Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/559

Cette page n’a pas encore été corrigée
2417
2418
FILS DE DIEU


Logos, qui est comme le nom propre de celle réalité, rexprimant d’après sa nature absolue. Voir spécialement S. Justin, Apol., I, 5, 21, 32, 60, 63 ; Apol., ii, G, 8-10, 13, etc. ; Dial. cum Tryph., 61, 105, etc. ; Talien, Oral., 5, 7 (on remarquera que Tatien ne parle que du Verbe, jamais du Fils de Dieu) ; Athénagore, Supplie, x, xii ; S. Théophile, Ad AiiloL, ii, 10, 22 ; cf. Cohorl. ad Grœcos, 38. Le sens du mot est supposé connu, car il n’est jamais expliqué, et, de faiti les textes en manifestent la double signification alors courante de Pensée et de Parole ; de là ces synonymes d’Idée, Athénagore, x ; de Sagesse, Dial. cum Tryph., 61, 02, 108, 126 ; Théophile, Ac/ AuL, ii, 22 ; de Puissance rationnelle, Tatien, Oral., 5 ; cf. Justin, Dial. cum Tryph., 61, 6Jva[ii : Xoyt’xr, , qui se réfèrent d’ellesmêmes plutôt à l’intelligence absolue de Dieu, mais que les mots : « Verbe » ou « engendrer » attirent ordinairement dans cette sphère relative de prolation el de procession qu’ils impliquent. Ce Verbe est indubitablement éternel, strictement éternel, au moins en quelque manière ; ainsi en est-il du Verbe « toujours existant, ici j’jpiTiapMv a-JTÔ), dans le cœur, dans les entrailles du Père, » Théophile, Ad AuL, ii, 10, 22 ; du Verbe « Puissance intellectuelle enfermant toutes choses, lorsque Dieu était seul, » Tatien, Oral., 5 ; du Verbe qui subsistait indéfiniment avant d’être engendré, S. Justin, Apol., II, 6 ; Dial., 62 ; du Verbe enfin qui, selon Athénagore, x, « n’a jamais été fait, puisque de toute éternité il était en Dieu, éternellement Àrjyi/.OÇ. »

e. Relativement au monde, le Logos, Fils de Dieu, a un premier rôle de créaleur universel : rôle à la fois efilcient et exemplaire : par lui. Dieu a conçu le monde et l’a réalisé tout entier, forme et matière. Voir Création, t. III, col. 2059-2061, 2115-2120. Relativement aux hommes, le Verbe est de plus révélaleur, révélateur parfait en Jésus-Christ avec quj nous avons tout le Logos (toute la science parlée) du Père, S. Justin, Apol., II, 8, 10, 13 ; révélateur imparfait, mais sans erreur pour les patriarches et dans les prophètes, Apol., I, 63 ; Dial. cum Tryph., 53-61 ; Apol., ii,

10, etc. ; révélateur encore plus imparfait et que l’erreur humaine a malheureusement défigure chez les philosophes païens : on connaît la théorie de saint Justin sur le Logos (r.Tepy.aTi/.o ;, répandu dans le monde et principe de toute vérité connue par les hommes. Apol., i, 5, 59 ; Apol., ii, 8-10, 13. Tatien, Oral., 7, et Théophile d’Antioche, Ad AutoL,

11, 10, connaissaient cette doclrine du Logos révélateur universel. Voirt.i, col. 1593-1594. C’est à cause de cette fonction, que saint Justin appelle si souvent le Logos ange et quelquefois apôlre, Apo/., i, 63 ; Z)/a/. cumTryph., 60, 93, 106, etc. ; que ce soit là un nom de fonction plutôt que de nature, cela résulte de ce que le Logos est par nature <iiù ; et ainsi absolument au-dessus de ceux qui sont proprement des anges, Dial., 57 ; il est ange iI. to-j (iv.riptTiîv, à cause de son ministère. Par conséquent il faut interpréter Apo/., i, 6 : « Nous vénérons, adorons, honorons avec Lui (le Dieu Père des vertus)… le Fils venu d’auprès de Lui…, et l’armée des autres bons anges qui l’escortent et qui lui ressemblent, et l’Esprit prophétique, » en prenant le mot « autres » substantivement : « l’armée des autres, lesquels sont aussi anges, » envoyés comme le Fils venu d’auprès du Père. Voir note de Pautigny sur ce passage, introd., p. xxix, et F. Cavallera, Une prélendue controverse sur le Christ-ange, dans les Recherches de science religieuse, 1911, t. ii, p. 56-59. « Ainsi donc le Verbe est vraiment Dieu, Fils de Dieu, engendré de lui et réellement distinct du Père. C’est tout le fond de la définition de Nicée et il suffirait pour l’obtenir d’appliquer’à ces prémisses une logique sûre et une terminologie précise. Nos auteurs

