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FILS DE DIEU


Cont. hier., III, xi, 9 ; saint Hippolyle, l’our V Évan(jHe de Jean et l’Apocal. ; saint Épipliane, Hser., li, 1-35. Aloges signifie-t-il insensés à), o -ot, ou négateurs du Logos à Aoyo ?? S’ils ont nié le Verbe, peut-être en cela descendants de Cérinthe et d'Ébion, ont-ils nié aussi le Fils do Dieu ? Leurs adversaires semblent les réfuter par de la critique historique plus que par de la théologie ; il n’est donc pas sûr du tout qu’ils aient été monarcliicns. Quoi qu’on en ait dit à propos du IV^ Évangile, cette secte en tout cas n’eut pas d’importance, tout au plus fut-elle un épisode précurseur de la vraie lutte monarchienne. Voir Aloges, l. I, col. 898-901 ; J. Tixeront, op. cit., p. 216 ; M. Lepin, L’origine du quatrième Évangile, 2'^ édit., Paris, 1907, p. 183-188, 211-219 ; J. Schwane, op. cit., t. i, p. 149-153.

2. L’adoplianisme romain.

Saint Épiphane, Hier., Liv, 1, appelle Tliéodote le corroyeur, apostat de Byzance et père de V adoplianisme romain, un rejeton de l’hérésie aloge. Par celle-ci l’adoplianisme aurait peut-être hérité de l’esprit cérinthien et ébionite. Cet esprit était essentiellement nég ; iteur de la divinité de Jésus-Christ, par conséquent source d’erreur directement christologique. Cependant il semble qu’au fond il devait renfermer une erreur trinitaire ; car si Jésus-Christ, pour les deux Théodote, pour Asclépias, Artémas, etc., n'était pas vraiment Dieu, c’est que Uieu était conçu à la façon juive, uniquement Père et n’ayant près de lui, au-dessous de lui évidemment, qu’une puissance suprême (ojvasj.iç (j^YÎ-îTr, ), appelée maintenant Esprit-Saint, Fils de Dieu, Christ, et c’est cette puissance qui était descendue en Jésus au baptême, comme autrefois en Melchisédech (supérieur à Jésus : le second Théodote). Cette hérésie fonda à Rome une petite école, d’allure rationaliste : elle y fut condamnée dès son apparition par le pape Victor (vers 190), puis combattue à maintes reprises par saint Hippolyte, Philosophoumena, VII, 35, 36 ; IX, 3, 12 ; X, 23, 24, 27 ; Petit Labyrinthe (dans Eusèbe, H. E., v, 28) ; Contra Noelum, 3, 4, et finit rapidement vers le milieu du iii<e siècle. Sa mentalité, ce qu’on a appelé la « théologie théodotienne » en lui faisant trop d’homieur, reste d’un autre âge, était par trop contraire à la foi universelle christologique (JésusClnist est vraiment Dieu) et trinitaire (Jésus le Fils de Dieu est Dieu avec le Père et l’Esprit-Saint). On lira la citation du traité contre Artémas dans Eusèbe, loc. cit., résumant bien (vers 235) la preuve traditionnelle de la divinité du Christ. Voir J, Tixeront, op. cit., t. I, p. 308-313 ; L. Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, t. i, p. 299-303 ; A. d’Alès, La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. 104-109.

3. Le monarchianisnie patripassien.

La mentalité adoptianiste dut faire place à d’autres solutions dans les écoles hérétiques influencées par elle directement (adoptianisme d’Antioche et arianisme) ou indirectement, par contradiction (niodalisme).

J. Tixeront, op. cit., p. 313-317 ; A. d’Alèi, La iliéologie de saint Hippolyle, p. 8-20 ; Terlullien et Callisle, dans la Hcvue d’histoire ecclésiastique, 1912, t. xiii, p. 5-33, 2212">6, 441-449, etc. ; L. Duchesne, op. cit., t. I, p. 303-316 ; Anonyme, Der Monarchianisnms iind die rômische Kirche im dritlen.Jaltrhitndert, dans Der KalhoUlc, 1905, p. 1-15, 113128, 182-201, 266-282 ; Harnack, Monarchianisnms, dans licalencyclopàdie ; Hagenian, Die romisclie Kirche in den crsten drei Jahrhimderlen, Fribourg-cn-Brisgau, 1864, p. 206275 ;.J. Schwane, op. cit., t. i, p. 153-157 ; Ginoulhiac, op. cit., 1. IX, c. vii-x, t. II, p. 226-259 ; J. Drascke, Noetos and die Noelianer in des Ilippolytos Repdatio, 6-10, dans '/.cilsclirijl jur wissenschaflliche Tlieologie, t..xlvi (1903), p. 213-232.

