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et les testaments, ou les traités spéciaux sur les substitutions dont on trouvera l’indication dans Planiol, Traité élémentaire de droit civil, 3e edit., Paris, 1905, p. 788 ; Baudry-Lacantinerie, Précis de droit civil, 10e édit., Paris, 1910, p. 770 sq.

V. OBLET.

FIDÉISME. Voir Foi.


FIEUX (Jacques de), né à Paris, d’une famille limousine, docteur de Sorbonne, prédicateur de renom. abbé commendataire de l’abbaye des prémontrés de Bellosanne (diocèse de Rouen) et enfin coadjuteur, puis évêque et prince de Tout de 1675 à 1687. C’est sous son épiscopat que fut publié au synode de Tout, en 1678, le recueil des Statuts du diocèse ; il donna aussi une édition revisée des livres liturgiques en usage dans son diocèse, du bréviaire en 1684 et du missel. On a de lui une lettre pastorale sur le prêt usuraire de l’argent par obligation, lettre dont le texte est suivi d’une sorte de catéchisme par demandes et par réponses sur le même sujet, Toul, 1679 et 1703, Jacques de Fieux y condamne l’usure, et tout ce que le prêteur exige de l’emprunteur vi mutui, en plus de l’objet prêté, est usuraire pour lui, comme contraire aux droits naturel, divin et ecclésiastique. Il soutient que, si le législateur autorise le prêteur à réclamer un intérêt quelconque à l’occasion d’un prêt. c’est uniquement dans le cas où il y a pour lui soit damnum emergens soit lucrum cessans. Si le législateur voulait aller plus loin et autoriser la perception d’un intérêt vi mutui, il se mettrait en opposition avec le droit naturel et on ne pourrait en conscience user du droit qu’il prétend accorder. Un jurisconsulte lorrain, François Guinet, combattit cette doctrine dans une dissertation publiée à Strasbourg sans nom d’auteur, en 1680 et en 1703, sous le titre de Factum ou propositions recueillies des questions qui se forment aujourd’hui sur la matière de l’usure. L’évêque n’y répondit pas. Il mourut à Paris, le 15 janvier 1687.

E. Martin, Histoire des diocèses de Toul, de Nancy et de Saint-Dié, Nancy, 1900, t. ii, p. 266 sq. ; Guillaume, Histoire du diocèse de Toul et de celui de Nancy, Nancy, 1866, t. iii, p. 409-432 ; Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Epoque moderne, Paris, 1907, t. v, p. 134-136.

V. OBLET.


FIGURISME. I. Exposé. II. Réfutation sommaire.

