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FILS DE DIEU


bien meilleures que celles du Periarclion et même du commentaire d’Origène sur saint Jean.

Celles-ci d’ailleurs attaquées de divers côtés, plusieurs essayaient de les défendre. Photius, Bibliolheca, cod. 117, 118. On les expliquait généralement comme des interpolations, des expressions d’une langue incertaine, des opinions alors libres. Saint Pamphile († 309), disciple dePierius, dans V Apologie pourOrigène qu’il composa avec Eusèbe de Césarée en prison (307-309), donna une meilleure défense du maître. Après une préface admirable d’habileté et de sincérité, et un c. I où deux textes d’Origène résument la foi catholique, puis les hérésies à rejeter, cf. P. G., t. XVII, col. 541 sq., 549 sq., les chapitres suivants exposent en détail sa doctrine sur la sainte Trinité ; le c. III, De deilaie Filii Dei, col. 559 sq., donne des textes d’Origène sur la divinité du Fils et sur sa génération éternelle ; ce sont en partie ceux que nous avons cités. Enfin les reproches divers et contraires faits à Origène sont mis spirituellement en regard et réfutés par de nouveaux textes, c. v, col. 579 sq. Ceux-ci affirment la consubstantialité, 6|j.rjo-j(jtoç, dit saint Pamphile comme son maître, la génération sans prolation et la divinité : tout cela est, en effet, la doctrine authentique d’Origène qui était donc substantiellement orthodoxe, quoi qu’on ait pu dire à rencontre.

5. On ne trouve pas davantage chez les adversaires d’Origène anténicéens, au moins dans les fragments qui nous en restent ; leur polémique antiorigéniste était d’ailleurs, d’après ces fragments et les titres transmis de leurs ouvrages, surtout cosmologique et anthropologique. Saint Pierre d’Alexandrie (fSll) disait que Jésus-Christ « est Dieu par nature, » c)c', ;  : f’jGEt.P.G., t. XVIII, col. 512, 521. Saint Méthode d’Olympe, martyrisé lui aussi vers 311, chantait le Verbe éternel, Coiwivium, iii, 4 ; vii, 1 ; xi, 2, P. G., t. xviii, col. 65 sq., 124, 268 sq. ; Sur la lèpre, xi, 4 ; De rcsurrecl., iii, xxiii, 11 ; qui est aussi le Fils éternellement engendré, vraiment Dieu de la pure et parfaite divinité, sans commencement ni fin. Convivium, VIII, 9, col. 152 ; iii, 4 ; i. On peut cependant après Pliotius, Bibliotheca, cod. 237, remarquer çà et là des expressions étranges, de couleur arienne, interpolées d’après notre critique grec, peut-être explicables par le genre allégorique des passages, Convivium, iii, 4, 6 (Adam et le Christ Verbe éternel, Dieu, plus ancien que tous les éons (les siècles ?) et que les archanges) ; vn, 1, cite en passant Joa., xiv, 28 ; De creatis, ix, xi (fragment dans Photius, ibid., cod. 235), attribue au Père la vertu créatrice et au Fils, main toute-puissante du Père, la vertu ordonnatrice ; mais il n’y a pas à s’arrêter sur cette métaphore et cette attribution qui. déjà dans Irénée, Conl. bser., IV, xxxviii, 3, et Hippolyte, Conl. Noël., 10, se retrouvera dans saint Basile, De Spirilu Sanclo, xvi, 38 ; saint Grégoire de Nazianze, In Egypl. adv., orat. xxxiv, 8. On lira plutôt vers la fin du banquet l’hymne admirable au Verbe Dieu, époux des vierges. Cf. N. Bonwetsch, Die Théologie von Melhodius von Olympus unlersucht, Berlin, 1903, et l’art. Melhodius de la Rcalencijclopâdie, 1903, t. XIII.

G. Signalons encore quelques fragments de cette littérature de la fin du iiie siècle qui nous a été si infidèlement transmise.

Le copte Miôracas, moine à Léontopolis, était aussi un autre Origène pour la science et le nombre des écrits. Il erra sur divers points de doctrine, mais non pas sur le Verbe, au témoignage de saint Épiphane, User., Lxvii, 2, 3 ; il disait, en effet, ce que lui reprochera Arius, que le Verbe est èx ilarpôr, comme la flamme vient de la flamme ; bien mieux, comme sont deux flammes alimentées de la même huile, et dont

l’une dérive de l’autre. Cf. -S. Hilairc, De Trinilaic, VI, v, 12.

