Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/579

Cette page n’a pas encore été corrigée
2457
2458
FILS DE DIEU


le Père et le Fils qu’expriment les auteurs suivants. En Espagne, Grégoire d’Elvire († 392), l’auteur des Tractatus Origenis, édit. Batiffol, 1900 (voir analyse dans J. Tixeront, op. cit., t. i, p. 359-360), et du De fide orthodoxa contra arianos (parmi les œuvres de saint Ambroise, P. L., t. xvii, col. 549-568) ; Pacien de Barcelone (f vers 390), qui expose le symbole dans son Sermon sur le baptême, P. L., t. xiii, col. 10891094, et le poète Prudence, dont le poème Apothéose, P. L., t. Lix, col. 921-1006, défend la divinité du Christ contre le sabellianisme priscillianiste. Le prisciUianisme, en elïet, né en Espagne vers 370, était sabellien, voir Formula Libellas Pastoris, et le concile de Braga, analli. i, ii, iii, Denzinger-Banwart, Enchiridion, n. 19, 231 sq. ; sans patripassianisme pourtant et sans doute par adoptianisme ; ces théories doivent remonter à Priscillien lui-même. Tract., XI, VI, II, édit. Schepps, p. 103, 74-75, 37 ; I, p. 6, 7, 21, 23. En Dacie, Nicétas de Remesiana (vers 375) donne aussi une explication du symbole, dont la Ratio fidci, P.L., t. LU, col. 847-852, et la Declaratio symboli, col. 865874, devaient faire partie. Voir l'édition deBurn, Cambridge, 1905 ; cf. Patin, Niceta, Bischof von Remesiana als Scliriflstellcr iind Theolog, Munich, 1909. En Itahe, Philastrius deBrescia (vers 383-391) publie son De heeresibus, qui traite de l’arianismc, etc., aux n. 51, 6568, 92-93, P. L., t. xii, col. 1167, 1179 sq., 1203 sq. ; le prêtre luciférien Faustin (vers 383-384) écrit sa Fides Theodosio imperatori oblata, P.L., t. xiii, col. 7980, pour se défendre du reproche de sabellianisme ; puis sonDe Trinitate, sive de fide contra arianos, col. 3786, puis au-dessus de tous, bien qu’il ne fasse guère qu’adopter, sinon copier, les grecs (Basile et Didyme surtout), saint Ambroise compose le De fide adGratianum Augustum (vers 378-380), P. L., t. xvi, col. 527698, où il prémunit la foi du jeune empereur contre les influences ariennes en étudiant d’une façon convaincante et approfondie la divinité du Verbe ; puis le De incarnationis dominicæ sacramento (vers 382) encore dans le même but, col. 817-846 ; rappelons aussi ses hymnes liturgiques antiariennes, col. 1409 sq. Voir Ambroise (Saint), t. i, col. 945-946, 949. Plus modeste, mais très estimé fut le Commentarium in sijmbolum apostolorum de Rufm, n. 6-7, P. L., t. xxi, col. 345-348 ; dans la controverse origéniste où il se trouva engagé, il multiplia ses protestations de doctrine orthodoxe sur le Fils de Dieu, par exemple, Apologia ad Anastasium papam, 2, 3, col. 624, 625. De même faisait saint Jérôme, dans ses attaques antiorigénistes, Epist., xcii, xcvi, xcviii, c, P. L., t. XXII, col. 762 sq. ; Episl., c.xxiv, ad Avil., quid cavendum in libris Periarchon, 2, col. 1060-1061 ; d’ailleurs chez le grand érudit en Écriture sainte et en histoire, mais faible théologien, il n’y a presque rien sur notre sujet ; mêlé un instant à la querelle des trois hypostases, il en référa simplement à Rome. Episl., XV, XVI, ad Damasnm, col. 355-359.

