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EZNIK DE KOLB

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chose. Envoyé par saint Sahak le Grand (-ꝟ. 440), d’abord à Édesse, puis à Constantinople, pour y traduire dans sa langue maternelle les principaux écrits <les Pères et des autres écrivains ecclésiastiques, il demeura dans la capitale de l’empire jasqu'à l'époque du concile d'Éphèse (431), dont il rapporta dans sa patrie les actes authentiques. Puis le silence se fait sur son nom jusqu’en 449, où on le retrouve parmi les Pères du synode national d’Artaschat comme évêquc de Pagrévand ou Pacrévant : tous les critiques s’accordent du moins à reconnaître dans le prélat homonyme de ce synode l’auteur de la Réfiilation des sectes. Quant à son surnom, il lui vient de son ]iays natal, le bourg de Kolb dans la province de Taik. On ignore l'époque de sa mort.

Eznik occupe une des premières places parmi les traducicurs, c’est-à-dire parmi cette pléiade de savants arméniens, qui s’appliquèrent au V siècle à doter leur patrie des chefs-d'œuvre théologiques de l'Église grecque : il prit une part importante dans la traduction de la Bible, dont il avait rai)porté de Constantinople des manuscrits très soignés. Malheureusement la plupart de ces interprètes, satisfaits de prendre leur bien où ils le trouvaient, ont généralement négligé de nous renseigner sur leurs sources, et celles-ci ne se laissent découvrir qu'à force de patientes recherches. C’est en particulier le cas pour l’ouvrage l)rincipal d’Eznik, la Réjulalion des sectes. Cet ouvrage, composé, au témoignage de Weber, Tûb. QuarJalscliri/t, 1897, p. 367-398, entre les années 441 ou mieux 445 et 448, a pour but d’opposer aux philosophes grecs, encore puissants alors, au mazdéisme que les rois de Perse, maîtres depuis 428 de la plus grande partie de l’Arménie, cherchaient à implanter dans le pays, aux manichéens et aux gnostiques qui pullulaient dans ces contrées, la pureté de la doctrine chrétienne. Il se divise, suivant la diversité des ennemis à combattre, en quatre livres. Le l^ s’attaque à la théorie païenne de l'éternité de la matière et de la nature substantielle du mal. Dans le IP', l’apolo giste arménien s’en j^rend au dualisme persan d’abord, puis il traite assez au long de la démonologie, du fatalisme pa'îen et de l’astrologie chaldéenne. L’exposé des systèmes philosophiques de la Grèce, en particulier de leur astrologie, occupe le IIP livre. Le IV<= enfin est consacré en entier aux doctrines gnostiques de Marcian. Écrit dans un style très pur, l’ouvrage d’Eznik est regardé par les littérateurs arméniens comme l’un des plus beaux monuments de la langue nationale. Mais les théologiens de tout pays auront intérêt à le consulter aussi pour sa seule doctrine ; non point qu’Eznik soil très original, mais il fait un emploi judicieux des autres écrits apologétiques parus avant lui, en particulier de Méthode d’Olympe, de Basile de Césarée, d’Hippolyle et d’Aristide, et enfin du Panarion de saint Éjjiphane ; il fournit surtout un exposé très fidèle des hérésies contemporaines telles qu’elles étaient comprises et ]3ratiquées en Arménie. A ce point de vue, la Rcjutalion des sectes mériterait d'être mieux connue.

Édité pour la première fois à Smyrne, en 176'2, par les soins de l’archevêque arménien de cette ville, Abraham, à l’instigation du fameux patriarche de Constantinople, Jacques († 1764), d’après un seul manuscrit aujourd’hui détruit, l’ouvrage d’Eznik a été souvent réimprimé depuis. On cite en particulier les éditions de Venise, 18'26, 1850, 1863, de Constantinople, 1864, 1869, 1871. de Paris, 1860, mais toutes ces réimpressions sont aujourd’hui surpassées par la grande édition critique du savant méchitariste viennois, Grégoris Kalemkiar, qui a considérablement épuré le texte et élucidé la doctrine dans un copieux et érudit commentaire. Traduite en français de façon fort superficielle par Le Vaillant de Plorival, in-8°, Paris, 1853, la Réfutation des sectes n’est utilement accessible aux non-arménisants que dans l’excellente traduction allemande du chanoine Jean Michel Schmid : Des Wardapel Eznik von Kolb -< Wider die Sckten » , in-8°, Vienne, 1900.

t L. Petit.