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FIN DU MONDE


et Platon dans le Timée et la Politique. Præp. evang., 1. XI, c. XXXII, P. G., t. XXI, col. 929-933. La tragédie « rccquc disait que le monde serait détruit par le feu, f. XIII, c. XIII, col. 1129. Suivant les stoïciens, tout sera changé en air d’abord, puis finalement dissous par le feu étliéré. Chrysippe n’admettait pas la destruction de la substance des choses, qui est impossible, mais un certain changement seulement. Le feu sera comme une semence, d’où proviendra un monde plus parfait que celui qui existait auparavant. C’est la doctrine de Zenon, de Cléanthe et de Chrysippe, 1. XV, c. xviii, col. 1348. Voir la manière dont ils expliquaient ce renouvellement, c. xix, col. 1348-1349. D’après Pythagore, Platon et les stoïcien^, le monde, produit sans Dieu et naturellement voué à la corruption, parce qu’il est corporel, ne périra cependant pas ; il sera conservé par la providence divine. Épicure disait qu’il périra, parce qu’il a été engendré, comme un animal et une plante. Xénophane le déclarait éternel, sans commencement, et exempt de toute corruption. Pour Aristote, la partie sublunaire du monde est passible et les choses terrestres y meurent par un sort fatal, 1. XV, c. xxxv, col. 1385. Mais la doctrine chrétienne sur la fin du monde ne vient pas des philosophes. Nous avons appris du Christ, dit Eusèbe, que le monde a été fait et que le ciel, le soleil, la lune, et les étoiles sont ses œuvres. Les philosophes sont d’accord avec les Hébreux pour affirmer la création du monde entier. De même, nous avons appris des Écritures la consommation du monde et son changement en mieux, que Platon enseignait déjà. Demonsl. evang., 1. III, n. 3, P. G., t. xxii, col. 19'2-193. Si les cieux n’avaient pas été créés, ils dureraient toujours et ils ne pourraient changer et passer à une autre condition. Parce que Dieu les a créés, il peut les changer s’il le veut, car ils sont de nature corruptible ; le créateur seul est éternel. Les cieux qui sont si beaux seront soumis à la corruption. Cette corruption les renouvellera, et Dieu accomplira ce renouvellement aussi facilement qu’un homme change de vêlement. Les cieux seront changés en une forme meilleure et ils subiront une transformation qui les améliorera : ils passeront de la vétusté au renouveau et à l’incorruption. In ps. ci, 26, P. G., t. xxiii, col. 12C1.

En commentant le même psaume, saint Athanase dit que les cieux, bien qu’ils soient une œuvre grande et excellente, seront soumis eux-mêmes à la corruption. Mais cette corruption sera pour eux une rénovation : ils rouleront, en effet, changés en une forme meilleure. P. G., t. xxvii, col. 432.

Pour saint Basile, le monde, qui a eu un commencement, aura une fin ; les changements qu’il subit le montrent. I Cor., vii, 31 ; Matth., xxiv, 35. In Hexæmeron, homil. i, n. 3, P. G., t. xxix, col. 9. Beaucoup d’hommes célèbres, mais plus grands encore par leur loquacité que par leur dignité, prétendent que l’univers sera brûlé et qu’il revivra de quelques raisons séminales qui resteront des-hoses brûlées. Ils en déduisent d’infinies corruptions et régénérations du monde. Mais ils s'écartent de la vérité sur ces deux points et ils sont dans l’erreur. Ibid., homil. iii, n. 8, col. 73. Le ciel n’est pas composé des éléments premiers, bien que quelques-uns l’aient pensé. Mais la formation d'éléments contraires est une cause de ruine et de dissolution. Les cieux ne sont pas composés non plus d’un cinquième élément, l'éther. Nous ignorons leur nature, que Dieu a créée, n. 11, col. 25, 28. Dans les persécutions présentes il faut attendre la révélation du ciel et la venue du Sauveur. En effet, si toute créature se dissout, si la figure de ce monde doit changer, qu’y a-t-il à s'étonner que nous, qui sommes des créatures, nous soyons soumis aux maux communs et à des afflictions

que le juste juge récompensera ? Epist., cxxxix, n. 2, P. G., t. xxxii, col. 584. Le monde entier, dans lequel nous habitons, est rempli de mortels ; tout y est sujet à la corruption. Le ciel sera dissous un jour, le soleil lui-même ne persistera pas ; toutes les étoiles, les animaux terrestres et aquatiques, qui font l’ornement de la terre, la terre elle-même, tout ce qui est soumis à la corruption, ne seront bientôt plus. C’est une consolation dans la douleur. Epist., vi, n. 2, col. 244.

