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EUCHARISTIQUES (ACCIDENTS)


Jean XXIII lançait la bulle convoquant le concile pour le 1 « ' novembre de l’année suivante. Dès 'a première séance après la lecture de la bulle de convocation, François Zabarella, cardinal de Florence, déclara au nom du pape que le concile aurait à s’occuper des erreurs qui, depuis quelque temps, pullulaient, surtout de celles qui ortum dicuntur habuisse a quodam Joanncdido Wicleff. Mansi, ConciL.t. xxvii, col. 539. Ala V" session, le 6 avril 1415, André Laschari, évêque de Posnanie, donna lecture de qielques avis concernant des matières de foi. Il proposait de faire confirmer et approuver les décrets du concile de Rome contre la doctrine et les livres de Wyclif qu’on condamnerait au feu, de nommer le cardinal de Cambrai, le cardinal de Saint-Marc, l'évêque de Dôle et l’abbé de Cîteaux, commissaires, avec pleine autorité en matière de foi ; ils s’adjoindraient une commission de docteurs en théologie et en droit canon à l’effet d’examiner les doctrines de Wyclif et de Jean Huss ; les commissaires examineraient également la voie à suivre pour la condamnation de la mémoire de Wyclif et l’exhumation de ses ossements ; ils prépareraient la condanmation des quarante-cinq articles, déjà condamnés par l’université de Paris et par celle de Prague. Quelle est cette condamnation parisienne à laquelle plusieurs documents font allusion ? Probablement, il s’agit de celle de 1277, due à Etienne Tempier. Cf. Duplessis d’Argentré, Colleclio judic, t. il, col. 27 ; Denifle-Chatelain, Auctarium charlul. iiniv. Paris., t. II, col. 97. Dans la session VI « , deux êvêques et deux maîtres en théologie, désignés parmi les quatre nations représentées au concile, furent nommés pour instruire le procès de Jean Huss en matière de foi usque adsententiam definilivam : ces commissaires recevraiente rapport des cardinaux de Cambrai, de Saint-Marc et de Florence sur la condamnation des ouvrages et des propositions de Wyc’if, aussi bien les quarante-cinq frappées à Paris et à Prague que les deux cent soixante condamnées à Oxford ; ils prendraient connaissance des mesures proposées pour la condamnation de la mémoire de Wyclif et la confirmation de a sentence du concile romain de 1413 condamnant au feu les ouvrages de l’hérésiarque ; sur tout cela, les quatre commissaires feraient au plus tôt un rapport qui serait lu aux nations et au saint concile. A la session précédente, les députés des quatre nations avaient chargé Pierre d’Ailly d’examiner.es doctrines de Wyc’if et de Huss ; le cardinal s'était chargé volontiers de cette partie purement théorique de la cause, mais 1 manifesta en même temps l’intention de ne pas instruire le procès des personnes, cela n'étant point, comme id sait, de son for, mais de celui des juristes, et il désignait ainsi François Zabarella, cardinal de Florence, et Guillaume Fillastre, cardinal de Saint-Marc. Le jeudi 2 mai, date de la VI1 « session, les Pères du concile décidèrent à l’unanimité de consacrer la session suivante celle du samedi 4 mai, à l’examen des matières de foi. Au jour indiqué, le concile se réunit dans l'église cathédrale ; après la messe de beala Virgine, célébrée par le patriarche d’Antioche, et la récitation des litanies, on lut l'évangile ; Altendife a falsis proplielis. La présidence de la session appartenait, ce jour-là à Jean de Brogni, cardinal de Viviers ; le roi des Romains, Sigismond, assistait à la séance avec une cour nombreuse. Vital, évêque de Toulon, monta à l’ambon et développa le texte : Spiritus verilalis docebit vos omncm veritalem. Après quoi, les promoteurs du concile. Fleuri de Piro et Jean de Scribanis, donnèrent une dernière fois lecture de la citation à comparaître adressée aux défenseurs éventuels de Wychf et qui avait été, de grand matin, affichée aux portes des éghses de Constance. Cette pièce déclarait Wyclif hérétique notoire et ob DICT. DE TIIÉOL. CATUOL.