a) L’erreur monarchianisle. — Nous avons déjà entendu dans saint Justin, Dial. cum Tryphone, 128, certains hommes, peut-être des chrétiens, concevoir

(dans le Christ) une puissance divine, mais puissance au fond identique au pouvoir absolu de Dieu d’agir sur les créatures. Cette conception fut développée en Asie vers 180-200. Praxéas, un confesseur de la foi (de Phrygie probablement, à distinguer sans doute d'Épigone, et certainement de Calixte, contre Hageman, op. cit., p. 234-257 ; cf. A. d’Alès, op. cit., p. 1819), venu à Rome sous Éleuthère ou Victor, l’y manifesta en l’enseignant. Ses idées passèrent même, s’il n’y alla pas en personne, à Carthage, où Tertullien les écrasa un peu plus tard, par son traité Adversus Praxecmi (vers 213). En résume, les deux griefs que Tertullien, alors montaniste, a contre Praxéas sont qu’il a chassé le Paraclet (par ses renseignements à la cour romaine, il fit condamner le montanisme) et crucifié le Père. C’est le patripassianisme. Praxéas signa à la fin une rétractation. Vers le même temps Noet enseignait la même erreur à Smyrne ; il y fut admonesté par le presbyterium de la ville, puis excommunié. Un de ses disciples, Épigone, vint établir une école modaliste à Rome (vers 200-210) ; combattue par saint Hippolyte, Adversus Noelum ; Philosophoumena, IX, elle fut continuée par Cléomène, puis par Sabellius, qui fit oublier ses maîtres, soit parce que c’est lui que condamna Calixte ; soit parce qu’il sut donner une forme nouvelle plus rigoureuse à leur système. Voir, plus loin, le modalisme en Orient.

Cette doctrine, en face de l'école théodotienne, voulut aflirmer d’abord la stricte divinité du Fils de Dieu, de Jésus-Christ. Mais ne voyant pas la conciliation de ce dogme avec le monothéisme pur, elle tomba dans un extrême contraire ; la monarchie divine, pour ses tenants, ne pouvait subsister qu’en une seule personne réelle. Évidemment, cette solution est la plus simple et la plus accessible à l’imagination. Le cri de ralliement « de la monarchie » fit donc fortune ; ce fut bientôt un bouleversement considérable ; d’autant que toutes les écoles finirent par s’engager dans la controverse pour la « monarchie » ; les théodotiens, le marcionisme avec Apelles, le montanisme avec Eschine. Les simples troublés, dit Tertullien, Adv. Praxeam, 3, se laissaient tromper et répétaient : monarchiam lencmus. Voir Épigraphie, col. 329, plusieurs inscriptions funéraires à allure modaliste et les prologues aux Évangiles, dits monarchiens, P. Corssen, Monarchianische Prologe zu den vier Evangelien, dans Texte und Untersueh., 1896, t. xv, 1.

Et pourtant cette « monarchie » , c'était, en réalité, « la foi judaïque » . Adv. Praxeam, 31. Il n’y a qu’un Dieu, c’est-à-dire la réalité divine personnelle est une ; le Père et le Fils doivent donc être identiques, Adv. Praxeam, 5 ; Philosoph., IX, 10 ; et par conséquent on peut dire que le Père s’est incarné et est alors devenu son Fils à lui-même, Adv. Praxeam, 10, 11 ; Philosoph., X, 10, 27, qu’il a souffert, est mort, ressuscité. Contra Noet., 1, 3 ; Pldtosoph., IX, 10 ; Adv. Praxeam, 1, 2, 14, 15. Devant les objections de leurs adversaires, les monarchiens durent cependant évoluer un peu ; les textes distinguant réellement le Fils du Père étaient trop clairs ; ils inventèrent alors qu’en Jésus-Christ l’hon^me, Jésus, c'était le Fils, et la divinité, le Christ, l’Esprit, c'était le Père. Adv. Praxeam, 27. Dès lors on ne disait plus que le Père avait pâti, mais qu’il avait « compati » . Adv. Pra.vcam, 29. Enfin, si les docteurs clirétiens remontaient par de la l’incarnation dans l'éternité pour y montrer le Logos de saint Jean, les critiques monarchiens répliquaient : « Ce nom de Verbe est étrange ; saint Jean le donne au Fils, mais il a l’habitude d’allégoriser. » Contra Noet., 15.

b) La condamnation du moncu-elùanismc. — Les discussions que nous venons de décrire eurent surtout lieu sous les papes Zéphirin (200-217) et Calixle (217-222). Quelle a été l’attitude de ces deux papes