Saint Grég-oire de Nazianze déclare que les changements futurs du ciel et de la terre, annoncés par l'Écriture, Agg., ii, 7, seront pareils à ceux qui ont eu lieu auparavant. A son avis, l'Écriture énonce ainsi une illustre rénovation des choses. Il faut en croire saint Paul qui dit que le dernier changement de la terre ne sera que le second avènement du Christ, la transformation de tout et sa translation au repos à l’abri de toute agitation. Orat., xxi, in laudem S. Athanasii, n. 25, P. G., t. xxxv, col. 1109.

Pour saint Grégoire de Nysse, celui qui admet que le monde a eu une origine ne peut pas ne pas concéder qu’il aura un jour une fin. La parole de Dieu a nécessairement prédit que toutes choses cesseront de se mouvoir, et nous l’acceptons. Comment cela se fera-t-il ? Notre curiosité n’est pas satisfaite sur ce point. De hominis opificio, c. xxiir, P. G., t. XLiv, col. 209, 212.

Selon Didyme, tout peut se corrompre et être changé ; c’est le propre des créatures. Les choses créées dans le temps vieillissent avec le temps. Quand le ciel et la terre seront détruits en même temps, où passeront-ils selon la parole de NotreSeigneur'? On peut dire avec raison qu’ils seront roulés comme une couverture. On ajoute : Ils seront changés. Dieu seul est immuable. In ps. ci, 28, P. G., t. XXXIX, col. 1517, 1520. Les cieux et la terre sont réservés pour le feu, mais il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre en dehors de ceux qui sont maintenant. Il y aura trois mondes successifs : un siècle et une terre sans cieux, les cieux et la terre actuels, de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Les cieux et la terre actuels seront changés, et leur changement sera semblable à celui qu’a produit le déluge. L’auteur de la II" Épître de saint Pierre l’a su par les paroles de Notre-Seigneur. Luc, xvii, 26, 27. Il ajoute que la création doit être dissoute par le feu. Le jour du jugement viendra comme un voleur. En ce jour, les cieux passeront avec un grand fracas et sans retard, les éléments étant détruits par le feu. Après quoi, quand les cieux seront radicalement enlevés, il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels les justes posséderont la justice et les promesses de Dieu. Mais Didyme ajoute que cette Épître est fausse et que, quoiqu’elle soit publiée, elle n’est pas au canon des Écritures. Enarrat. in Epist. II Pet., iii, 5, col. 1773-1774.

Pour saint Cyrille de Jérusalem, quand NotreSeigneur viendra à la fin du monde, aura lieu la consommation dernière et le monde créé sera renouvelé. A cause des crimes commis en lui, ce monde passera pour que le théâtre de ces crimes ne demeure pas, pour qu’un monde plus beau soit produit. L'Écriture en donne l’assurance. Is., xxxiv, 4 ; Matth., xxiv, 29. Les astres mourront ; peut-être ressusciteront-ils. Le Seigneur roulera les cieux non pour les faire périr, mais pour les rendre plus beaux. Ps. ci, 2C, 27. Ils périront, c’est-à-dire ils vieilliront, comme la suite le dit, et ils seront changés. Ibid., 27, 28. Il est dit de même que l’homme périra, Is., lvii, 1 ; pourtant il ressuscitera. Ainsi attendons-nous comme une sorte de résurrection des cieux. Joël, ii, 31 ; Act., ii, 20 ; Matth., xxiv, 35. Les choses visibles passeront, et il en résultera qu’elles seront plus belles. Cat., xv.