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FEUARDENT — FEUILLANTS


^’obbaye du Mont -SaintMichel, ia-12, Coutances, 1604, plusieurs fois réimpriinée et traduite en italien, Naples, 1620. On veut aussi qu’il ait écrit sur les antiquités de Hurfleur. Son portrait se trouvait donc à bon droit dans la bibliotlièquo du grand couvent des cordcliors de Paris.

Le P. Jean do la Haj’e a conservé le souvenir d’un noveu de notre cordelier, mort de la peste en 1631, appelé, lui aussi, François Fouardent ; docteur en théologie et professeur, il laissa des controverses manuscrites contre les calvinistes et des commentaires sur le /’livre des Sentences.

Possevin, Apparalus saccr, Venise, 1606 ; Wadding-Sbaralea, Scriptores ordinis minorunt, Rome, 1906-1908 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, Paris, 1738, t. xxxix, p. 311 ; Lecuy, dans la ouvelle bioijrapliie uiiiucrselle, t. xiv, p. 151 ; Cli. Labitte, De la démocralie clicz les prédiccUeurs de la Ligue, 2<’édit., Paris, 1866 ; Hurler, Nomenclatur, Inspruck, 1907, t. ii, col. 414 417.

P. Edouard d’Alençon.

    1. FEUILLANTS##


FEUILLANTS. Les feuillants (Fulienses) forment une congrégation de l’ordre de Citeaux, qui eut pour point de départ et maison-mère l’abbaye de ce nom, dans l’ancien diocèse de Ricux (cant. P>ieumes, arr. Muret, Haute-Garonne). Dom.Jean de la Barrière, abbé comniendataire de cette maison (1565), y introduisit la réforme, après avoir embrassé lui-même la règle cistercienne (1573). Il exagérait encore les austérités de cet ordre. Des disciples lui vinrent des divers ordres religieux et du monde. Les cisterciens voulurent entraver son œuvre. L’approbation officielle, donnée en 1586 par le pape Sixte V, mit un terme à ces tracasseries. De son côté, le roi Henri III prit ces religieux sous sa protection ; il leur fit construire un monastère à Paris, dans la rue Saint-Honoré (1588). Quelques feuillants, en particulier dom Bernard de Montgaillard, surnomme le petit feuillunl, prirent à la Ligue une part très active. Leur inlluencc sur la cour et la société parisienne fut très grande. Les vocations affluèrent et la congrégation put faire des fondations. Si.xte V les avait fixés à Rome, d’où ils se propagèrent en Italie.

Les feuillants tinrent leur premier chapitre général en Italie, en 1592. Ce fut à cette occasion qu’ils obtinrent du pape Clément VIII de former une congrégation autonome, exempte par conséquent de l’autorité de l’abbé et du chapitre général de Cîteaux et directement soumise au siège apostolique. Le pape les invita à rédiger leurs constitutions. Ces lois, qui devaient les régir, furent approuvées au chapitre de 1595. Clément VIII donna l’ordre de diminuer les austérités excessives pratiquées jusque-là. ]Ialgré ces adoucissements, cette congrégation passait avec raison pour la plus sévère de l’ordre de Cîteaux. Le fondateur, dom Jean de la Barrière, mourut comme un saint, à Home, entre les bras de son ami et protecteur le cardinal d’Ossat (1602). Après lui, les abbés des feuillants furent des religieux de la congrégation, élus pour trois ans. Ils remplissaient les fonctions de supérieurs généraux.

Le nombre croissant des monastères réformés obligea le pape L^rbain VIII à les partager en deux congrégations difl’érentes, ayant chacune son supérieur et ses chapitres généraux (l’630). Ceux de France formèrent la congrégation de olre-Dame des feuillants et ceux d’Italie, celle des Réformés de Saint-Bernard. Il y avait dans leurs communautés des religieux de cliœur, des convers et des oblats ou donnés. Leurs constitutions furent adoucies vers la fin du xvii’e siècle. Leurs maisons gardèrent une observance sérieuse jusqu’au moment de leur suppression. Cette congrégation n’a été reconstituée ni en France ni en Italie.

