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2021 EXTRÊME OiNCTIOxV. QUEST. MORALES ET PRAT. — EXUPÈRE (SAINTj 20J>

les luttes que le déniou livre à l’iiouime qui va mourir, les dangers qu’il fait courir à son âme à ce moment, l’incertitude de l'état de grâce et du salut ne permettent pas de considérer comme facultatif le recours au moyen surnaturel qui seul peut donner force et sécurité.

L'Église a toujours veillé à ne pas prendre position dans cette discussion. Le concile de Trente ne condamne que le mépris de ce sacrement. Sess. XIV, De extrema unctione, can. 3, Denzinger-Bannwart, n. 928. Les Congrégations romaines, plusieurs fois interrogées sur des cas particuliers, se sont contentées de répondre, ou bien qu’il fallait introduire l’usage et l’estime de l’e-xtrème onction à cause de son utilité, S. C. de la Propagande, 1°2 septembre 1C45, Cotkclunca, n. 1152, ou bien que, pour des difticultés spéciales, il y avait lieu de l’omettre. Saint-Ollice, 23 mars 1656, Co’Jcclanca, n. 1153. Jamais elles n’ont tranché la question de fond.

Dans ces conditions, la conclusion la plus sage semble être celle de Benoît XIV, Desynodo diœcesana, 1. VIII, c. VII, n. 4, t. XI, p. 162 : Etsi expédiai ut episcopus hanc controversiam declinel, indubilanler tamen asserere poleril non passe sine gravi ciilpa ejusmodi sacramentum aut contemni, aiit cum aliorum ofjensione et scandalo netjligi et preetermitti ; …ncc prœlerea incongruum esset addere facile sacramenti conlemplnm præsiimi in infirma gui, cum vila periclitetur, exlremam nnclionem sciens et volens petere negligil, mulloquc magis si eam sibi a parodia exhibitam recipere reniiat.

2. Obligation indirecte.

Il peut y avoir, par accident, obligation grave de recevoir l’e.xtrênie onction : si le malade se trouve en état de péché mortel et dans l’impossibilité de recourir au sacrement de pénitence ; si le refus de recevoir l’extrême onction peut devenir pour les assistants et le public une cause de scandale. S. Alphonse, n. 733, p. 743.

V. RÉITÉRATION.

1° Dans une maladie différente. — Les incertitudes de l’ancienne théologie sont

depuis longtemps dissipées ; et le concile de Trente n’a fait que consacrer l’enseignement unanime des scolastiques, lorsqu’il dit : Qaadsi infirmi post siisceptam hanc unclionem convaluerinl, ilerum sacramenti Jmjiis siibsidio juvuri polerunl, cum in aliud simile ville discrimen incidcrint. Sess. XIV, De extrema uncliane, c. iii, Denzinger-Bannwart, n. 910. Peu importe donc le temps qui s’est écoulé entre les deux maladies ; le prêtre peut et doit, Noldin, n. 462, p. 537, réitérer l’extrême onction.

Dans la même maladie.

Le rituel romain

contient cette prescription : In eadem infirmitate hoc sacramentiim ilerari non débet nisi diuturna sit, ut si, cum infirmus convalueril, iteriim in periculum mortis incidat. Le Catéchisme du candie de Trente, part. II, sect. VI, n. 22, donne le même principe : In una cademque œgrotatiane, cum œger in eodem mortis periculo posilus est, semel tantum ungendus est. Quodsi post susccptam hanc unctioncm œger canvaluerit, quolies paslea in id vitæ discrimen incidcrit, talies efusdem sacramenti subsidium ci paterit adhiberi. De ces textes, pleinement conformes à l’enseignement des théologiens depuis saint Thomas, I H '- Suppl., q. xxxiii, a. 2, les moralistes concluent généralement qu’on ne peut réitérer l’extrême onction, si longue que soit la maladie, si elle n’est interrompue par une amélioration notable qui écarte pour quehiue temps le danger de mort. S. Alphonse, n. 715, p. 730 ; Ballerini-Palmieri, Opus theologicum morale, n. 26, p. 694 ; Noldin, n. 462, p. 537, etc.

