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FÊTES


le 22 février, qui dès le ve siècle se célébrait en Gaule, à Tours, et qui est fixée en certaines Églises, dès le vie siècle, au 18 janvier. Celle de saint Pierre es liens ne fut longtemps qu’une fête romaine locale, celle de la dédicace de la basilique eudoxiennc dans la pre.mièreiraoitié du ve siècle. Quant aux autres apôtres, à part les fêles de saint Jean l'évangéliste et de saint Jacques le Majeur, qui existent en Orient à la fin du iv^siècle, suivies bientôt de celle de saint Jacques le Mineur, puis celles de saint André et de saint Pliilippc au vae siècle, les fêtes des autres sont plus récentes. Très anciennes sont les fêtes de saint Etienne premier martyr (iv siècle), du pape Sixte II, de saint Laurent ; vieiment ensuite les fêtes des confesseurs, de saint Martin de Tours et du pape saint Silvestre au v<"v.i<e siècle. Le culte de l’archange saint Michel a sa fête dès le vie siècle. D’autres fêtes de saints sont attestées par les calendriers locaux et le Sacramentaire léoniem ; en même temps que saint Maxime de Turin donnera la théorie de ces fêtes en recommandant de sanctifier toutes les fêtes des martyrs et des confesseurs. F. L., t. Lvii, col. 427.

L’accroissement du nombre des fêtes allait obliger à faire à quelques-unes un traitement différent. Les unes étaient solennisées comme le dimanche, les autres n’entraînaient que la récitation de l’office liturgique pour les moines et les clercs. La liste des fêtes chômées est très diverse selon les diocèses. Voici toutefois quelques indications. Le concile d’Agde (506) impose la discipline dominicale à Noël, l’Epiphanie, l’Ascension, Nativité de saint Jean-Baptiste, et autres ma.vimi (lies, can. 21, 63. Les statuts synodaux de Sonnatius de Reims ajoutent, avec la fête de la Circoncision, celles de l’Annonciation, de l’Assomption, de la Nativité de la sainte Vierge, des apôtres saint Pierre et saint Paul et de saint André ; mais ces statuts sont-ils bien du vii'e siècle ? Les conciles de Clermont (535), can. 15, et de Rouen (650), can. 15, mentionnent l’obligation, mais ne donnent pas l'énumération des fêtes ; la liste de saint Boniface, l’apôtre de l’Allemagne au viii*e siècle, ajoute la fête de la Purification. Slaliila sancti Bonifacii, can. 36, Mansi, Concil., t. xii, col. 386-388. A Cliff’s-Hoo (747), on n'énumère pas les majores festivilales, can. 14, sauf celles de saint Grégoire et de saint Augustin de Cantorbéry, can. 17. Mansi, ibid., col. 400. Les Capitulaires de Charlemagne, de 810-813, can. 19, donnent la liste suivante : Noël, saint Etienne, saint Jean l'évangéliste. Circoncision, Epiphanie et son octave. Purification, Pâques et sa semaine, la Litanie majeure, l’Ascension, la Pentecôte, saint Jean-Baptiste, saint Pierre et saint Paul, saint Martin, saint André, on laisse douteux l’Assomption. Momimenla Gennaniæ hislorica, Capitiilar., t. i, p. 179. Le catalogue de Rodulfe de Bourges contient en outre non seulement des fêtes purement locales, mais encore celles de l’Assomption, de saint Laurent, de saint Michel archange. Capital., can. 27, Mansi, t. xiv, col. 956. Le capitulaire de Gauthier d’Orléans y joindra les fêtes des saints Innocents, de l’Invention et de l’Exaltation de la sainte croi.x et cinq fêtes locales. Capital., can. 18, Mansi, t. xv, col. 508. Ailleurs ce sont encore l’anniversaire de la Dédicace, les fêtes des douze apôtres, Capital. Heltonis, can. 8, P. L., t. cv, col. 764 ; Burchard, Décret., 1. ii, can. 77, P. L., t. cxl, col. 640, et l’on marque expressément reliquæ vero festivilales per annum non sunt cogendæ ad feriandam. Mais il convient de citer tout particulièrement la liste du pape saint Nicolas, qui comprend les fêtes Beatie Mariæ Virç/inis et sanctoram duodecim aposloloram ac evanr/elistaram, atqac præcarsoris Domini Joannis et sancti Slephani primi marlijris, et en plus les fêtes locales accoutumées. Ad consalta Bulyaror.,

