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réserve, qu’au seul nom de Kuntz, ministre à Berne, impemlio libcriits slomachiun (iium cffiidisli (octobre 1538). Ibid., t. V, p. 142. Ailleurs, le 28 mars 1541, il renvoie à Farel des lettres écrites par lui, et qu’à cause de leur violence, Calvin n’a pas voulu remettre à leur adresse. Ibid., t. vii, p. 63. Cf. p. 250. Et la même année, Calvin cherche à excuser comme il peut Il colère de Farel contre l’avoyer de Berne : cogimiir in lanto Christi organn haie niiniæ vehementix utcitmqiir ignoscerc (15 octobre 1541). Ibid., t. vii, p. 291. Pcctiis illud ferrciim, dit encore Calvin (23 avril 1537*. Ibid., t. IV, p. 230.

Fabri, de Genève : In prolrahendis au ! abhreviandis concionibiis, et in cmitlendis tonitritis, si non possis Boanerges naturam (ul non expedil) exucre, saltem temperantiam aliquam sive moderationem adhibiio, precor (18 septembre 1541). Ibid., t. vii, p. 261. Dès les premières prédications de Farel, Œcolampade, avec plus d’insistance que de succès, lui avait recommandé la modération (3 août et 19 août 1524) : EvangcUzaliun, non malediclum niissiis es. Ibid., 1. 1, p. 263. Berne même adresse à Farel des reproches opportunistes sur la violence de ses procédés (6 août 1540). Ibid., t. II, p. 26. Cf. t. IX, p. 95 (2 novembre 1543). Tout cela donne quelque apparence au jugement d’Érasme : Farellum, quo nihil vidi unquani mendaciiis, virulenlius mil seditiosiiis. Episl., 1. XVIII, epist. XXX. Et tout cela rend recevables les plaintes des catholiques ; l’évêque de Bâle en écrit à Berne : 1 Un nommé Farel parcourt notre territoire, dégorgcant beaucoup d’injures contre notre personne, ce qu’il n’a sans doute pas appris dans l’Évangile » (29 mai 1530). Herminjard, t. ii, p. 259.

Le langage de Farel se ressent, en effet, de cette vivacité ; l’invective lui est familière..Son latin pour désigner les prêtres ne connaît qu’un mot : lasi. Herminjard, t. II, p. 18 ; t. IV, p. 51, 124, 137 ; t. v, p. 117, 160 ; t. VI, p. 292, 393 ; t. vii, p. 103. Il appelle un moine : cnculio (22 mai 1535), ibid., t. iii, p. 293, et parlant d’un de ses collègues Chaponneau : Spudo noster (2 octobre 1544). Ibid., t. ii, p. 335.

Cependant il ne craindra pas de se rendre bon témoignage : .y-je jamais usé que de très grande douceur et bénignité selon la grâce que Dieu m’a donnée, parlant avec eux tant amiablement qu’il m’a été possible (21 mai 1543) ? Ibid., t. viii, p. 370. Il recommande aux autres la douceur : Graluni est qiiod nolis ita piinlificios inlrrtiirbarr, ne infensiores verbo reddantiir. l’rrge sunima tenilale onmrs pelliccrc ad Christiim (à ! -abri, 22 avril 1536). Ibid., t. iv, p. 38. « Ne criés ni contre cestuy, ni contre l’aultrc, mais ung chascun contre soy-mesme… Par haine, mespris, orgueil et aultre façon de faire, ne proufiterons rien, mais par lionne cliarité, doulceur et bénignité, nous extimans moindres que tous » (à Genève, 19 juin 1538). Ibid., t. v, p. 36, 37. « Et surtout faut garder la douceur de .lésus, laquelle il veult que nous appregnons de luy, et que ainsy que Nostre Seigneur long temps attend après les pécheurs qu’ils se convertissent, ainsy faut qu’attendions ceux que Notrc-Seigneur veut attyrer » (au clievalier d’Esch, 16 octobre 1526). Ibid., t. v, p. 407. Cf. encore, t. v, p. 223 ; t. iv, p. 159, note 11 ; t. IX, p..308.