Le P. Kern, op. cit., p. 338 sq., est d’un avis différent. Dans une thèse très documentée et fortement appuyée, il essaie de prouver que l’extrême onction

peut être réitérée souvent durant la même maladie, et dans le même danger de mort, in eadem infirmitate eliam manenle eodem mortis periculo sœpius conferri passe. Quelle que soit la force de ses raisons, il ne semble pas qu’elles puissent prévaloir contre l’enseignement commun des théologiens, contre la pratique constante et iléjà ancienne de l'Église, contre le texte du rituel. Celui-ci, sans doute, n’a pas toute la clarté désirable ; le P. Kern, p. 360, fait remarquer avec raison que le cas d’amélioration suivie de rechute y est donné comme un exemple, ut si, et non comme le seul cas possible. Il n’en est pas moins vrai que le rituel commence par poser en principe qu’on ne doit pas réitérer l’extrême onction durant la même maladie, qu'à ce principe il n’indique clairement qu’une exception, et que la pratique et l’enseignement théologique considèrent cette exception comme unique. Il n’y a donc pas lieu de s’en écarter tant que l'Église n’en aura pas autrement décidé.

S. Thomas, In IV Sent., 1. IV, dist. XXIII ; Siim. Iheol. III' Suppl., q. xxix-xxxiii ; Suarez, "Z)e sacranwniis, part. II, disp. XXXIX-XLIV, Venise, 1748, t. xix, p. 425-462 ; Benoit XIV, De sijnodo diœ"esana, 1. VIII, c. i-vii. Opéra, Venise, 1767, t. xi, p. 151-162 ; de Sainte-Beuve, De sacrarnento unctionis iiifinnoruin cxlrernæ, dans Migne, Theologiæ ciirsii.'i completus, t. xxiv, col. 9-132 ; S. Alphonse de Liguori, Tlienloyia inoralis, éditée et annotée par le P.Gaudé, Rome, 1909, t. iii, p. 717-743 ; Lacroi.x, 2'lieoloijia moralis, I. VI, part. II, tr. V, Paris, 1874, t. iii, p. 761-769 ; BalleriniPalmieri, Opus theologiciini morale in Busemtmum incdullam, tr. X, sect. VI, Prato, 1892, t. v, p. 680-708 ; Bucccroni, Jnslilulioncs tlteolofiia' nioratis, Rome, 1900, t. il, p. 287291 ; Enchiridion ntorale, Rome, 1905, p. 414-417 ; Hilarius a Sexten, Tracialus pasioralis de sacramentis, Mayence. 1895, p. 558-.583 ; Lehmkuhl, Theologia moralis, Fribourgen-Brisgau, 1898, t. ii, p. 399-408 ; Génicot, Theologiæ moralis insliluliones, Louvain, 1902, t. ii, p. 456-465 ; Noldin. Summa Iheoltxjiæ moralis, Inspruck, 1911, t. iii, p. 519-538 ; Ojetti, .Syno/).si.s rerum moratiitm et juris ponlificii, Rome. 1911, col. 1952-1962 ; Kern, Dp sacramento e.itrcmx unclionis tracialus doijinalicus, Ralislionne, 1907.

L. GODEFROY.

    1. EXUPÈRE (Saint)##


EXUPÈRE (Saint). — l. Vie. II. Lettre au pape saint Innocent I^

I. Vie.

Au témoignage d’Ausone, un certain Exupère, dans le premier tiers du ive siècle, professa la rhétorique à Toulouse et à Narbonne, et eut pour élèves les deux fils de Dalmatius, frère de Constantin le Grand, Annibalien et Dalmatius. D’autre part, en 397, dans une lettre à saint Amand, saint Paulin (^ Noie signale, près de Bordeaux, l’existence d’un prêtre, nommé Exupère, chargé de l'église où reposait le corps de son père et de sa mère. EpisL, xii, 12, P. L., t. lxi, col. 206. Au commencement du V siècle, pendant l’automne de 405, saint Jérôme est en relations avec Exupère, évêque de Toulouse : il reçoit de lui des lettres et des secours matériels ; il lui écrit, lui dédie un de ses commentaires, et parle plusieurs fois de lui dans sa correspondance dans les termes les plus élogieux. Baronius a cru que le rhéteur de Narbonne, le prêtre de Bordeaux et l'évêque de Toulouse n'étaient qu’un seid et même personnage, successivement investi de cette triple charge. An/ia/es, édit. Theiner, Bar-le-Duc, 1864 sq., an. 405, n. ()2, t. vi, p. 459. La chose en soi n’aurait rien d’impossible ; mais ce qui la rend invraisemblable, c’est la longévité qu’elle implique ; car le précepteur des neveux de Constantin devait avoir au moins une trentaine d’années lorsque ses deux élèves, déjà Césars, furent chargés par Constantin, lors du partage de l’empire, l’un, Dalmatius, de la Thrace, de la Macédoine et de l’Achaïe, l’autre, Annibalien, de l’Arménie et du Pont ; il aurait donc eu plus de quatre-vingt-dix ans en 397, et plus de , cent ans en 410. D’autre part, il n’est pas à croire