stiné, affirmait qu’il était mort dans l’impéuitence finale, annonçait comme imminente la condamnation des quarante-cinq articles ; elle précisait des pénalités posthumes contre le réformateur anglais ; ses ossements, s’il était possible de les discerner de ceux des autres fidèles, seraient déterrés et jetés à la voirie. C’est seulement en 1427 que cette sentence sera exécutée ; elle le fut sur les instances du pape Martin V qui, par lettre du 8 décembre de la même année, ordonna à Richard Flemmyng, évêque de L.ncoln, d’exhumer les restes de Wyclif et de les ivrer publiquement au feu. Raynakli. Ann. cccles. Lncques, 1752, t. IX, p. 57. Cette dernière rigueur était une aggravation de la peine édictée pare concile qui n’avait point exigé cet autodafé posthume. Ainsi quarantetrois ans après sa mort, les cendres du malheureux hérésiarque allèrent se perdre dans le Swift, petite rivière qui traverse le village de Lutterworth. En attendant, une assemblée majestueuse de prélats, représentant l'Église universere, s’apprêtait à réprouver solennellement les doctrines du novateur.

En présence des représentants des quatre nations, Pileus, archevêque de Gênes, lut le décret du IV" concile de Latran, débutant par ^es mots : Firmilcr credimiis, et l’empereur, le président du concile et tous les Pères présents unirent leur créance à celle des Pères de Latran. On rappelait ainsi des doctrines dont celles de Wyclif étaieiit la négation directe : Corpus et sanguis (Christi) in sacramento altaris siib speciebus punis et vint veraciter continentur, Iranssiibsianliaiis pane in corpus et vino in sanguinem. Denzmger-Bannwart, Encîiiridion, n. 430. Lecture fut donnée ensuite de la sentence de condamnation. Mansi Concil., t. XXVII, col. 632 sq. Elle spécifiait nommément les quarante-cinq articles, et rappelait les décisions des synodes antérieurs, ceux d’Oxford, de Prague et de Rome. Des cardinaux, des évêques, des abbés, des maîtres en théologie, des docteurs de l’un et l’autre droit, in multitudine copiosa, avaient, sur l’ordre du concile, examiné à plusieurs repr.ses lesdits articles : quibus articulis exiiminatis, continue la sentence, fuit repcrtum {prout in verilate est) aliquos et plures ex ipsis fuisse et esse notarié Jiœreticos et a sancHs Patribus dudum rcprobatos ; alias non ca’holicos sed erroneas ; alias scandalosos et blasphémas, quosdam piarum aurium offensivos, nonnullos eorum temerarios et seditiosos. Il avait été reconnu que les livres de Wyclif contenaient plures alias articulas similium qualitaium et répandaient docirinam vesanam et fldei et moribus inimicam. Mans', lac. cit., col. 634. La sentence du concile de Rome était confirmée : tous les ouvrages de Wyclif devaient être livrés au feu ; les restes de l’auteur étaient voués au traitement indiqué plus haut. Comme l’archevêque de Gênes se disposait à lire les deux cent soixante articles extraits par John Lucke de l'œuvre de Wyclif, le cardinal de Saint-Marc intervint et proposa de renvoyer cette lecture à la session suivante. La raison de cette intervention paraît avoit été le fait que ces articles n’avaient pas été communiqués aux Français. Von der Hardt, Concil. conslantiense, t. iv, p. 191. La condamnation de ces articles aurait donc eu lieu lors de la IX « session. Ils furent, du reste, condamnés collectivement, sans que la note méritée par chaque article fût spécifiée en particulier : Quidam ipsarum erant et sunt hæretici, quidam seditiosi, quidam erronci, alii lemerarii, nonnulli scandalosi, alii insani nec non omnes pêne contra bonos mores et ca’Iiolicam veritalem fuerunt. Ibid. col. 635. Il faut remarquer la forme disjonctive de la sentence du concile ; cette sentence fut confirmée par la bulle de Martin V Inler cunctas, du 22 février 1418 ; des personnes instruites, soupçonnées d’hérésie, la bulle exige ure attestation faite sous serment témoignant de leur foi à la vérité de la sentence

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