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FAREINISTES

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ilemandé par révêquc janséniste d’AIais, M. de Beauteville, et travailla, sous sa direction, à la réforme du diocèse. Le prélat étant mort en 1776, le chapitre d’AIais renvoya Bonjour dans son diocèse : il rejoignit son frère à Farcins et devint son vicaire. Leurs maîtres, les oratoriens de Lyon, étaient imbus des do’trines jansénistes. Voir G. Latreille, La petite Écjlisj (/ Lyon, Lyon, 1911, p. 1-28. Vers 1782, le P. Duboucliet de l’Oratoire de Lyon fit lire au. Bonjour les relations de deux célèbres convulsionnaires du temps, les sœurs Brigitte et Angélique. Cette lecture attacha les deux frères à VŒuvre des convulsions. Voir t. iii, <-ol. 1757-1762. Le vicaire se livra dans la paroisse aux pratiques de l'Œuvre et débuta par des miracles, soi-disant opérés par l’intercession du diacre Paris <janvier et juillet 1783). Une copie du récit de trois iniracles, survenus à Fareins, se trouve dans le manuscrit français 66 de la bibliothèque de l’Institut catholique de Paris, t. v. Le curé informa l’archevêque de Lyon de la première de ces guérisons et l’archevêque répondit qu’on fît une information oxæte, ajoutant qu’après son retour à Lyon, il ferait ce qu’il conviendrait. Le curé, qui avait signé le Formulaire et admis la bulle Unigenitus, fut tellement Irappé de cette merveille qu’il reconnut son indignité et résolut de cesser toutes fonctions ecclésiastiques et de faire toute sa vie pénitence de sa faute. Il envoya sa démission à l’archevêque qui ne l’accepta pas. Dans une seconde lettre, il offrait de résigner sa cure à son frère, qui n’avait rien signé. L’archevêque de Lyon manda le curé à Paris et ne consentit pas à ses projets. Pour obéir à la volonté divine, le curé résigna sa cure à son frère, et M. de Montazet se montra dès lors indisposé à son égard, à cause de son attachement à l'œuvre des convulsions. Claude Bonjour suivait en cela les encouragements de la sœur Angélique. Le 22 octobre 1783, il quitta Paris et retourna à Fareins, bien décidé à ne plus s’occuper que de faire le catéchisme et l'école. Ibid.