L’auteur, probablement syrien (vers 300), du dialogue De rccla in Deum fide fait exposer à Adamantins, l’interlocuteur orthodoxe, une bonne doctrine sur Dieu le Verbe, éternel, consubstantiel, engendré de Dieu, -rbv â ; aj^o-j ô-bv >byov àu.oo Jtiov àcl ovra, i, 2. Ce Verbe est Fils de Dieu par nature, xa-à 9J(7tv, non par adoption, /axà Hinvi, iii, 9 ; cf. v, 7, 11.

Enfin — et ceci nous conduit à l’arianisme — vers 260, Paul de Samosate enseignait à Antioche l’adoptianisme (Jésus-Christ n’est pas Dieu), fondé sur le sabellianisme ; Dieu est une personne ; sa raison (Logos) et sa sagesse sont des attributs divins qu’il donne en participation aux hommes diversement ; la participation de Jésus-Clirist à cette sagesse divine, au Verbe, est unique ; mais ce n’est qu’une participation. Cf. J. Tixeront, op. cit., t. i, p. 428-431. Paul avait pour ami le prêtre Lucien (plus tard martyrisé, en 312), maître de critique textuelle à Antioche ; or tous les auteurs anciens, sinon les fragments qui nous restent de lui, s’accordent à faire de Lucien le père de l’arianisme, cf. Philostorge, H. E., ii, 14, 15 ; iii, 15 ; et Arius lui-même aimait à s’appeler lucianisteS. Épiphane, Hxr., lxix, 6.

L’arianisme et le sabellianisme, s’ils semblent contradictoires, le sont dans les conclusions, mais non dans les principes. Une seule personne en Dieu : voilà ce que la raison comprend et ce que tous ces rationalistes sabelliens et ariens aiïirmaient comme premier axiome. Le Fils de Dieu, ou plutôt le Verbe, mot plus facile à la spéculation libre, était dès lors ou identifié avec cette personne pour ne pas rejeter sa divinité ou changé en créature pour garder sa personnalité ; c’est tout le fond de ces mentalités hérétiques. Qo qu’en ait dit saint Épiphane, qui voyait Origène au principe de toutes les hérésies. Hier., Lxxvi, 3, il est très probable que l’arianisme ne vient pas d’Origène ni du subordinatianisme anténicéen, substantiellement orthodoxe et radicalement antiarien, mais de ce rationalisme philosophique qui avait d’abord conclu au sabellianisme, le dogme de la divinité du Fils de Dieu, de Jésus-Christ, étant plus explicitement au fond de l'âme chrétienne, si on peut dire, que sa personnalité distincte, et qui va maintenant susciter l’arianisme.

/II. LA cox’j’iiovERSE.uiiEXNE. — L’histoirc de l’arianisme a été déjà détaillée. Voir Arianisme, t. i, 1779-1849 qusqu'à 381). C’est l’histoire de la foi au Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai Fils, numériquement consubstantiel au Père qui l’engendre éternellement. Cette foi a loujours été substantiellement professée dans l'Église, depuis Jésus-Christ, et saint Alexandre, patriarche d’Alexandrie, en anathématisant Arius, puis en exposant sa croyance, la foi ancienne et traditionnelle de son Église et de l'Église catholique, contient implicitement tout entière la doctrine d’Athanase et de Nicée. Mais cette foi avait été jusqu’ici accompagnée souvent d’impuissances et d’imperfections de formules et même de pensée, que la lutte prolongée avec l’iiérésie subtile et ondoyante éliminera peu à peu pour aboutir à la pleine conscience du dogme et à sa parfaite expression.

1° Le concile de Nicée affame la génération éternelle du Fils er subslanlia Patris contre la production temporelle arienne, et par conséquent sa stricte divinité et sa consubstantialité ou identité de substance avec Dieu le Père ; seulement cette doctrine n’est affirmée que comme fait, sans explication ; le vocabulaire même qui devra servir à ces explications reste équivoque (synonymie de oJ^ca et JnôaTaaiç)Dans cette première phase de la lutte, il faut surtout