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FILS DE DIEU


encore plus loin, c’est-à-dire plus clairement analysées par un disciple plus maître de sa langue et sans doute aussi plus habitué que lui aux concepts philosophiques. Cf. J. Lebreton, op. cit., p. 345-359 ; F. Prat, op. cit., t. I, p. 517-525 ; B. F. Westcott, The Epistle to tlie Hebrews, 3e édit., Londres, 1906 ; E. Ménégoz, La théologie de l’Épîtrc aux Hébreux, Paris, 1894. — a. La personne du Christ est directement décrite, i-iv ; elle est certainement surcniinente, infinie, divine ; ces caractères ressort ent de sa supériorité sur les prophètes, les anges. Moïse. Aux prophètes est opposé le Fils révélateur parfait, i, 1-2 ; à Moïse, le Fils maître dans sa maison, iii, 2-6 ; aux anges, le Fils engendré dans l’éternel aujourd’hui, i, 5, le prem’.er-né (TiptoTOTÔ/.o : = monogène engendré avant toute créature, cf. Col., i, 15) que doivent adorer les anges ; celui dont le trône est au plus haut des deux pour les siècles des siècles, 3, 8, dont la sainteté absolue est consacrée par une félicité dont toutes les félicités particulières ne sont que des participations, 9 ; celui dont la puissance a produit la terre et les cieux et qui les change à son gré, incapable lui-même de changement et de déclin, 2, 10-12, car tout ce qui existe ne subsiste que par lui et pour lui, 3 ; ii, 10 ; cf. Col., 1, 17 ; celui dont le nom par conséquent diffère de tout autre nom, i, 4, Dieu, 8, 9, créateur, éternel, universel comme le.Jahvé de l’Ancien Testament, 8-13, mais aussi personne divine spécialement distincte.

— b. En effet, « Fils » est son nom propre ; il est appelé « le Fils » absolument ou même « Fils » sans article, comme autrefois Seigneur ou Christ, i, 2, 5, 8 ; III, 6 ; IV, 14 ; V, 5, 8 ; vi, 6 ; vii, 3, 28 ; x, 29 ; le caractère strictement divin de cette filiation éternelle est évident, car c’est elle qui est la source de tous les attributs décrits plus haut, et si les chrétiens sont, eux aussi, fils de Dieu, ii, 10-14 ; xii, 5-8, c’est parce que le Fils les a adoptés pour frères, ii, 11-13. — c. Jusqu’ici nous nous sommes arrêtés au seuil du mystère de cette filiation divine ; saint Paul a dirigé notre attention sur cette sagesse que l’Ancien Testament avait vu procéder en Dieu de quelque manière, Sap., VII, 26 ; l’Épître aux Hébreux, i, 3, sans soulever encore le voile du mystère, établit plus explicitement l’identité insinuée par saint Paul : le F’ils est le rayonnement de la gloire du Père, ànaO -arrixa x ?, ; oôEï) ; a’JToj, et l’empreinte de sa substance, -/apa/.Tïip Tr, ; j-rjry^àntiù :, ajToO ; c’est-à-dire quelque chose (quelqu’un) de divin (en Dieu quelle émanation concevoir, sinon substantielle, infinie ?) émanant en quelque sorte de l’être même de Dieu (j710Tca<riî certainement ici ne signifie pas personne, mais substance, être), émanant par conséquent nécessairement, éternellement, émanant en image distincte, parfaite comme l’empreinte ou l’eifigie parfaite émane immédiatement par application directe de son sceau, ou comme le resplendissement (non l’action de resplendir, mais la splendeur, résultat de ce rayonnement) émane d’une beauté lumineuse (c’est le sens ici de (, 6%a.) avec laquelle il reste comme consubstanticl. Ce sont là des images imparfaites (le sage en avait encore cherché d’autres), mais qui font par leur union entendre que le Fils restant consubstanticl au Père (puisqu’il est Dieu, le Dieu, répétons-le, du monothéisme absolu), parce qu’il en émane par une mystérieuse génération, en est pourtant réellement distinct. Les Pères sauront mettre à profit la richesse théologique de ce texte, comme de tout le c. ii^"^ de ritpître aux Hébreux. Nous ne nous arrêterons pas ici à discuter le « philonisme » de l’Épître ; il faut dire en définitive qu’à part quelques expressions, plutôt alexandrines que philonicnnes, il est nul. Voir F. Prat, op. cit., t. I, p. 503-505 ; J. Lebreton, op. C(7., note G, p. 405-506 ; surtout conlre Ménégoz, op. cit., p. 197 219, qu’ont suivi iJiiliclicr, Siegfried, Holtzmann, etc. Cf. Bruce, art. Hebrews, dans Dictionanj of the Bible, t. ii, p. 327-328.

