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FIN DU MONDE


sera purifiée. Telle sera leur récompense pour les services qu’ils auront rendus aux élus. Au c. xl, il répète qu’il n’y aura plus de mouvement dans l’autre siècle.

Dans son commentaire des Sentences, saint Bonaventure se pose d’abord cette question : Le feu de la conflagration montera-t-il jusqu’aux astres ? Il répond qu’il montera seulement aussi haut qu’il y aura des corps consomptibles et passibles. Comme les corps célestes ne peuvent recevoir d’impression étrangère, la flamme montera aussi haut que l’espace qui contient des éléments et pas plus haut. Elle n’ira donc pas jusqu’aux astres ; elle montera cependant plus haut que les eaux du déluge. In IV Scnl., 1. IV, dist. XLVII, q. m. Ce feu produira deux purifications. La première, quse exil a fœditate peccaii, ira jusqu'à l’air ténébreux où s’accomplit le péché. Cette fétidité est locale et elle a été produite dans le lieu par le péché qui y a été commis et par la fumée des sacrifices. Sous ce rapport, la flamme montera aussi haut que les eaux du déluge. La seconde purification sera a vetustale corruptionis sive naturæ corrupiæ. Elle se produira dans les trois autres éléments, qui seront incorruptibles après la résurrection des morts. Sous ce rapport, la flamme montera jusqu'à la sphère du feu. Ibid., ad 1°". Il y aura aussi une double rénovation : 1° per abjectionem ; 2° per additionem et meliorationem. La première sera pour les corps élémentaires, dans lesquels les qualités corporelles seront purifiées, et la seconde dans les corps célestes, dont la lumière sera accrue. La première sera l'œuvre du feu, qui rejette les scories et purifie, la seconde ne sera pas son effet. Ibid., ad 3°'". Quant aux textes de l'Écriture que le docteur séraphique s’objecte, il déclare que celui de la II « Épître de saint Pierre ne parle pas des cieux incorruptibles, mais du ciel d’air et de feu. Les étoiles qui tomberont, tomberont du ciel aérien. Ce seront des apparences d'étoiles, qui tombent, selon l’opinion vulgaire, quand elles descendent d’en haut. Ce langage est conforme au mode ordinaire de parler. La qualité ignée abondera alors, et Dieu le fera pour terrifier les pécheurs.

La seconde question que se pose saint Bonaventure est celle-ci : Le feu de la conflagration précédera-t-il ou suivra-t-il le jugement ? Il expose d’abord les opinions différentes de la sienne. Pour quelques-uns, il y aura deux jugements : un jugement de définition, qui précédera la conflagration (la sentence contre les méchants sera rendue avant l’incendie), un jugement d’exécution, qui suivra (les réprouvés seront englobés dans le feu et emportés avec lui dans l’enfer). Ce sentiment est insoutenable, d’après saint Augustin, De civilale Dei, 1. XX, c. xvi. D’autres distinguent deux eflets du feu : purifier et renouveler. Ratione purgalionis, le feu de la conflagration précédera le jugement ; ratione innovationis, il le suivra. Ce sentiment ne paraît pas soutenable non pluS ; Ces deux effets sont conjoints, el non pas séparés ; s’ils sont distincts sccundum ordincm, tempore suntsimid. D’après la Glose, il y aura deux feux : l’un purifiera les élus et précédera le jugement, l’autre tourmentera les réprouvés après la sentence portée. Saint Bonaventure se demande s’il y en aura deux distincts substantiellement en raison des deux effets produits. Le premier purifiera les élus pour les rendre absolument purs et brûlera les ennemis. Le second purifiera le monde et le renouvellera ; il suivra le jugement et il brûlera la face du monde, pour tourmenter ensuite les réprouvés. Ibid., q. IV.

