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FEU DE L’ENFER


reconnaître qu’elle soit d’un grand poids pour confirmer la thèse traditionnelle.

T.. Atzbcrger, Die christliche Eschatologie in den Siadien ihrer Olleiibarimg im Alten und Netien Testamente, V’nhourgen-Brisgau.l890 ; Lesêtre, art. Feu, dans le Dictionnaire de la Bible de Vigoureux, t. ii, col. 2225 : Bernard, art. Eji/cr, dans le Dictionnaire apologétique de M. d’Alès. t. i, col. 1384 ; A. Dupont, art. Fei ; de l’enfer, dans le Dictionnaire apologétique de M. Jaugey, col. 1252 ; Passaglia, De (etcrnilate pœnarum deque igné inferni non metapliorico. Katisbonnc, 1854 ; Helzenaucr, Tlwologia biblica, Fribourg-en-Brisgau, 1908, t. i ; Schûrer. Gescl^ichte des jiidischen Volkes im Zeilaltcr Jesu Christi, Leipzig, 1898 ; Hastlngs, Dictionanj o/ the Bible, arl. Pire ; Kitto, Biblicul cijclopeedia, art. Hell ; Smiih, Dictionanj o/ tJie Bible, art. Pire.

Suarez, De angelis, 1. VIII, c. xii ; Petau, De angelis, l. III, c. iii-vin ; Patuzzi, De fuiuro impiorum statu, 1. III, Vérone, 1748 ; Tournebize, Éludes, 15 décembre 1893, mai et juillet 1894, t. lx, p. 621 ; Opinions du jour sur les peines d’outre-tombe, Paris, s. d. ; Monsabré, Carême de 1889, note à la xrix" conférence ; 'Vurmel, Histoire de la théologie positive depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, 3e édit., Paris, s. d., p. 188, 190, 362, 488 ; Tixeront, //isfoire des dogmes, passim ; L. Atzbergcr, Geschichte der christlichen Eschatologie innerhalbder vornicdnischen Zcit, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 312, 359, 362, 407, 551, 558 ; Bautz, Die Hôlle, Mayence, 1909 ; Kirchenlc.ricon, art. Holle ; Oswald, Eschatologie, Paderborn, 1893 ; Der Katholik, 1878, t. ii, p. 225 sq., 581 sq. ; Collationes brugenses, t. xvi, p. 402. Tous les traités de théologie cités au cours de l’article.

II. Nature et propriétés.

. nature. — Une

fois admise la réalité du feu de l’enfer, on peut se demander quelle en est la nature. Le feu infernal est-il de même espèce que le feu terrestre ? Est-il matériel ou immatériel ? A ces questions, une seule réponse semble possible, c’est celle de saint Augustin ; Qui ignis, cujusmodi et in qua mundi vel renim parle futiirus sii hominem scire arbilror neminein nisi forte ciii Spiritus (livinns oslendit. De civit. Dei, 1. XX, c. xvi, P. L., t. xLi, col. G8"2. Néanmoins, seule la discussion des opinions nous obligerait ù apporter quelques précisions.

Le principe qu’il ne faut jamais perdre de vue lorsqu’on étudie les choses de la foi, c’est que, partant de nos connaissances terrestres, nous n’aboutissons à l’intelligence des dogmes que par voie d' analogie ; par là, cette intelligence, quoique positive et certaine, est forcément incomplète. Voir Dogme, t. iv, col. 1579 sq. Or, l’analogie proprement dite suppose entre les termes analogues une dissemblance et une ressemblance réelles. A priori, on est donc en droit de dire que le feu de l’enfer n’est, relativement au feu terrestre, ni totalement semblable, ni totalement dissemblable. C’est pourquoi nous excluerons tout d’abord l’hypothèse d’un feu purement spirituel. La dissemblance est-elle seulement dans les efïets ou dans les propriétés du feu de l’enfer, feu inextinguible et bridant sans consumer ? ou bien porte-t-elle sur la nature même du feu, si tant est qu’on puisse, dans l'état actuel de la science, accorder une nature au feu ? C’est pour répondre à ces questions qu’après avoir rejeté : 1° l’hypothèse du feu spirituel, nous examinerons : 2° l’hypothèse d’un feu de même espèce que le feu terrestre ; 3° l’hypothèse d’un feu réel, mais de nature analogue.

Fausse hypothèse d’un feu spirituel.