Nous n’avons’rien dit des textes de saint Paul qu’on dit contraires à une foi véritable en la divinité de Jésus. Voir A. Brassac, Manuel biblique, t. iv, p. 588 (Rom., ’viii, ^3 ; I Thés., i, 10 ; I Cor., viii, 6 ; xii, 5, 6 ; iii, 23 ; xv, 24-28 ; xi, 3 ; Eph., i, 17). Mais tous ces textes s’expliquent facilement par les deux natures du Christ et la dépendance originelle de sa nature divine elle-même.

F. Prat, La théologie de saint Paul, 2 iii-S", Paris, 1908, 1912, spécialement t. ii, p. 105-226 ; J. Lebreton, op. cit., p. 289-325 ; A. Diiraml, Iai divinité de Jésus-Clirist dans saint Paul, dans la Revue biblique, 1903, p. 550-570 ; V. Rose, Études sur la théologie de saint Paul, ibid., 1903, p. 337-361 ; H. Gouget, La divinité de Jésus-Christ, l’enseignement de saint Paul, Paris, 1906 ; Ev. Buytærs, La divinité du Christ dans saint Paul, dans la Revue angustinienne, t. x (1907J, p. 676-691 ; S. Weber, Die Golihil Jesu und die paulinisrhen Briefc, dans Jésus Christus, Fiibourg-en-Brlsgau, 1908, p.C8-81 ; J.Weiss.dans Cliristus, Paris, 1912, p. 32-65.

5. Saint Jean.

C’est de l’enseignement personnel de saint Jean que nous devons maintenant parler, point culminant de la révélation écrite du Fils de Dieu. Nous trouverons cet enseignement dans l’Apocalypse, puis dans le prologue du quatrième Évangile et dans l’Épître qui accompagnait sans doute cet Évangile. Les deux autres lettres de saint Jean n’ont rien de notable pour nous.

a) L’Apocalypse donne un témoignage remarquable sur la divinité de Jésus, remarquable, parce qu’il est la simple expression de la foi chrétienne ; impossible, en efïet, de recourir ici à une influence païenne (le culte des empereurs est l’abomination) ou alexandrine : tous le reconnaissent. Voir Apocalypse, t. i, col. 1477 ; J. Lebreton, op. cit., p. 364-371 ; H. B. Swete The Apocalypse of saint Jolm, 2e édit., Londres, 1907, p. CLix sq., et le commentaire.

Jésus pour le voyant est le roi-Messie glorieux du royaume éternel, comme homme et donc dépendamment de Dieu ; cette gloire triomphante, il l’a méritée par son immolation (il est l’agneau), mais aussi elle découle de sa nature même parce qu’elle est divine : deux points de vue clairement associés par le prophète et n’ayant en eiïet, quoi qu’on en ait dit, rien d’inconciliable entre eux. Jésus est Dieu et donc objet d’un même culte d’adoralion avec Jahvé, v, 8, 12-14, etc. ; il est Seigneur, xi, 15 ; xiv, 13 ; xxii, 20 ; bien plus, seigneur des seigneurs et roi des rois, xvii, 14 ; xix, 16 ; il a tous les attributs divins, ceux qui ailleurs sont donnés comme propres à Dieu : alpha et oméga,

I, 17 ; II, 8 ; xxii, 13 ; le vivant, i, 18 ; le saint et le véritable, iii, 7 ; le scrutateur des reins et des cœurs,

II, 23 ; le maître de la mort et de l’enfer, i, 8, 18 ; II, 23 ; le principe de la création, iii, 14, ou celui qui est avant toute créature et par qui toute créature est, cf. Prov., viii, 22 ; Col., x, 15, 18, l’Ancien des jours, I, 13 sq., le Jahvé enfin autrefois adoré, en qui maintenant, dans l’unité de la même divinité, on le contemple avec le Père, i, 6 ; ii, 28 ; iii, 5, 21 ; XIV, 1, lui qui est le Fils, ii, 18.

A ce Fils-Dieu, par l’incarnation notre Messie sauveur et roi, nous avons vu déjà donner beaucoup de noms ; l’Apocalypse en révèle un nouveau. Au milieu d’une description des armées célestes, marchant au triomphe à la suite de leur roi glorieux, tout à coup le voyant s’arrête et dit : « et son nom est le Verbe de Dieu ; » c’est la première fois que la littérature chrétienne emploie ce mot de Verbe, .Vôyor, comme nom personnel du Christ ; dans l’Apocalypse, jeté comme un éclair passager, il doit sans doute être rapproché de Sap., xviii, 5, personnification