Le nouveau curé établit dans sa paroisse les pratiques jansénistes : la prière en commun, la célébration stricte du dimanche, le jeûne rigoureux, la lecture des offices divins, de l'Écriture sainte en français ainsi que celle des moralistes de Port-Royal. Il lisait en chaire les « annonces » convulsionnaires et il prêchait la venue du prophète Élic et l’attente de la conversion des Juifs et du règne millénaire de Jésus-Christ sur terre. Il établit enfin les pratiques du secourisme. Voir t. iii, col. 1760. Des femmes et des filles étaient prophétesses et possédées du diable. Elles avaient <les convulsions et le curé leur donnait lui-même les secours. Mentionnons seulement, les deux faits les plus extraordinaires : le 7 septembre 1787, Marguerite Bernard eut les pieds percés, et, le 12 octobre suivant^ l-^tiennette Thomasson fut crucifiée. Ces miracles sont racontés dans la Vie de Paris, 1788, p. 5-8. (^elte même année, Marguerite Bernard avait vu en vision le prophète Élie. Ms. français 66 de l’Institut catholique, t. iv. Le vicaire général de Lyon, Jolyderc vint enquêter sur ces faits, et l’archevêque de Montazet obtint du roi, le 13 janvier 1788, deux lettres de cachet, dont l’une reléguait Claude Bonjour à Pont-d’Ain, son village natal, et l’autre enfermait François au couvent des cordeliers de Tanlay. Cette dernière fut exécutée, le 21 janvier suivant. Le vicaire Farlay soutint publiquement en chaire, le lendemain, la cause de son curé. L’archevêque lui enleva les pouvoirs de prêcher et de confesser dans tout le diocèse, et nomma un nouveau curé et un nouveau vicaire. François ne reconnut pas leur juridiction et leur enleva celle que l’archevêque leur avait donnée. Les habitants de Fareins, gagnés au jansénisme convulsionnaire, firent opposition aux nou veaux prêtres de la paroisse. On répandait parmi les fidèles les livres favorables au secourisme. La lutte s'étendit hors de Fareins et procéda par libelles contradictoires. Desfours de Genctière publia La lettre d’un curé du diocèse de Lyon sur l’enlèvement de ^L Bonjour. Le vicaire général, Ioly clerc y opposa sa Lettre à MAL Bonjour ainsi qu'à leurs apologistes et aux auteurs des lettres et écrits publiés pour leur défense. D’autre part. Le nujstêre d’iniquité dévoilé reprochait aux Bonjour la doctrine abominable des augustinistes. Voir t. iii, col. 1759. Le P. Crespe, dominicain, publia ses Notions sur l'œuvre des convulsions et des secours, surtout par rapport à ce qu’elle est dans nos provinces du Lyonnais, Forez, Maçonnais, etc. Desfours de Genetière fit une Protestation contre les calomnies de l’auteur du Mystère dévoilé, et répliqua à la suite, p. 61-142, au P. Crespe. M. Jolyderc donna un Supplément à sa lettre pour servir de réponse à la Protestation. Cependant, sur la dénonciation du nouveau curé de Fareins, une action criminelle était intentée au tribunal de Trévoux contre François Bonjour et ses partisans. François écrivait, le 24 avril 1788, les merveilles qu’opérait à Lyon un de ses « instruments » et celles qui se passaient dans sa propre famille. Sa lettre est copiée dans le manuscrit français 57 de la bibliothèque de l’Institut catholique de Paris, t. vi, p. 150-158. Il s'évada de Tanlay le 17 mars 1788 et se réfugia à Paris. II y fut rejoint par sa servante. Benoîte Monnier, et par Marguerite Bernard. Il fit subir à celle-ci d’affreuses pénitences. Voir la Relation du terrible et prodigieu.v pèlerinage de la Sœur Marguerite Bernard, à PorlLtoyal des Cliamps, le vendredi 19 décembre 1788, dans le manuscrit 57 de la bibliothèque de l’Institut catholique de Paris, t. vi, p. 175-192. Il y est parlé d’un enfant cjne Dieu lui avait donné et à qui elle disait de temps en temps : « Ah 1 que tu nie coûtes cher. » Marguerite mourut à Paris durant l’hiver de 1789. François revint à Fareins au mois de septembre suivant et tenta de rentrer en possession de sa cure. Cinquante-sept notables de la paroisse demandèrent son éloignem.'nt. Prise de corps fut décernée contre lui ; il ne fut saisi que le 13 juin 1790. La procédure exercée contre lui par le tribunal de Trévoux fut annullj, »our vices de forme, à Lyon, le 24 février 1791. Reprise à nouveau, elle aboutit, le 10 septembre 1791, à un jugement définitif, qui remit en liberté CJaude Bonjour. François fut libéré, le 19 novembre suivant. Il reparut à Fareins, le 2 décembre. Deux jours après, il prêta le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé ; mais, le lendemain, 5 décembre, il quittait subitement Fareins et partait à Paris avec deux femmes. La première phase du faroinisme était achevée et la seconde déjà commencée.

2. Doctrine.

Dans leur Déclaration, les cinquantesept notables de Fareins en 1789 ramènent 1 1 doctrine des frères Bonjour aux principales maximes suivantes : « Un fatalisme absurde substitué à une providence sage et éclairée. La fin de la religion catholique, apostolique et romaine qui doit être remplacée par une religion meilleure, clairement établie par les miracles qui se font chaque jour. Une seconde venue de Jésus-Christ qui doit se rendre accompagné de la secte du sieur Bonjour dans le paradis terrestre, où il doit régner mille ans. L’impeccabilité de ceux qui sont parvenus à un certain degré de perfection, qui n’est pas absolument difficile, vu le nombre de ceux qui prétendent y être parvenus. La loi fondamentale de toute société, le droit de propriété attaqué : « Adam n’a point fait de testament. » L’insubordination de tous les ministres de la religion et surtout des curés qui n’ont point d’ordres à recevoir de leurs évêques et qui peuvent enseigner la doctrine qui leur