Dom Jean de la Barrière fonda un monastère de femmes soumises aux mêmes règles que les hommes, à Montesquiou de Volvestre, diocèse de Rieux (1588). Elles prirent le nom de feuillantines. La communauté se transporta à Toulouse (1599). Sur les instances d’Anne d’Autriche, une colonie de moniales alla s’établir à Paris (1622). Il n’y eut pas d’autres maisons de feuillantines en France. Dom Jacques de la Rochemaison fonda à Rome le monastère de Sainte-Suzanne, pour des religieuses, suivant les mêmes règles. Les monastères d’hommes étaient au nombre de 31 en France et de 43 en Italie.

Voici le nom des plus importants : Feuillants, Paris, au faubourg Saint-Honoré, Micy au diocèse d’Orléans, Saint-Martin de Limoges, Bordeaux, Lyon, Rouen, Le Plessis-Piquet, Soissons, Fontaine-lès-Dijon, Poitiers, Marseille, etc. Ils eurent deux monastères à Rome, Sainte-Pudentienne et Saint-Bernard, près des Thermes de Dioctétien. Cosme de Médicis et Catherine de Lorraine les installèrent à Florence en 1616. Leurs principaux monastères italiens étaient ceux d’Asti, Pignerol, Zenian, Notre-Dame des Teston, Mont-Soræte, VerceiI, .lbario, près de Gênes, Pcrouse, Naples, Novalaise, Notre-Dame d’Abondance (Savoie).

Les feuillants ont fourni à l’Église deux cardinaux, Bona, voir t. ii, col. 952, et Jean-Marie Gabrielli, qui plaida à Rome la cause de Fénelon et des Maximes des saints et celle de Sfondrate et de son Xodus prxdestinalionis, mort en 1751. Parmi les évêques, on cite dom Charles de Saint-Paul Viallard, premier supérieur général de la congrégation de F’rance, auteur d’une Geografia sacra, sive nolitia cmtiqua diœeesium om ;  ! / » / ;  ; …, in-J", Paris, 1641 ; in-4, Rome, 1666 ; éditeur des Mémoires du cardinal de liichelieu, in-fol., Paris, 1640, èvêque d’Avranches (1640-1644) ; Cosme Roger, l’un des plus célèbres prédicateurs de son temps, èvêque de Lombez (1622-1711). Parmi les feuillants les plus renommés, il faut citer Bernard de Percin de Montgaillard (1563-1628), que ses prédications violentes au temps de la Ligue firent surnommer le laquais de la Ligue, obligé de chercher un refuge dans les Pays-Bas après l’avènement d’LIcnri IV, nommé abbé du monastère d’Orval, où il introduisit la réforme ; Jean de SaintFrançois Goulu (1576-1629), supérieur général de sa congrégation, exerçant à Paris une grande influence, fort apprécié d’Henri IV, auteur de plusieurs traductions, des Œuvres de saint Denis, 1608, du Manuel d’Épictéte, 1609, des Homélies de saint Basile sur l’Hcxaméron, 1616, etc., qui dut une grande partie de sa célébrité h ses polémiques avec Balzac, Lettres de l’tujllarque à Ariste, 2 vol., 1()27, où Goulu fait le persoimage de Phyllarque ; frère Cosme Jean Basheillac (170.3-1781), qui, après tie fortes études chirurgicales, perfectionna les moyens dont on disposait jusqu’alors pour traiter les maladies de la vessie et la cataracte.

Parmi les écrivains de cet ordre, il convient de citer Eustache de Saint-Paul Asseline (1640), philosophe, théologien et auteur ascétique ; sa Summa philosophica quadriparlita eut plusieurs éditions ; Jules Bartalocci de Sainte-Anastasie (1613-1687), exégète, auquel on doit une Bibliotheca magna rabbinica de scriploribus et scriplis hebraicis… digestis, 4 in-fol., Rome, 1675-1694, voir Dictionnaire de la Bible, t. I, col. 1474 ; Sanche de Sainte-Catherine Beauver († 1629), général de sa congrégation, écrivain ascétique ; Jean de Sainte-Geneviève Bérard (-{-1678), auteur de La science des saints, Paris, 1068 ; Jacques de Sainte-Scholastique Berthier († 1021), prédicateur renommé, à qui des ursulines doivent leurs règles ; Luc de Saint-Charles Berloloti, qui fut deux fois supérieur général à Rome et contribua efficacement à la culture des études dans sa congrégation ; Laurent