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FIN DU MONDE


péril submergé par l’eau. Gen., vi, 9-viii, 14. Or les cieux et la terre de maintenant sont conservés comme un trésor par la même parole, réservés qu’ils sont au feu pour le jour du jugement et de la ruine des hommes impies. Cf. II Pet., ii, 4, 9. Donc ils périront de même que le monde a déjà été détruit une première fois))ar le déluge, alors que, recouvert par l’eau d’où il avait été tiré par la parole divine, cf. Heb., XI. 3, il était pour ainsi dire retourné au chaos primitif. Gen., i, 2. Si une nouvelle destruction du monde ne s’est pas produite jusqu’ici, c’est que la parole de Dieu, qui a créé les cieu.x et la terre anciens, détruits par le déluge, maintient les cieux et la terre actuels, ceux qui sont postérieurs au déluge et il les réserve jusqu’au jour du jugement, où ils seront détruits non plus par l’eau, mais par le feu. Cf. Calmes, Épîlres catholiques, Apocalypse, Paris, 1905, p. 6’2-65.

La catastrophe finale, annoncée par le Christ, a donc eu un précédent, le cataclysme diluvien. Cf. Matth., XXIV, 37-39 ; Luc, xvii, 26-27. Or, en comparant ces deux ruines du monde, saint Augustin et à sa suite les théologiens scolastiques qui croj’aient que les cieux étaient incorruptibles et indestructibles, ont cherché à déterminer par analogie avec la première cjuelle serait la nature de la dernière. Elle aura le mime sujet que la première : le xôdfj.o :, comprenant les cieux et la terre. Mais comme le déluge n’a submergé que la terre et une partie de l’atmosphère en s’élevant de quinze coudées au-dessus des plus hautes montagnes de la terre, Gen., vii, 17-20, saint Augustin et les théologiens scolastiques ont conclu que le feu de la conflagration universelle aurait le même théâtre et purifierait seulement la terre et le ciel atmosphérique à une hauteur au moins égale à celle des eaux diluviennes. L. Atzberger, Die christliche Eschatologie, p. 375. Et pour confirmer cette interprétation, ils ajoutaient que les deux événements avaient pour but, en punissant les coupables, de purifier le théâtre de leurs crimes, la terre souillée par la malice des hommes, une première fois par l’eau, Gen., vi, 5-7 ; II Pet., Il, 5, une dernière fois par le feu, comme les villes de Sodome et de Gomorrhe ont été réduites en cendres pour servir d’exemple aux impies. II Pet., ii, 6. Le /.ô(i|xoç, réservé au feu, pour le jour de la perdition des impies, II Pet., iii, 7, était donc le /ôuij.o ; ào-eêtôv comme le xôcpoç àpyaïo ; atteint par le cataclysme diluvien. II Pet., ii, 5. Ces théologiens ajoutaient que, le déluge n’ayant pas anéanti la terre, mais ayant bouleversé seulement sa surface, la conflagration finale n’anéantira pas non plus le monde, mais en changera seulement la figure et la forme extérieure.

Mais les commentateurs rationalistes modernes, qui voient dans ce passage un simple emprunt fait à une doctrine étrangère à la révélation du Christ, pensent que l’auteur de la IIi^ Épître de saint Pierre englobe dans l’embrasement final la création entière, comprenant les cieux et la terre. Sa cosmologie embrasse le ciel et la terre ; si l’ancien monde a péri, submergé par les eaux, les cieux et la terre d’aujourd’hui sont destinés au feu. Il s’agit des cieux qui, I)Our les Juifs, étaient multiples, et non pas de l’atmosphère. D’ailleurs, au jour du Seigneur, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront et la terre sera consumée avec toutes les œuvres qu’elle renferme. II Pet., iii, 10. >„ est donc le monde entier qui sera la proie des flammes.