1. Exposé.

— Tout en rejetant, en paroles du moins, l’opinion erronée du feu métaphorique, certains théologiens nient, nous l’avons vii, que le feu de l’enfer soit un feu matériel. Ils prononcent le mot de feu spirituel : " Entre le feu métaphorique et le feu corporel, il y a place pour un feu spirituel, réel et non métaphorique, quoique non corporel… Nous ne nions pas la réalité d’une peine spirituelle, distincte de la fjcine du dam. Nous croyons seulement que cette peine spirituelle ne résulte pas de l’action d’un agent corporel extérieur, le feu, mais d’une cause psychologique, l’extinction des

organes des sens moralement nécessaires à la vie spirituelle, et la substitution aux opérations habituelles de l’esprit d’un mode nouveau de connaissance, l’intuition. Cette hypothèse n’est point condamnée, croyons-nous, par le décret de la S. Pcnitencerie, même s’il s’agit du feu de l’enfer. Le décret n’atteint que ceux qui affirmeraient qu’il n’y a en enfer c imme au purgatoire d’autre peine que la peine du dam et que celle-ci se confond avec la peine du feu. » Dubois, toc. cit., p. 282.

2. Réfutation.

Cette thèse, avec l’explication qu’y ajoute M. Dubois, est inadmissible à un triple point de vue : a) psycholoç/iqucnient, il répugne que les âmes séparées soient constituées dans l'état de souffrance à raison de leur mode nouveau d'être et d’agir ; si cette prétendue peine était le feu, il s’ensuivrait que toutes les âmes séparées emporteraient avec elles la peine du feu, même si elles sont dans le paradis, voir Hugon, L'état des âmes séparées, dans liéfionses théologiques, Paris, s. d. (1908), p. 226 : b) théologiquement, cette hypothèse mérite d'être notée comme l’opinion du feu métaphorique avec laquelle, en réalité, elle s’identifie. Ce qu’afïirme, en efïet, la tradition, c’est l’existence objective d’une cause de la peine des sens, cause réellement distincte des états psychologiques des damnés, et que l’on appelle le feu. La S. Pénitencerie, d’ailleurs, dit expressément qu’on ne peut donner l’absolution à qui prétend « que les feux de l’enfer ne sont cju’une métaphore des peines intenses des damnés. » La réalité des peines elles-mêmes n’est donc pas en question, nuiis bien la réalité de leur cause ; c) métaplnjsiqucment, le feu spirituel est inconcevable. Dans son acception propre, le mot spirituel ne peut s’appliquer qu’aux natures existant et opérant indépendamment de la matière, et aux opérations de ces natures ; il est synonyme d’immatériel. D’après la philosophie traditionnelle, la substance spirituelle ne peut être qu’une forme subsistante, voir Forjie, c’est-à-dire^un esprit, doué d’intelligence et de volonté. Le feu de l’enfer ne peut être dit spirituel en ce sens ; bien qu’on ait parlé de feu « intelligent » , de feu « savant » , de feu « divin » , voir Minucius Félix, Oclav., c. xxxv ; Lactance, Inst. div., 1. VII, c. xxi, à l’art. Enfer, col. 50, 62 ; S. Paulin de Noie, EpisL, xxviii, ad Severum, n. 2, P. L., t. Lxi, col. 310 ; intelligence, sagesse et vertu divine lui viennent de Dieu dont il est l’instrument. Un feu purement inuuatériel, un feu spirituel ne peut donc être ou bien qu’un feu métaphorique consistant dans les états psychologiques des damnés dont il ne se distingue pas, cf. Bellarmin, jDc gemitu columbse, 1. II, . c, II ; voir col. 2210, ou bien, s’il faut lui attribuer une réalité objective, qu’un esprit chargé par Dieu de tourmenter les autres esprits, ce qui est une conception, sinon contradictoire de la notion de peine, du moins en marge de toute la tradition catholique.

Reconnaissons toutefois que l’on peut employer le mot spirituel dans un sens tout à fait impropre, connue l’ont employé, par exemple, saint Thomas, Cont. gent., 1. IV, c. xxHi, ou même saint Paul, I Cor., xv, 44. En ce sens, il n’est pas absolument opposé à matériel ou corporel, mais seulement ù telle ou telle manière d'être des corps ou même à toutes les manières d'être des corps, connues de nous. Rien ne s’oppose à ce qu’on appelle, de cette manière, le feu de l’enfer un feu spirituel pour indiquer qu’il n’est pas absolument identique au feu matériel que nous connaissons ici-bas.

2° Hypothèse d’un feu de « même espèce » que le feu terrestre. — 1. E.vposé. — a) Buse patristique. — C’est, la solution de la plupart des théologiens, jusqu’au xviiie siècle, solution déjà indiquée par les tableaux d’un réalisme saisissant que nous ont laissés de l’enfer beaucoup de Pères de l'Église, s’inspirant de l’Apoc, XX, 9-10, 14-15 ; XXI, 8, 27 ; xxii, 15. Pour ne retenir