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FILS DE DIEU
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Hennogenem, 18 ; De Triniiale, 31. Saint Hippolyte, Philosophoumena, X, 33, va jusqu'à dire que Dieu peut faire un Dieu comme il fait un homme (mais non pas riiomme Dieu, comme on traduit parfois), comme l’exemple du Verbe le prouve. En conséquence, le Fils reste le ministre-né des volontés du Père dans la création et la révélation, intermédiaire qu’on afflrmu encore nécessaire entre la créature et Dieu inaccessible. Cont. Noël., 14 ; Philosopli., x, 33, et passages cités de Tertullien et de Novatien. De plus, spécialement pour les Ihéophanics, Hippolyte, In Dan., iii, 14 ; iv, 11, 36, 39, 57, édit. Bonwetscli, p. 150, 210, 280, 282, 330 ; Tertullien, Adu Praxeam, 14 ; le Fils, comme chez saint Irénée, est anumé invisible avec le Père dans sa divinité, mais pouvant apparaitre seul sous des formes sensibles, parce qu’il est le messager du Père. Cf. Novatien, De Triniiale, 18-20. Çà et là, même, quelques expressions plus fortes donnent au Fils une vraie infériorité essentielle.' Tertullien, Ado. Praxeam, 9, dit : Pater tola sivbslanlia est, Filius vero derivalio lotius et porlio… quia Pater major me est ; 14, le Père est invisible pro pleniludine majestatis, le Fils est visible pro modulo derivalionis ; 26, porlionem quæ cessiira eral in Filii nomen. Mais ces expressions n’affirment peut-être au fond que la dérivation originelle ; ailleurs, en effet, tout partage qui ne transmettrait qu’une portion est écarté, ibid., 27 ; Adi>. Marcion., m. G, porlio qiia plenitudinis eonsors ; iv, 25, non minori se Iradidit omnia ; De resurrecl. carnis, 6. Novatien enfin a les mêmes expressions d’infériorité naturelle. De Triniiale, 27, 31, corrigées un peu par son insistance à l’attribuer à l’origine seule ou par des affirmations d’unité totale. Aussi, si le Con/îiclus Arnobii calholici et Serapionis (ve siècle) donne comme du pur arianisme des fragments du De Triniiale, 31, c’est en les détachant de leur contexte qui les ramène à l’orthodoxie substantielle et rejette formellement l’arianisme.

4. La théologie latine jusqu'à Nicée. — Les successeurs de Tertullien et de Novatien n’ajoutèrent rien à leur doctrine trinitaire ; ils ont pour nous peu d’importance, si l’on excepte un document pontifical, une lettre de saint Denys de Rome à saint Denys d’Alexandrie, que nous étudierons plus loin avec les circonstances qui la provoquèrent. Mais avant de considérer la théologie orientale, qu’il vaudra mieux exposer sans interruption jusqu'à 381, poursuivons la théologie latine jusqu'à 325.

(I) Saint Cyprien ne parle qu’en passant de la sainte Trinité et du Fils de Dieu ; son langage est alors exact, mais borné à la substance de la foi ; on pourra, en particulier, consulter sa compilation biblique des Testimoniorum, 1. II, c. i-vi, P. L., t. iv, col. 695-702, où il rassemble beaucoup de textes sur Jésus-Christ Fils unique, Sagesse, Verbe (Sermo), Puissance (main et bras de Dieu), ange. Dieu.

h) Le poète populaire Commodien, probablement contemporain du grand évêque de Carthage, probablement aussi simple laïque, en tout cas, peu théologien, a une doctrine trinitaire peu exacte au moins dans l’expression ; celle-ci plusieurs fois a des allures modalistes et patripassicnnes. Carmen apologelicum, édit. Dombart, vs. 90 sq., 277 sq., 363 sq., 617 sq. Il y parle « d’im seul Dieu qui est dit (afflrmé peut-être, dicilur) Père, Fils et Saint-Esprit, » vs. 91 sq. ; JésusChrist s’est dit Fils pour cacher sa vraie nature qui es' celle de Dieu, vs. 363 sq., 617 sq. Cependant cela peut s’entendre et nous verrions plutôt dans Commodien la doctrine de Tertullien sur l’unité de la nature divine fortement inculquée au peuple. Les deux vers suivants sont plus difficiles :

Ilic Pater in Filio uenit, Deus iiniis iibiqiie,

Ncc Pater est dicius nisi factus fdiiis essel (vs. 277 sq.).