Mais ces préceptes onctueux trouvaient dans la pratique de i’arel une étrange confirmation. Quand 11’protesta’itisme s’étalilit à Neuchâtel, Farci écrit à Berne : « Il y a aucuns prestres qu’on dit qu’ils chantent secrètement (la messe) dedans les maisons, mais s’ils sont trouvés, ne seront privés de leurs gaiges » (27 octobre 1530). Ibid., t. v, p. 410, 420. Fabri lui adresse une lettre-patente, à l’aide de laquelle il pourra faire des prédications obligatoires : IMitlu tibi nuindidiim, tiw… noniinc a iirœjrelo oblentum scd cnrpu rali addito supplieio in pontificios, cum mulrla nihil lerreanliir (12 décembre 1536). Ibid., t. iv, p. 131. Mais dans l’emploi de cette apologétique, Farel rencontre une difliculté : Mandaluin e.vcepimus… ; el in eiusmodi locis difficile facril co iiti propter salelliles illos ducales (16 décembre 1534). Ibid., t. iv, p. 137.

Il faut entendre les plaintes des clarisses de Genève lorsqu’elles voyaient les syndics venir leur offrir : « mari et mariage, grand honneur et profit ; que jamais bien ne leur faillirait, et qu’elles ne doutassent de privément déclarer leur vouloir, et autres propos, qui ne sont pas à écrire, car ce ne serait qu’horreur. » Cf. ibid., t. V, p. 154, notes, et surtout Jeanne de Jussie. Il faut entendre les catholiques de Granson : « Le dict maistre Guillaume et ses complices se venoyent mectre es formes, et au cueur des dites églises, pour veoir à l’heure accouttumée si ont il chanterait, pour il faire troubles, empeschemens et scandalisacions. Et, pour plus troubler les bonnes gens, une venue qu’estoyent là pour faire leur oraisons et ouyr le service de Dieu, les ung desdits complices ans dits assistens monstroyent le derrière, les aultres levoyent par sus leur testes une bûche de boys, en disans par derrison : « Vêla vostre Dieu » et plusieurs aultres deshonnétes parolles prolixes à racompter… » (7 octobre 1531). Ibid., t. ii, p. 368-369. Cette lettre décrit encore d’autres grossièretés et violences de Farel, et tandis que les assemblées à l’église, des protestants et des catlioliques, devaient se tenir successivement à heure déterminée, on vit Farel : « tenir, tant en sonnant qu’en preschant le matin depuis cinq et six jusques à neuf et dix heures ; et avoir presché luymesme bien longuement, faire remonter et prescher ung aultre après lui, et puis encore ung aultre… » Ibid.

La prédication de Farel a trouvé une alUance trop elhcace dans le Sénat de Berne, « qui par politique, autant au moins que par conviction religieuse, croyait nécessaire de propager la Béforme. » Haag, La France prolestanle, t. v, p. 62. Dès 1529, dans le pays d’Aigle où Farel avait son centre d’action, Berne opprime les gens de Morcles, et par le bailli leur fait « ordonner cju’ils aient à s’abstenir de fréquenter la dite église, et qu’ils aillent à Bex, pour entendre prêcher la parole de Dieu » (7 février). Ibid., t. ii, p. 168. En septembre 1529, Berne punit d’une amende de dix florins les gens d’Aigle qui portent leur chapelet, Ibid., t. II, p. 697. En décembre 1529, les habitants de Xcuveville, leur prêtre en tête, ont résisté aux sermons de Farel, Berne aussitôt d’écrire : « Farel et notre députation comparaîtront devant vous, et poursuivront la cause contre votre curé. » Ibid., t. ii, p. 216. Tandis que Farel prêchait à Orbe en mai 1531, « le inercredy après Pentecôte, arriva un messager portant mandement de par iMesseigneurs de Berne que force leur (les clarisses d’Orbe) estoit d’ouyr le sermon et aussi de le suyvre. » Pierrefleur, p. 45. Lors de son insuccès à Granson, Farel se retourne vers Berne, « n’est à raconter les assaults qu’on nous lyvre tous les jours, et aucuns ont mis la main et frappé aucuns de nous » (21 septembre 1531). Herminjard, t. ii, p. 362. Dès le premier dimanche de mars 1534, lors de la première prédication publique de Farel à Genève, aux réclamations qui s’élèvent, les envoyés de Berne répondent, en exhortant le conseil « de penser que l’on ne pouvait pas. aimer véritablement les Bernois, et être contraire à ceux qui faisaient profession de leur religion. » Spon, t. I, p. 243. Fabri écrit à Farel qu’il fait porter les couleurs bernoises par un de ses compagnons, pour prêcher impunément l’Évangile aux environs de Thonon (5 février 1537). Herminjard, t. iv, p. 176. Au Landeron, dans la région de Neuchâtel, tant de fois parcourue par Farel, Berne écrit au conseil : « est