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FELIX II OU III — FELIX


salutaires, qui a osé m’emprisonner dans la personne des miens. Dieu, par une sentence prononcée du ciel, l’a évincé du sacerdoce. Tout évêque, clerc, moine ou laïque qui, après cette notification, communiquera avec lui, qu’il soit anatlième, de par le Saint-Esprit. »

C'était le schisme. Le pape avait déclaré la rupture : mais Acace l’avait faite sournoisement, en s’absteJiant de répondre à Simplicius, en confisquant les premières lettres de Félix et en escamotant ses légats. 11 rêvait volontiers d'être le seul chef de l'Église orientale et impériale.

Le défenseur Tutus put pénétrer dans Constantinople, et des moines dévoués au pape, probablement des Acémètes, attachèrent la sentence de Rome au pallium du patriarche pendant une cérémonie de Sainte-Sophie. Acace fit châtier ces moines et raya le nom de Félix des diptyques de son Église. Il eut encore l’habileté de corrompre Tutus, qui, à son retour à Rome, fut destitué et excommunié (485). Félix avait communiqué sa sentence contre Acace à l’empereur Zenon, au clergé et aux fidèles orthodoxes de Constantinople, et prévenu spécialement les évêques, les moines, les clercs du ressort d’Alexandrie de ne pas reconnaître Pierre Monge (184).

Félix refusa d’admettre à la communion l^'s moines envoyés par Flavitas, le successeur d’Acace (489), tant que les noms d’Acace et de Pierre d’Alexandrie ne seraient pas condamnés, et par plusieurs lettres à l’empereur, à l'évêque Vétranius (489), à l’archimandrite Thalasius (490), il s’efforça d’obtenir ce résultat. Il s’agissait pour lui de maintenir l’autorité du concile de Chalcédoinc que ces hommes ne voulaient pas reconnaître. Le schisme dura trente-cinq ans, jusqu’en 518. Son successeur Gélase I'^ garda son attitude.

Félix envoya une lettre, après un concile tenu en 487, aux évêques d'.frique au sujet de ceux qui avaient été baptisés dans l’hérésie du temps des vandales et demandaient à rentrer dans l'Église.

Félix mourut en 492, peut-être le 25 février.

Jaffé, Regest. pont, rom., i. r, p. 252 ; Duclicsne, I.ilicr pontificalis, t. i, p. 483.

A. Clerval.

4. FÉLIX III ou IV, 526-530. Après la mort du pape Jean I<^^ à Ravenne, le 18 mai 526, Félix, cardinalprêtre de Samnium, fils de Castorius, fut choisi par ! e roi Théodoric lui-même et consacré à Rome le 12 juillet. Il reçut un édit royal d’Atlialaric, successeur de Théodoric, favorable à la plainte que le clergé romain lui avait adressée sur l’usurpation des privilèges ecclésiastiques par le pouvoir civil.

Il écrivit à Côsaire d’Arles sur les obligations du sacerdoce ; nec laico licere unie probalionem fteri saccrdoli, ncque ordiiudo ad sccnlarem vilani rcvcrti. 11 adressa encore à Césaire d’Arles des Cupiliila extraits des Pères et de saint Augustin, sur la grâce et le libre arbitre, et proclama la condamnation de Pelage, de €élestius, de Julien d'Éclane, et du livre de Fauste de Lérins. Ces Capitula furent publiés comme canons dans le II « concile d’Orange contre Fauste (529). Enfin, dans cette affaire, il approuva l’ouvrage de Césaire contre cet hérétique.

Il adapta au culte chrétien la basilique des SaiiilsCosine-et-Damien, dans un temple qui lui avait été remis par le roi. Il refit après un incendie la basilique de Saint-Saturnus, martyr. Il apaisa un différend entre l’archevêque de Ravenne et son clergé. Il mourut vers le 20 septembre 530 et fut enseveli le 20 octobre dans la basilique de Saint-Pierre. On a son épitaphe. Sa fête est au 30 janvier. Avant de mourir, par crainte des divisions occasionnées par les partis gothique et byzantin, il choisit et désigna Bonifacc pour son successeur.