ne l’ont pas fait. » J. Tixcront, op. cit., p. 234-235. c) Nous avons, en effet, exposé jusqu’ici la doctrine orthodoxe des Pères apologistes : c’est assurément la substance du dogme catholique et logiquement ce serait lui tout entier. Il faut maintenant parler de leurs expressions, tendances ou même doctrines erronées. Et d’abord, quoi qu’en aient dit les anciens adversaires de Petau, qui mit ces imperfections des Pères apologistes^en relief, souvent avec excès il faut l’avouer, aucun principe théologique du traité De Iradilione ne s’oppose a priori à ce que plusieurs Pères ne fassent erreur dans l’expression et l’explication complémentaire d’un dogme, substantiellement afiirmé par eux. On notera d’ailleurs le caractère particulier et privé de ces apologies, en général écrites par des laïques convertis, pour convertir des païens, par conséquent n’émanant pas des docteurs officiels de l’Église et œuvres de témoins imparfaits, au moins œuvres imparfaites en tant qu’ils témoignent de la foi intime de l’Église. Si celle-ci a accueilli avec joie ces défenses de sa doctrine, il faut noter que la doctrine trinitaire y est très secondaire et que ce n’est pas elle qu’on devait chercher dans les apologies ; enfin que l’Église en fit usage peu longtemps, semble-t-il, car, depuislev’siècle, on ne les a trouvées citées imlle part jusqu’à saint Jean Damascène et à Photius et en Occident jusqu’au XIVe siècle.

On a reproché deux conceptions inexactes aux apologistes : le subordinatianisme et une génération temporelle du Verbe. Comme il faut faire tout ce qui est possible pour écarter la contradiction, même indirecte, de la pensée d’un auteur, on a essayé de repousser ces deux reproches. Outre les anciens, G. Bull, Defensio fidci nicœnie, Oxford, 1685-1686 ; Battus, Défense des SS. Pères accusés de platonisme, Paris, 1716 ; Bossuet, Avertissements aux protestants, i, vi ; dom Maran, préface et notes de son édition des Pères apologistes, Paris, 1741 (reproduites dans Migne, P. G., t. vi), et Divinitas D. N. J. C, Paris, 1746 ; Bergier, Dictionnaire de théologie, art. Verbe, Trinité platonique, etc., citons parmi les théologiens plus récents, Franzelin, De Deo trino, thés, x, xi, 3<= édit., Rome, 1881, p. 145-206, et à sa suite la plupart des manuels théologiques, par exemple, L. Janssens, De Deo trino, Fribmirg-en-Brisgau, 1900, p. 169-201 ; L. Billot, De sacra Iradilione, Rome, 1904, p. 55-64 ; de même parmi fes historiens du dogme, Ginoulhiac, 1. X, dans le t. ii ; Freppel, op. cit. Cependant Newman, qui avait commencé par admettre la parfaite orthodoxie des Pères auLénicéens, changea d’opinion (avec distinction de la foi substantielle et des explications inexactes), Essay, 1845, c. viii, sect. i, § 1 ; 1878, introd. ; Aricms of the fourth cent., note 5, p. 445 sq. ; J. Kiihn, Die Lehre von der gôllliehen Dreinigkeil, Tubingue, 1857, p. 107-286, reprit à peu près les positions de Petau, et depuis en général, les historiens du dogme, même catholiques, J. Schwane, avec des atténuations, Duchesne, Tixeront, Feder, Pfattish, Lebreton (leçons sur les origines chrétiennes, 11° leçon, Paris, novembre 1907) ; A. d’Alès, Études, 1907, t. ex, p. 115-117, où il répond à des reproches de rationalisme du P. Murillo, ont fait de même. Voir aussi Apologistes (Pères), Athénagore, Cré.a.-TioN, t. III, col. 2118-2127. Cf. Feder, op. cit., préface, sur tout ce mouvement d’opinions.

a. Génération temporelle. — Le Verbe est éternel, du moins en quelque manière : nous l’avons constaté. Est-il éternel comme Fils d’abord et puis comme personne distincte ?

Chez les apologistes, le Verbe ne semble pas engendré comme Verbe ; le Verbe ne semble engendré et ainsi devenu Fils que lorsque Dieu va créer le monde et que, pour cela, il profère, il fait sortir de lui en quelque