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FIN DU MONDE

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venienlis. In Apoc, 1. XI, P. L., t. clxix, col. 11851186. Sur Apoc, XXI, 1, col. 1189, Rupert ajoute qu’après l’extermination de ceux qui corrompaient la terre, il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre, c’est-à-dire que leur aspect sera nouveau et changé en mieux. Le ciel et la terre précédents auront perdu leur ancienne apparence. Les docteurs doutent si la substance fluide de la mer sera entièrement desséchée et anéantie par la grandeur de l’incendie qui dévorera tout, ou si elle sera changée en mieux de telle sorte que sa substance demeure, mais que son apparence soit autre.

Honoré d’Autun, comme exégète, commente le ps. CI, 27, 28 : Cum hic dicatiir : Cscli peribunt, quæritur quomodo illa Scriplura dical : Terra in œlernum slal, Eccle., i, 4, et iteriim : Omnis creaturn Dei manet in œlernum '.' Sciendum quod forma rerum peribil, ipsa siibstantia in œlernum manebil… Cœli sunt quasi vestimentum mundi, qui senescunt et vetuslale deficiunt in hac forma qme nunc suril… Cœlum est terræ operlorium, quod reimlvitur ul labernaculum. Peraclo autem judicio, cœli inaliam formammutabuntur, quia Dominas lune novum cœlum et novum terram facict, et luna gloriam salis et sol lumen seplem dierum habebil. In ps. ([, 27, 28, P. L., t. CLXXii, col. 304-305. Catéchiste, il expose son enseignement par demandes et par réponses, Elucidarium, 1. III, 45, 46, col. 1168 : D. Quid poslea de mundo eril ? M. Conflagrabitur. Sicut cnim aqua diluvii mundo prævaluil et super monles omnes cubilis quindecim excrevil, ila lune iç/nis prævalens super omnes monles quindecim cubilis allius ardebil. — D. Inleribil penilus mundus ? M. Rerum mulabilitas et pœnee pcccali, scilicel, frigus, œslus, grandines, lurbines, fulgura, lonilrua et aliæ incommodilates, penilus interibunt ; elemenla vero purgala pcrmanebunl. Ps. ci, 27. Sicul enim priesens figura nostra corporum Iransibil et longe aliam Iniic incomparabilem habebil, ila prsesens mundi figura penilus preeleribil, el longe alla incomparabilis gloriæ forma eril. Is., Lxv, 17. Enfm, les cieux, les astres, les eaux, qui maintenant se hâtent dans une course qu’on ne peut retarder, quasi cupienles in meliorem slalum immulari, lune fixa slabililer manebunt et quiela el mirabili glorificatione immulala. Nam ciclum gloriam salis induel, et sa lumière sera sept fois plus grande qu’aujourd’hui. La lune et les étoiles brilleront d’une ineffable splendeur. L’eau dépassera la beauté du cristal. La terre entière sera comme un paradis, couverte de fleurs immarcescibles.

Dans ses Qusestioncs in Episl. I ad Cor., q. lxviii, P. L., t. CLxxv, col. 526, Hugues de Saint-Victor, sur le texte : Præleril enim figura mundi, se demande quomodo Iioc verum sil, cum scriptum est : Terra in œlernum slal. Eccle., i, 4. Voici sa solution : Non dixil : Præleril mundus, sed figura mundi, id est, forma et specics, quam modo habel, mulabitur in jormam meliorem ; si tamen alicubi legatur quod mundus Iranseal, hoc inlclligendum est secundum formam, non secundum subslanliam, quæ semper eril. Ailleurs, De sacramentis, 1. II, part. XVIII, c. i, t. cLxxvi, col. 609, il expose la manière dont se fera ce changement. Après le jugement, lune figura hujus mundi mundanoruni ignium conllagrationc præleribil, sicut faclum esi mundanarum uquarum inundalionc diluvium. Illa ilaque, ul dixil, conflagratione mundana elenienlorum corruplibilium qualilales, quæ corruplibilibus noslris corporibus congrucbanl, ardendo penilus inleribunl, alquc ipsa subslanlia cas qualilales habebil, qme corporibus immorlatibus mirabili nuilalione convenial, ul scilicel nuindus innovalus in mclius aperlc accommodetur hominibus eliam carne iruwualis in mclius. Ce sont les propres paroles de saint Augustin.