c. XI, Mansi, t. xv, col. 407. C’est pour ahisi dira l'énoncé d’un droit commun. Ici ou là on continue d’ajouter à ce cadre des fêtes locales. Bornonsnous à un rapide et succinct relcTc. Le concile de Szabolch, en Hongrie (1092), mentionne, en plus des dimanches, 32 jours fériés, can. 38, Mansi, t. XX, col. 779780 ; on en trouve presque autant à Toulouse en 1219', can. 4, Mansi, t. xxii, col. 1136 ; 50 environ à Oxford, en 1222, mais 25 n’imposent qu’un demi-chômage ; une quarantaine au Mans, en 1247, Mansi, t. xxiii, col. 764 ; plus de quarante et, en outre, une doaizaine avec demi-chômage, à Worcester, en 1240, Mansi, t. xxiii, col. 547-548 ; 54 à Cognac, en 1260 ; une quarantaine, à Liège, en 1287, et à Rodez, Tulle et Cahors, en 1289 ; 46 à Coutances, en 1300 ; 47 à Pont-Audemer. en 1305, etc. Bref, plus d’un quart de l’année était soustrait au travail et consacré par tous les fidèles uniquement au culte divin. L^ne réaction se préparait, réclamée de partout.

II. Réductiox de leur nombre.

Les premiers efforts pour obtenir cette réduction sont constatés dés le xve siècle, au concile provincial de Reims de 1408. Gerson s’y était élevé contre l’excessive multiplicité des fêtes, soit parce qu’elle empêchait les artisans de gagner leur vie, soit à cause des dangers qui en résultaient pour la moralité : oisiveté avec toutes ses funestes conséquences, ivrognerie, jeux dangereux, dépenses excessives, bals, luxure de tout ordre ; il y voyait, en un mol, la source de tous les maux : ita ut, quod pro honore Dei et pro animarum salule fait sapientcr inslitnlam, vertilnr in contameliam ejus et salatis detriincnluni..Sermo fætns in concil. Bemen. anno Domini nos, 111^ partitio, provisio iv » , Mansi, t. xxvi, col. 1065. Et les mêmes idées étaient reprises par son élève Nicolas de Clémangis. Mais il fallut attendre au siècle suivant pour voir prendre à ce sujet des mesures efficaces. Tandis cju’en Angleterre allaient s'élever les réclamations d’Henri VIII, au concile de Ratisbonne de 1524, le légat Campeggio opérait une réduction effective. D’après l’art. 20 des Constitutions, ne seraient plus désormais fêtes chômées générales, en Allemagne, en dehors des dimanches, que Noël et les trois jours suivants, la Circoncision, l’Epiphanie, le lundi et le mardi de Pâques, l’Ascension, la Saint-Georges, le lundi et le mardi de la Pentecôte, la Fête-Dieu, la Purification, Annonciation, Assomption et Nativité de la sainte Vierge, les Natalitia des apôtres, saint Jean-Baptiste, sainte Madeleine, saint Laurent, la dédicace de saint Michel, la Toussaint, la Saint-Martin, la Saint-Nicolas, la Sainte-Catherine. Aux autres fêtes autrefois chômées le travail sera permis après la messe. Conslitut. ad eleri Germaniæ reformationem, a card. Campeggio…1524, Mansi, t. xxxii, col. 1088. Cette législation ne visait que l’Allemagne. En France et ailleurs rien ne fut changé pour l’instant. En 1565, le concile de Cambrai invitait les évêques à examiner s’il n’y aurait pas lieu de défalquer de la liste des fêtes quelques jours où on permettrait le travail. Part. VI, De caltu, c. XI, Mansi, t. xxxiii, col. 1404. C’est la même motion qui est présentée quelques années plus tard, en 1583, à Bordeaux : les évêques réduiront dans la mesure du possible le nombre des fêtes, mais ils sanctionneront par des peines l’observance de celles qu’ils maintiendront, § 6, De festis, Mansi, t. xxxiv, col. 753. Ce fut le pape Urbain VIII qui prit le premier une mesure d’ensemble, par la constitution Universa, ds 13 septembre 1642. En même temps il annulait en pratique le droit des évoques d’instituer de nouvelles fêtes ; car non seulement il ajoutait à leur intention : ab indictione sub preeccpto novorum festorum studcant abslinere, § 3, mais ce conseil fut entendu pratiquement dans le sens d’une prohibition pure et simple. Voir une réponse de la S. C. des Rites, du 23 juin 1703