Jaffé, Rctu’st. ponl. roni-, t. I, p. 110 ; Duclicsne, Liber imittiliralis, t. i, p. 27'.t.

A. Clerval.

5. FÉLIX, évêque d’Urgcl sur le déclin du viii*^ siècle, esprit cultivé et distingué, mais retors et opiniâtre, porta énergiquement, dans le sud de l’empire franc, l'étendard de l’adoptianisme ; on lui en a parfois attribué, bien qu'à tort, la paternité. Élipand, archevêque de Tolède, en fut le premier fauteur vers 780, et Félix, son ami probablement, rallié par lui bientôt après à son opinion, fut un intermédiaire naturel entre l'Église espagnole et l'Église gallofranque. Éclos dans le sein de l’Espagne, où il se propagea très vite, loin du centre de la chrétienté, sans que l’on en reconnaisse précisément les causes, l’adoptianisme devait son nom à cette idée que le Christ, vrai fils de Dieu, génère et natiira, en tant qu’engendré par le Père, avait été, en tant qu’issu de David et né de la Vierge Marie, adopté par Dieu, filius adoptiinis, imncupativus, donc per metaphoram. Comme Élipand, et avec la même illusion un peu naïve de s’arrêter au bord du nestorianismc, Félix admit une double filiation dans le Christ, l’une naturelle, celle du Verbe, l’autre adoptive, celle de l’homme Jésus. Mais des ouvrages de ses adversaires, Alcuin, Adversiis Felicem, P. L., t. ci ; Paulin d’Aquilée, Contra Felicem libri 111, ibid., t. xcix ; Agobard, Liber adversiis dogma Felicis Urgellensis, ibid., t. civ, il ressort que l'évêque d’Urgel a tiré avec une netteté particuhère les conséquences logiques de sa doctrine. Telle est, selon lui, dans le Christ la séparation des deux natures que la communication des idiomes en vient, de compte fait, à n'être qu’un nom en l’air et sans aucun rapport avec la réalité des choses. Il y a plus. Félix signale dans l’homme Jésus deux naissances, l’une à la vie de la nature, l’autre à la vie surnatuielle. Le lils de la Vierge Marie, en qui le Verbe réside, est aussi né à la vie de la grâce, comme tous les chrétiens y naissent, dans le baptême. Commencée, ébauchée en quelque sorte dans le baptême, l’adoption divine pour lui s’achève et reçoit le dernier coup de pinceau dans la résurrection. Exempt de péché peut-être dès l’origine, le fils de la Vierge Marie n’a pas laissé de marcher pas à pas et de grandir dans la voie de la sainteté. Voilà pourquoi il est notre modèle ; voilà pourquoi il nous est un rédempteur et un intercesseur. Car, seule l’adoption divine du fils de Marie est le gage et la garantie de la nôtre. C’est par son humanité qu’il est le chef du genre humain ; l’assurance de l’adoption des membres ne s’appuie que sur celle du chef. Toutefois le fils de Dieu n’est pas demeuré étranger à la naissance temporelle du fils de l’homme, et il a pris part, au contraire, à tous les actes de sa vie.

Quand, de l’Espagne, son berceau, l’adoptianisme eut gagné les provinces méridionales de la Gaule, Charlemagne, inquiet des progrès de l’hérésie en même temps que soucieux de remplir ses ; evoirs de prince chrétien, réunit un concile à Ratisbonne en 792, et Félix d’Urgel dut comparaître en personne. Quoique les actes du concile soient malheureusement perdus, on sait que Félix put s’y expliquer en présence de Charlemagne, et que, convaincu d’erreur, il se rétracta par écrit. Charlemagne l’envoya néanmoins à Rome, au pape Adrien I", sans doute pour faire confirmer les décisions du concile de Ratisbonne et relever l'évêque d’Urgel de toutes les censures qu’il avait encourues. xprès avoir abjuré derechef à Rome son hérésie, Félix revint à Urgel et, si l’on en croit l’annaliste saxon, Monnmenta Germanix historica, t. i, p. 249, remonta sur son siège. Mais il ne tarda pas à céder aux instances d'Élipand et à retomber dans ses erreurs. Ne se trouvant plus alors en sûreté sous