La doctrine du Fils de Dieu, jusqu’ici centre de la théologie trinitaire, achève ainsi la deuxième période de son développement. Après un siècle de foi pacifique, les controverses étaient nées. Le modahsme d’abord, repoussé par les décisions authentiques de Rome : saint Calixte, saint Denys, voir Denzinger, Enchiridion, 11"= édit., n. 48-51, qui défendirent la personnalité parfaite du Fils. Puis l’arianisme avec ses dégradations multiples, définitivement écarté par les grands conciles de Nicce (325), de Constantinople (381) et par les synodes de Rome (380-382). Enchiridion, n. 54, 85-86, 58-82. Les brèves et pleines formules romaines résument admirablement tout le progrès dogmatique accomph ; les canons 1, 2, 3, 4, anathématisent Sabellius, Arius et Eunomius, Macédonius et Pliotin ; les canons 10, 12, ceux qui n’admettraient pas l'éter nité, la toute-puissance, l’onmiscience, enfin Végalite du Fils avec le Père ; les canons Il et 16 affirment la génération e.r substantia Patris ; les canons 19-21, Vanité consubslanticlle d’opération dans l’ordre naturel ou surnaturel et de perfection quelconque ou de substance entre les trois personnes distinctes ; enfin, laissant de côté ce qui regarde le Saint-Esprit, le canon 24 repousse tout reproche de trithéisme, quoiqu’il ne faille pas réserver au Père le nom de Dieu, mais l’accorder aux autres personnes, de Paire autem et Filio et Spiritu Sancto propler unam divinilalem, non nomen deorum, sed Dei nobis ostenditur alque indicatur. C’est là de la théologie latine : un Dieu, non pas Dieu le Père, mais un Dieu à la fois Père, Fils et Saint-Esprit ; nous sommes déjà bien près de saint Augustin et de la scolastique. Les formules orientales restent, au contraire, dans la mentalité grecque : » Nous croyons en un Dieu Père… et un Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu… » Nous avons rappelé plusieurs fois la différence de ces mentalités, car elles rendent compte de ces formules des Cappadociens, comme d’Athanase (et de Denys d’Alexandrie et d’Origène, en partie du moins, comme plus tard de saint Jean Damascène), formules qui semblent distinguer le Fils du Père même dans l’ordre absolu et composer la divinité et faire la divinité absolue du Fils dépendante en soi et dans son action, laquelle est conçue distincte, de quelque manière ; ces expressions heurtent notre esprit et de fait nous les croyons imparfaites, quoi qu’on en ait dit ; mais elles furent dues surtout, dans une époque de luttes sur le dogme révélé, à un ardent attachement à la lettre même des Écritures révélatrices, et on ne peut sainement les apprécier que si on entre dans la mentalité grecque, mentalité enfin pleinement orthodoxe pour tout le dogme consubstantialiste, et imparfaite tout au plus comme théologie. D’ailleurs celle-ci, chez plusieurs, cherclie manifestement à se dégager et se rapproche de la théologie latine. Voir de Régnon, op. cit., t. iii, p. 140-143.

IV. LA riIliOLOGlE DU F/LS DE DIEU : HISTOIRE.

Saint Augustin.

 Le grand docteur de l’Occident

n’eut que quelques escarmouches sur la fin de sa vie avec l’arianisme, nonpasl’arianismegrec ou latin, mais germanique. Voir Augustin [Saint), t. i, col. 22992300. Sur l’histoire de cet arianisme chez les peuples germaniques aux v « et vie siècles, voir Arianisme, 1. 1, col. 1849-1859. On y trouvera, et plus complètement dans J. Tixeront, op. cit., t. m (1912), p. 320-323, 335336, des indications sur la littérature anliarienne de cette époque, qui ne comprend que des compilations de textes anciens ou des réfutations d’objections, adaptées aux mentalités barbares.

1. Au-dessus de toute controverse, plutôt pour résumer et rigoureusement organiser les résultats acquis des controverses passées, Augustin écrivit son chef-d'œuvre, le De "Trinitate, et divers Catéchismes, outre des lettres dogmatiques et de lumineux résumés çà et là dans ses ouvrages. Voir Augustin (Saint), col. 2302-2303, 2457-2459, pour la bibhographic. Le progrès général au point de vue trinitaire réalisé dans ces écrits sur l’unité de nature du seul Dieu en trois personnes et sur les distinctions de ces personnes (relations, processions) a été indiqué. Ibid., col. 2346-2349 ; cf. J. Tixeront, op. cit., t. ii, p. 363-368 ; J. Schwane, op. cit., t. II, p. 265-298. Qu’il nous suffise de mettre en relief ce qui concerne le Fils de Dieu, dogme et théologie, en parcourant le De Trinitate. Le dogme est exposé aux 1. I-IV. Le 1. I", étudiant l’unité et l'égalité de la Trinité divine, écarte, aux c. vii-xiii, P. L., t. XLii, col. 828-844, toute espèce de subordinatianisme et explique les textes du Nouveau Testament qui jusqu’ici avaient plus ou moins égaré tant d’esprits. Jou., XIV, 28 ; I Cor., xv, 24-28 ; Marc, xiii, 32, etc.