I. Exposé. — 1º Essence du système. — Le figurisme est un système d’interprétation de la sainte Écriture, fondé sur la multiplicité des sens que présenterait la lettre de la Bible. Outre le sens premier qui apparait sous les mots, il y en aurait d’autres, non pas un seul uniquement, comme si la lettre fournissait matière à un sens plus relevé, le sens spirituel ou figuratif des exégètes catholiques, mais jusqu’à quatre ou cinq sens et même au delà, superposés au premier. Par suite, tous les personnages de l’Ancien Testament, leurs actions, les événements de l’histoire juive sont figuratifs de différents personnages, des actions et des événements de la nouvelle alliance, c’est-à-dire de l’Église entière depuis sa fondation jusqu’à la consommation des siècles. Ainsi Jonas était une figure de saint Paul. De même, les prophéties anciennes n’annonçaient pas seulement des événements futurs, concernant le peuple juif ou Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais toute l’histoire de l’Église chrétienne à ses différentes périodes. Ainsi, un jugement de Dieu contre Israël coupable figurait d’autres jugements divins contre d’autres coupables, dont le crime présentait quelque analogie avec le premier qui l’avait provoqué, et il pouvait en figurer plusieurs, qui se réaliseraient à des époques différentes de l’histoire de l’Église. Enfin tous les symboles, toutes les métaphores et les images si souvent employées dans les deux Testaments, auraient eu un sens figuré, qui s’appliquerait successivement à diverses réalités de la vie de l’Église. Ainsi, les lampes et les flambeaux, les yeux aveugles ou clairvoyants, les pierres, les édifices et les pierres précieuses, l’olivier et son fruit, les les gerbes, les moissons et les pains, etc., symbolisaient et préfiguraient divers événements ou diverses catégories de personnes dans le passé et l’avenir de l’Église catholique par exemple, les épouses fidèles et infidèles, dont parle l’Écriture en tant d’endroits, annonçaient la vocation des gentils et la conversion future des Juifs après leur infidélité première. Il y avait des règles, dont l’application servait à découvrir les multiples sens qui se cachaient sous la lettre de l’Écriture. Il fallait, par exemple, comparer les différents passages, présentant quelque analogie, pour en constater les rapports secrets. Ainsi, les mêmes noms figuratifs, tels que celui de Jézabel, avaient été donnés à différentes personnes. Les rapports, trouvés de la sorte dans les événements figuratifs, conduisaient ensuite le lecteur à des rapports d’un ordre plus relevé. Ainsi la captivité de Siméon, frère de Joseph, présageait l’avenir du peuple juif. Une figure expliquée donnait souvent la clef d’une autre figure. Lorsqu’une figure avait un sens double ou triple, ces sens présentaient ordinairement un rapport particulier entre eux. Le figurisme consistait donc à découvrir l’avenir de l’Église sous les événements ou personnages figuratifs de l’Écriture, ou bien sous les figures de mots ou symboles, usités dans l’Écriture. Il abusait à la fois du sens figuré et du sens figuratif de la Bible, en les exagérant et en les étendant à des figures ou à des passages qui n’avaient pas et ne pouvaient avoir le sens prophétique qu’on leur attribuait.

L’abus était encore plus visible dans les applications des principes exégétiques que dans ces principes eux-mêmes. En effet, ce système d’interprétation de l’Écriture ne tendait pas seulement à retrouver l’histoire passée de l’Église, figurée ou symbolisée dans les deux Testaments ; il tendait surtout à en faire l’application à la situation présente et future de l’Église. C’est ainsi qu’en comparant certains passages des prophètes d’Israël avec les prophéties et les symboles de l’Apocalypse, on arrivait à voir l’apostasie finale dans l’acceptation de la bulle Unigenitus, les docteurs d’erreurs des derniers temps dans les prêtres et le pape qui combattaient la grâce efficace et renouvelaient le pélagianisme, ou bien qui enseignaient une morale relâchée. L’Église romaine elle-même était figurée par la Bête de l’Apocalypse : si on ne le disait pas explicitement, on le laissait clairement entendre et le lecteur devait comprendre ce qui était sous-entendu. L’Église entière avait prévariqué, et il n’y avait plus qu’un petit reste, celui des élus, choisis sans mérite de leur part, qui croyaient à la grâce efficace et conservaient pieusement la doctrine de saint Augustin. Par suite, la conversion des juifs était prochaine et la venue du prophète Élie, qui en était le prélude, imminente. On voyait partout dans l’Écriture l’annonce de ces deux grands événements. Le grand mystère d’iniquité allait donc se consommer. Il serait suivi du triomphe de Jésus-Christ et du règne du Sauveur pendant mille ans sur terre. Après ce millénaire, le dragon, qui avait été lié, sera délié ; il animera l’Antechrist, mais celui-ci sera détruit par la seule présence de Jésus-Christ. Alors, l’ancien serpent ne trouvera plus de paradis terrestre où il puisse s’introduire. Viendront aussi la résurrection universelle, le jugement et la consommation finale.

On le voit, ce système ne doit pas être confondu avec la théologie biblique de Coccéius, fondée sur l’idée d’alliance entre Dieu et les hommes et sur l’oppo-