Pour connaître exactement la pensée de l’auteur, cherchons à déterminer, d’après son Épître elle-même, ce qu’étaient pour lui le /.o’tîj.o ; et les oOpavot. Pour lui, le v.o’jp.fj :, c’est la terre, et les chrétiens doivent fuir la corruption de la convoitise, qui y règne, i, 4-L’àp /.aïo ; /.61y[>.rjç, le monde d’avant le déluge, celui donc qui datait du commencement et à qui Dieu

n’a pas pardonné, sinon au juste Noé, était un monde d’impies, ii, 5 ; c’est donc encore la terre qui a été inondée par le déluge. Il est parlé enfin des miasmes ou des convoitises du monde que les chrétiens avaient abandonnées et qui rendraient leur condition pire que la première s’ils s’y engageaient de nouveau, II, 20. Le -/’xjiJLo : désigne donc, en tous ces passages, la terre habitée par les hommes, cf. I Pet., v, 9, et par des hommes pécheurs. Le xôdijo ; d’autrefois, qui a été submergé par le déluge, II Pet., iii, 6, était donc la terre, habitée par les hommes corrompus. Quant au ciel, saint Pierre parle d’abord du ciel de Dieu, d’où sortait la voix qui, à la transfiguration, rendit témoignage au Fils du Père céleste et que lui-même entendit sur la sainte montagne, i, 18. C’est dans ce ciel que Jésus est remonté et qu’il est à la droite de son Père, I Pet., iii, 22, et où un héritage immortel, incorruptible et inaltérable est réservé aux chrétiens, i, 4. Mais les cieux désignent aussi le ciel des astres, qui était anciennement, dés la constitution du monde, I Pet., i, 20, et qui a été formé de l’eau. Or, tandis que le zôiiixo ; ancien, c’est-à-dire la terre habitée par les pécheurs, a été seul submergé par le déluge, les cieux et la terre d’à présent sont réservés pour le feu au jour du jugement. Comme vraisemblablement le ciel de Dieu ne doit pas périr par le feu, les cieux, réservés au feu aussi bien que la terre, semblent bien être les cieux des astres plutôt que le ciel atmosphérique. La comparaison de la conflagration universelle avec le déluge ne porte pas sur le théâtre commun des deux catastrophes, qui est, du reste, expressément distinct par l’emploi du terme n’iap-oQ pour désigner le théâtre du déluge et des termes oùpavfje et vïi pour indiquer les créatures réservées au feu. Celles-ci, qui sont primitivement sorties de l’eau, périront finalement dans le feu. L’opposition porte exclusivement sur le moyen de la ruine : au déluge, l’eau, au jour du jugement, le feu. La comparaison avec le déluge permettrait toutefois, si on ne considère cju’elle, de déterminer la nature de la ruine prédite : ce ne sera pas un anéantissement complet, pas plus que la terre primitive n’a complètement péri sous la submersion du déluge : ce sont ses habitants coupables qui ont péri sous l’eau, cf. I Pet., m, 20 ; ce seront surtout les hommes impies qui périront dans l’embrasement universel du jour du Seigneur. II Pet., iii, 7. Le feu, qui est un moyen de purification, cf. I Pet., i, 7, n’embrasera le monde que pour le purifier de la corruption produite en lui par la présence des pécheurs et des impies. D’ailleurs, si la prédiction du Seigneur ne s’est pas encore réalisée, ce n’est pas qu’elle soit différée ; le Seigneur use plutôt de longanimité à l’égard des chrétiens pour cque personne d’entre eux ne périsse et pour que tous arrivent à la pénitence, II Pet., iii, 9, échappant ainsi à la ruine des impies au jour du jugement.

Le jour du Seigneur, d’autre part, viendra comme un voleur, et en ce jour, « les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront et la terre et les œuvres qui sont en elle seront consumées. » Ce sera une dissolution de toutes ces choses. Au jour de Dieu, « les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront. » Et selon la promesse divine, il y aura des cieux nouveaux et une nouvelle terre, où la justice habitera. II Pet., iii, 10-13. Ces versets décrivent les ellets de la conflagration finale. Chaque trait de la description a besoin d’être expliqué. Le feu est l’agent qui produit ces effets. Les cieux, d’abord distincts des éléments et de la terre, sont les cieux des astres que les Hébreux croyaient multiples. Or, ces cieux se dissiperont avec fracas. Ils se dissiperont sous le crépitement de la flamme et ils se dissoudront sous l’action du feu qui