Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée
1395
1396
EUCHARISTIQUES (ACCIDENTS ;


Scriplura, vcl sandorum, vel conlra déterminai ionem et doctrinam Ecclesiæ romanæ, vel conlra sententiain doctorum ab Ecclesia approbalorurn, non dicani asserendo, sed précise recitando in persona illorum qui eliam opinionem Iractandam tenenl, sive illa opinio sil vera, sive falsa, sive calholica, sive hæretica, vel erronea. Unde si dico lalia verba : dico dicendum et consimilia, non in persona mea, sed in persona taliler opinaniium volo intelligi. De sacramento altaris, c. I. Il ressort du c. xxxvi que la thèse d’Occam était traitée d’hérétique ; on prenait plaisir à lui opposer saint Augustin. Occam répond qu’il n’appartient ni aux évêques, ni aux inquisiteurs, dont la charge est confiée parfois simplicibus vel non magnis doctoribus, mais au pape seul de trancher en matière d’articles de foi : Unde est aliquorum modernorum detestanda prsesumptio, qui se supra se exlollenies, cupientes soli vocari Rabbi, omnem opinionem a suis dogmalibus dissentienlem, agilali invidia damnantes. Quia per rulionem nesciunt improbare, tamquam pcriculosam et hæreticam, caninis latratibus lacérant incessanter. Pour lui, il est prêt à se soumettre à toute autorité léfîitime : Hoc lumen fateor, si posset ostendi quod sil de mente alicujus doctoris ab aposlolica sede recepti, quod quantitas est alla res absolula, distincta realiler a substantia et a qualitate, paratus sim hoc dejendere et tenere, quamvis nolim. propter dictum cujuslibel de plebe, meum intelleclum captivare et contra dictamen ralionis aliquid asserere, nisi romana Ecclesia doceat hoc esse tenendum, quia major est Ecclesix auctoritas quum tota ingenii humant capacilas. Occam nous semble avoir raison. Entre lui et saint Thomas, c’est l’argumentation purement rationnelle qui doit décider, le conflit provenant de deux conceptions antagonistes de la quantité ; les deux théories ont du reste leurs difficultés propres. Nous partageons l’avis de Coninck : Si spectemus solas rationes naturales, facile esset utramque partem dejendere, quia nulla est ratio quse alterulram partem clare convincat. De sacramentis ac censuris, q. lxxvii, a. 2, Rouen, 1630, p. 210.

Les nominalistes ont suivi en masse les doctrines du venerabilis inceptor, tels Gabriel Biel et Marsile de Inghen, qui écrit au sujet de l’opinion thomiste : Hœc autem opinio cui placueril quasi sil probabilis videal quomodo eam convenienter sustineat. Mihi enlm videtur quod nequeat sustineri sine magno inconvenienti. In IV Sent., . IV, q. ix, a. 1, Ratisbonne, 1501, fol. 598. Jamais ils n’ont encouru les sévérités de l'Église. Il faut donc conclure avec Coninck que ces doctrines ne méritent aucune censure : Ex quitus palet hanc sententiam nihil tenere vel apparenter contrarium jldei, ideoque immerito a quibusdam argui tamquam periculosam in fide. Ibid.

Il nous reste à dire un mot de deux théologiens scolastiques qui, au dire des cartésiens, auraient rejeté la doctrine de l’objectivité des espèces sacramentelles. Il s’agit de Robert Holkot et de Pierre d’Ailly. Une telle attitude aurait de quoi surprendre même de la part de théologiens nominalistes et serait du reste pleine de périls. Quand il s’agit de la réalité des qualités sensibles du sacrement, rien n’est plus familier aux scolastiques que l’appel à l’infaillibilité de la sensation externe. Le patet ad sensum est un de leurs arguments : Illud, écrit Occam, quod in aliquo loco percipitur oculo corporali sine omni auctoritalc potest evidenler cognosci ibidem existere. De sacr. altaris, c. vu. Du reste, les sens ne jugent-ils pas ici de leurs sensibles propres : De accidenlibus sibi notis. Cerles, Holkot subtilise à l’excès et parfois avec un manque de goût absolu : Item pono, écrit-il, quod sucerdos consecrat omnes panes in una jenestra unius panclarii et postca juretur illas sprcies, et lune si agatur