Le saint docteur explique la nature de la rénovation du monde, dist. XLVIII, a. 2. Selon lui, les corps célestes seront récompensés dans une certaine mesure, quia pulcliriorem accipient disposilionem ad prsemian dos bonos, q. i. Après le jugement, ils seront en repos et ils resteront dans l’ordre dans lequel ils ont été créés. Leurs mouvements n'étaient nécessaires que pour compléter le nombre des élus, q. ii. Après le jugement, les qualités des éléments et les formes substantielles persisteront qiioad substantiam ; innovabuntur quoad rationem corruptionis, q. in. Les plantes et les animaux ne seront pas renouvelés, cum tantum sint ad obsequium mortedis hominis et terræ ornamentum pro eo tempore, q. iv.

Le B. Albert le Grand a eu l’occasion d’expliquer, dans ses commentaires bibliques, les principaux passages scripturaires qui ont trait à la fin du monde. Il les interprète dans le sens traditionnel. Les cieux et la terre périront secundum formam in qua nunc sunl, non secundum substantiam. Cf. I Cor., vii, 31 ; Eccle., I, 4. Ils vieilliront, c’est-à-dire ils perdront subitement leur première forme. Ils seront changés en mieux. Cf. Heb., i, 12 ; II Pet., iii, 13 ; Apoc, XXI, 1. In ps. Cl, 27. Ils passeront, non quoad substantiam, sed quoad aclus et figuram generationis. In Matth., XXIV, 35. Les cieux nouveaux seront l’air renouvelé, selon saint Augustin. La mer restera in primo statu, lamen innovato et meliorato. In Apoc,

XXI, 1.

Dans son commentaire In I Sent., 1. IV, dist. XLVII, il traite quelques questions relatives au feu de la conflagration finale qui, pour lui, est le même que le feu qui précédera le jugement. Il le déclare de la même espèce que le feu élémentaire, et il entend par le ciel, le ciel aérien, a. 6. Sur les eflets de la conflagration, il reconnaît qu’on peut en parler par divination plutôt que par science. Personne ne peut savoir comment cela se fera, sinon celui qui le verra. Lui-même cependant ne pense pas que quelque élément doive être consumé entièrement. Ils demeureront tous quatre selon leur être spécifique, non pas toutefois selon la vertu de leurs qualités actives et passives, nisi ut in radiée subjecti manet passio quse non potest ventre in actum. Ces qualités leur ont été données en vue de la génération et de la corruption, qui se succéderont dans le monde tant que le nombre des élus ne sera pas complet. Ce nombre étant parfait, les éléments demeureront dans un autre état sine permixtione ad invicem et sine actione et passione in pleno lumine. Albert rapporte ensuite diverses opinions. La vérité, à son sentiment, est que les éléments ne seront pas détruits, mais qu’ils seront changés : ils seront contiimellement lumineux, la i terre translucide à sa surface extérieure comme le j verre, l’eau comme le cristal, l’air lumineux comme ! le ciel et le feu brillant comme la lumière du ciel. Ses autorités sont la Glose sur I Cor., vii, 31, et sur { Apoc, XXI, 1. Le feu brûlera l’infection du péché,

mais ne donnera pas la beauté de la gloire, a. 7.

I Quant à ses effets sur les hommes, il brûlera tous les j corps des bons et des mauvais pour consumer la ' fomes peccati, et il purifiera les âmes comme inslru ment de la justice vindicative de Dieu, a. 8. Quand il aura rempli son office, il ira en enfer pour punir les 1 méchants ; il y sera par sa chaleur, non pas par sa j lumière, a. 9. Les bons seront purifiés au moins pour la forme habituelle du péché, qui est en eux et qu’il exterminera, mais il ne les molestera pas, a. 10. Il précédera le jugement, çuoad incendium mundi ; il le suivra quoad involutionem malorum. Dan., vii, 10. C’est le sentiment de saint Augustin, a. 11. Dans la dist. XLVIII, Albert dit que, s’il y a éclipse simultanée du soleil et de la lune, ce sera par la volonté de Dieu pour faire peur aux méchants, a. 7. Le soleil aura une lumière plus brillante que maintenant, en récompense de ce qu’il aura concouru à parfaire le '. nombre des élus, a. 8. Il n’y aura pas de nuit, sinon