Hervée de Bourges est un exégète. Il a interprété

les passages scripturaires qui traitent de la fin du monde. Sur Isaïe, lxiv, 2, il dit que les cieux se briseront pour ainsi dire afin de laisser passer le roi des rois qui vient juger les hommes. Ignis ante ipsum ardebil… Nam ignis ille universos monles comburens œquabil vedlibus et omnem lerrcun complanabil. In Is., 1. VIII, P. L., t. CLxxxi, col. 565. Un peu plus loin, sur lxvi, 16, col. 584, 585, il répète que le Seigneur viendra juger, ignc circumdatus. Ce feu sera purificateur. Uniuscujusque opus qucde sil ignis probabil. I Cor., iii, 14, 15. Les réprouvés surtout seront dans le feu. Sur terre, les pécheurs, igné circumdali, qui inferiora hujus aeris omnia cremabil, attendront la sentence du juge et goûteront d’avance l’aspérité des tourments de l’enfer. Nam ignis ille Icmlum spalium islius aeris occupalurus est quantum occupavil aqua diluvii. La sentence sera rendue, les justes étant en haut dans l’air et les pécheurs en bas au miHeu de ce feu, in flamma posilis increpedione sua. Dieu jugera dans ce feu tous les hommes charnels. In Episl. I ad Cor., iii, 14, 15, col. 842 : le jour du Seigneur se manifestera dans le feu. Cum enim viderinl omnes igncm illum anle faciem judicis per lolum diffundi orbem, scient adesse diem judicii. Vel Dominus in illo igné revelabil, id est, apparebil omnibus bonis el malis. II Thess., i, 8. Ce feu éprouvera les œuvres, c’est-à-dire la doctrine ; il sera purgalorius. Le verset 31 du c. VII de la même Épître est expliqué dans le sens d’un changement accidentel : Præleril figura mundi, non natura, ul in aliam speciem mundus verlatur et de hoc veleri cœlo ac terra ficd cœlum novum el terra nova. Les qualités des éléments corruptibles périront absolument par le feu : ipsa mundi subslanlia qualilales habere incipiel quæ corporibus immorlatibus mirabili mulalione convenianl, ut scilicel mundus in melius innovalus apte accommodatur hominibus eliam carne in melius innovatis, col. 885-886. Cette dernière phrase est de style courant, et beaucoup la transcrivent sans indiquer une citation de saint Augustin. Les Pères et les écrivains ecclésiastiques jusqu’au xiie siècle exposent la manière dont aura lieu la fin du monde, non pas conformément à la philosophie grecque que beaucoup connaissent et qu’ils rejettent généralement, mais d’après les oracles de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les textes, sur lesquels ils s’appuient, sont ceux que nous avons étudiés précédemment ; ciuelques passages d' Isaïe ou de l’Apocalypse, que quelques-uns invoquent, n’ont pas la portée qu’ils leur donnent. Malgré ce léger déchet, la base scripturaire de l’enseignement traditionnel est solide. Quelles que soient aussi les variations des interprétations sur les points de détail, il reste un fonds comnmn à l’enseignement traditionnel : c’est que le monde actuel sera détruit par le feu, un feu purificateur, mais qu’il ne périra pas entièrement, puisqu’il sera renouvelé, purifié et amélioré. Il sera ramené à sa condition primitive, ou il deviendra incorruptible et il sera ainsi adapté à la situation nouvelle des hommes ressuscites. De nouveaux cieux et une nouvelle terre succéderont aux premiers cieux et à la première terre. Les Pères grecs unanimement, tous les anciens Pères latins jusqu'à saint Augustin et un bon nombre d'écrivains qui ont échappé à l’influence de l'évêque d’Hippone, disent couramment que le monde entier seia ainsi purifié par le feu et renouvelé, même les cieux supérieurs et avec eux le soleil, la lune et les étoiles. Saint Augustin, le premier, considérant que saint Pierre a comparé la conflagration dernière au déluge, explique son texte en ce sens que le ciel aérien seul et la terre subiront l’incendie final et se renouvelleront dans les flammes purificatrices. Un certain nombre d'écrivains occidentaux ont adopté son sentiment et ont répété sou