuliiri sseculi, 1722, avaient le tort de garder les opinions des anciens sur les cieux incorruptibles et les quatre éléments. Les progrès des sciences physiques devaient bientôt libérer les théologiens de ces erreurs scientifiques qui ont déparé la théologie pendant six siècles au moins et qui devaient disparaître.

4 » Les théologiens du xviw et du xix'e siècle. — Ceux d’entre eux qui ont connu les travaux des savants modernes sur la composition chimique des corps, ont laissé de côté les spéculations du moyen âge et se sont appuyés exclusivement sur la révélation divine, contenue dans l'Écriture, et sur l’ancienne tradition ecclésiastique. Ils ont su moins de choses sur la fin et la rénovation du monde, mais leur enseignement plus circonspect et plus réservé n’en est devenu que plus sûr. On peut signaler comme ayant subi déjà, indirectement au moins, cette influence, la Dissertation sur la fin du monde et sur l'état du monde après le dernier jour, que dom Calmct a insérée dans son Commentaire lillérul, 2e édit., Paris, 1726, t. viii, p. 364-375.

Pour terminer notre longue enquête sur ce sujet, indiquons les conclusions de quelques théologiens contemporains. H. Hurter, Theologix dogmaticse compendium, tr. X, De Deo consummatore, n. 715, 9e édit., Inspruck, 1896, t. iii, p. G40, résume les siennes en quelques lignes : La consommation du siècle ne sera pas l’annihilation complète ou la destruction de la substance du monde ; elle ne sera que le changement de l’ordre présent et de la forme du monde. I Cor., vii, 31. Elle se fera par le feu. II Pet., III, 6 sq. La rénovation du monde sera simultanée à sa consommation. II Pet., iii, 12 ; Rom., viii, 19, 20. Hurter renvoie à Mack, Quartalsclirift de Tubingue, 1833, p. 601-639 ; à J.-B. Krauss, Die Apokalastasis der unfreicn Creatur auf kathol. Standpunkle, Ratisbonne, 1850 ; à Scheeben, JMijslerien des Ciiristentums, § 96. Sur la condition future du monde renouvelé, Hurter ne sait rien et ne veut même faire aucune conjecture. Que ce monde contienne des animaux et des plantes ou que la rénovation finale soit organique, végétale et animale, c’est à ses yeux une question grave. Bautz a soutenu l’affirmative, dans Der Katlwlik, 1877, p. 135-158 ; Der Himmel, p. 180 sq. ; Das Weltgericht, § 20.

A. Stentrup, Prselectiones dogmaticæ de Verbo incarnato, part. II, Soteriologia, Inspruck, 1889, t. ii, p. 1087-1113, consacre deux thèses, clxvi et clxvii, à ce sujet. Le monde sera renouvelé, ainsi que l’enseigne l'Écriture, II Pet., iv, 13 ; Apoc, xxi, 1. Cette rénovation ne sera pas une création nouvelle, quoique quelques auteurs catholiques l’aient pensé ; mais la puissance divine donnera comme une nouvelle forme au monde, qui demeurera substantiellement le même, ainsi qu’il ressort de I Cor., vii, 31, et de Rom., VIII, 19, 20, interprétés ainsi par les saints Pères. Cette rénovation sera précédée de la conflagration du monde entier par un feu réel et corporel. Les traditions les plus anciennes de presque tous les peuples admettent la conflagration du monde, en sorte qu’on peut conjecturer, peut-être non sans raison, qu’elles dérivent de la tradition primitive. Plusieurs témoignages de l’Ancien Testament annoncent assez clairement cette conflagration. Ps. xcvi, 3sq. ; Is., Lxvi, 15 sq. ; Joël, ii, 1 sq. ; Mal., iv, 1. Le texte de saint Pierre, II Pet., iii, 5 sq., est on ne peut plus clair, et il parle du feu corporel. Les opinions des théologiens sur son origine sont toutes incertaines et quelques-unes même incompatibles avec l’enseignement actuel sur la nature des choses. Qu’il suffise donc de dire avec saint Thomas que des causes naturelles, entrant en jeu par ordre de Dieu, suffiront à le produire. Les théologiens sont d’accord pour dire que l’air qui entoure la terre sera atteint par l’incendie, le texte de saint Pierre oblige à l’admettre, mais ce texte ne parle pas du ciel sidéral et aucune raison convenable ne peut prouver que le feu brûlera ce ciel. Les théologiens sont unanimes à reconnaître que la conflagration finale a pour but de purifier le monde de la contagion des fautes qui ont été commises en lui et de le défivrer de la servitude de la corruption. Stentrup retient de leur sentiment que l’incendie enlèvera du monde toute pourriture et toute corruption et qu’il le rendra ainsi apte à recevoir une nouvelle forme, correspondant à la condition glorieuse des bienheureux. Il ne voit aucune raison qui prouve que la conflagration doit précéder le jugement et il soutient qu’elle le suivra. Il convient que le jugement soit la fin de l’ancien monde et le commencement du nouveau. Quant à l'état du monde nouveau, au sentiment commun des théologiens, le ciel sidéral recevra de Dieu un accroissement de lumière et de clarté, d’après Is., xxx, 36 ; il sera en repos et dans la situation la plus convenable à la beauté de l’uni-