DICT. DE TIIKOL. CA.THOL.

Le patripassianisme de Commodien ne semble pas très certain en définitive. Voir cependant J. Tixeront, op. cit., t. I, p. 450-452.

Il n’y a pas davantage de sabellianisme, mais la simple foi orthodoxe, dans le Carmen adversus Marcionem, autrefois attribué à Tertullien, peut-être de Commodien, en tout cas de la fin du iiie siècle. Cf. Hans Waitz, Das pscudolerlullian. Gediclit Adversus Marcionem, Darmstadt, 1901. Voir, par exemple, 1. I, c. II, viii, P. L., t. II, col. 1056, 1060 ; 1. IV, c. ii, col. 1079 :

Itlius (Dei) hœc Virlus, Sapieniia, Gloria, Verbttni, Filins, immenso geitiliun de Inmine lumen.

L. V, C. vi-ix, col. 1086-1089 :

Ilic Deus hic et homo verus…

De Paire principinm, genilum de lumine lumen, Spirilns et Verbnm, Palris imagine natus Cum Paire semper eral, unitns yloria et œvo Filius ipse Dei, charissimus ipse minister, De Domino Doniinus, fluvius de fonte perenni.

On remarquera ici de belles formules de la génération du Fils et de sa génération éternelle.

c) Les deux laïcs, rhéteurs païens convertis sous Dioclétien, Arnobe et Lactance, n'étaient pas, eux non plus, très assurés sur le dogme, à peine sur le catéchisme vulgaire de leur temps, h' Adversus naliones du premier a été accusé de mentalité encore païenne. Dieu, Dieu le Père, serait au sens propre le Deus princeps, Deus summus ; au-dessous de lui, il ne répugnerait pas qu’il y eût des dieux inférieurs, dont en définitive le Fils de Dieu serait le premier. Voir Rauschen, Éléments de patrologie, trad. Ricard, 2e édit., Paris, 1911, p. 137. Mais c’est peut-être interpréter avec trop de rigueur le vocabulaire et la rhétorique du païen converti, 'lequel affirme nettement d’ailleurs l’unité de Dieu et l’absurdilé des dieux païens, voir Dieu, t. iv, col. 1064, ainsi que la divinité de Jésus-Christ. Cf. Le Nourry, Disscrl. præv. in Arnob., c. VIII, P. L., t. V, col. 464-471 ; voir spécialement 1. I, c. xLii, LUI, ibid., col. 771-772, 791-792.

A en juger par son disciple, ses idées sur la sainte Trinité ne devaient pas cependant être bien exactes. Lactance, en effet, plus explicite que son maître à ce sujet, a plusieurs idées erronées. Il connaît Tertullien et répète que le Père et le Fils (il ne semble pas qu’il connaisse le Saint-Esprit) n’ont qu’une intelligence, un esprit, une substance, le second dérivant du premier comme le fleuve de sa source, le rayon du soleil ; les deux ne sont qu’une volonté, qu’un Dieu, quia quidquid est in Paire in Filium Irans/luit et quidquid in Filio a Paire deseendil. Instit. div., 1. IV, c. xxix, P. L., t. VI, col. 538 sq. Mais il ne pénètre pas la force de ces formules ; il admet, en effet, la génération temporelle du Verbe, génération incompréhensible, mais d’ordre intellectuel, comme la Parole conçue d’abord dans l’intelligence, puis proférée pour l'œuvre de la création, 1. II, ix, P. L., t. vi, col. 294 sq. ; 1. IV, vi, VIII, IX, ibid., col. 461 sq., 466-469. Le Verbe est proféré cum voee et sono, tandis que les anges viennent de Dieu, taciti spiritus. Cette dernière comparaison et d’autres passages de Lactance sont encore subordinatiens jusqu'à représenter le Fils comme le premier esprit produit, lequel, par sa fidéhté, devint Fils bienaimé, participant à la Puissance suprême et ainsi créateur et Dieu, pendant que le second esprit par jalousie devint le diable, 1. II, ix ; cꝟ. 1. IV, viii ; Epitome, c. XLii, XLix, ibid., col 1048, 1049, 1056-1057.

Enfin nous n’avons rien de spécial à signaler dans les fragments de Victorin de Pet tau (|305), le premier cxégète latin, mais sans doute d’origine grecque. Nous allons donc nous tourner vers cet Orient hellénique où — la personnalité distincte du Fils de Dieu ayant

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