contra eum quod juratus est panes suos, numquid potest licite negare : videtur quod sic ; quia cerlum est quod hoc sil falsum et licel negare (alsum. Toutefois il ne s’est pas écarté positivement des positions communes à la théologie de son temps ; ce que désigne le pronom hoc de la formule de la consécration, c’est illud quod manet sub utroque termina Iransmutationis : et est illud quod est accidentia sensibilia et nulla substantia. Objectant contre la thèse des accidents sans sujet, il répond : Ad oppositum est fides calholica. Signalant les différences propres au changement eucharistique, il signale la suivante : Quia omnia accidentia post transsubstanliationem manent, quod non est in aliis transmutationibus. Et il en tire aussitôt cette conclusion remarquable : Ex quo palet quod accidentia substantiarum malcrialium sunt alla et distincta ab ipsis substantiis. L'étude de la notion dogmatique de la transsubstantiation lui a donc imposé un retour au réalisme. Il est intéressant de voir l’occamiste Holkot se rencontrer ici avec le réaliste Richard de Middletown. Celui-ci, au jugement de Denys le Chartreux, jugeait également quod ex theologica verilate, puta ex his quse in sacramento creduntur multo cerlius, infallibiliusque probatur, quod quanlilas dijfert a re quanta quam ex philosophia. Op. cit., t. XXIV, p. 321. Holkot ajoute toutefois qu’il n’a pas toujours admis la distinction réelle de la substance corporelle et de ses accidents ; il y avait un temps où il enseignait le contraire, parce que l’expérience des changements accidentels les lui montrait toujours dépendants de la substance. Au moment même de sa conversion au réalisme, son esprit, fécond en ressources, lui suggère une autre solution, qu’il entrevoit comme possible et dont la valeur demeure pour lui conjecturale ; c’est incontestablement et très clairement énoncée, avec la même interprétation, arbitraire d’après nous, du mot species, la théorie cartésienne des accidents : Tamen potest dici quod post consecrationem nihil remanet ibidem continue et regulariter, sed intenliones solum et species accidenlium. Unde solebani vocari species panis et vint et non qualitates et ideo sensus utitur speciebus pro rébus : et sic judicat idem manere. Mais il y a une restriction qui a son importance : Nihil tamen dico hic assertive. Magistri Roberti Holkot super I Vlib. Sent, questiones, Lyon, 1505, I. IV, q. III.

La spéculation de Pierre d’Ailly sur le sujet qui nous occupe est pins hardie encore que celle du dominicain d’Oxford. Il discute très librement la notion de transsubstantiation et fait étalage d’un luxe d’explications qui pourraient, absolument parlant, répondre à cette notion et justifier l’expression. Il ne voit pas d’antinomie absolue entre cette notion et la rémanence de la substance du pain. Pourquoi deux substances, le pain et le corps du Christ, ne pourraient-elles pas coexister, tout comme deux qualités ? Il lui paraît seulement douteux que cela puisse se faire, comme l’ont prétendu Jean de Paris, Alain de Lille et peutêtre Robert de Deutz, par une sorte d’union hypostatique entre le corps du Christ et la substance du pain. Cette explication ne lui paraît opposée ni à la raison, ni à l’autorité de la Bible ; elle est plus facile à comprendre, plus raisonnable que d’autres, quia ponil quod substantia panis deserit accidentia et non substantia corporis Christi. Et sic non ponil accidentia sine subjecto, quod est unum de di/ficilibus qux hic ponuntur. Occam, dont le Cameracensis suit ici presque servilement les traces, avait dit pareillement, en appréciant la même explication : Est ralionabitior et jacitior ad tenendum inler omnes modos, quia pnuciora inconvenienlia sequantur ex eo, quam ex alio aliquo modo. Quod patet quia inler omnia inconvenienlia quæ ponuntur sequi ex isto sacramento, majus est quod