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20Il EXTRÊME ONCTION CHEZ LES THÉOLOGIENS POSTÉRIEURS 2012

ajouter qui puisse équivaloir à une prière. » Il éprouve la même diflieulté pour les formes impératives, comme celle-ci qu’il cite d’après un ancien pontifical de Narbonne : In nomine…, accipe sanitatem corporis et remissionem peccaionim iuonim. De synodo diœcesana, 1. VIII, c. II, Venise, 1767, t. xi, p. 154. Kern, p. 162, fait d’ailleurs remarquer qu’aucune formule du premier genre n’a été publiée ; quant à la seconde forme critiquée par Benoît XIV, elle est précédée immédiatement dans le pontifical de Narbonne d’une prière très explicite.

Une autre explication fut tentée, surtout par quelques théologiens gallicans. Elle consiste à dire que, Jésus n’ayant pas déterminé la forme de l’extrême onction, cette détermination est entièrement au pouvoir de l’Église : elle peut donc varier selon les temps et les lieux sans que la validité du sacrement en souffre. Peu importe qu’elle soit indicative ou déprécative ; une seule chose est requise, c’est que la forme indique sutlisamment l’effet à produire. Telle est, par exemple, l’explication donnée par Tournely, De exlrema iinclione, a. 2, Paris, 1728, t. ii b, p. 44 sq., et par Drouin, De re sacramentaria, de sacr. exlr. uncl., q. iii, Paris, 1775, t. va b, p. 102.

Launoy se rapproche beaucoup de la première opinion, bien qu’il prenne à partie les anciens scolastiques, et son explication est intéressante parce qu’elle est plus complètement exposée. « L’Église, dit-il, n’a jamais erré dans l’administration des sacrements. Les prêtres qui, à chaque époque, administrèrent ce sacrement, accomplissaient tout ce qui était prescrit dans leurs rituels. Or ces livres contiennent tout ce qui était reçu de la tradition ancienne avec des additions postérieures ; lorsqu’on dit tout cela, on fait donc ce que l’on doit faire et l’on ne commet pas d’erreur. Dans ces vieux codes de rites, … on ne voit pas que certaines paroles aient été marquées pour que les prêtres les prononcent comme forme et y dirigent une attention spéciale. Ceu.-ci suivent les règles de l’Église ; ils ont soin d’accomplir tout ce qui est ordonné. Et quand les prêtres marchent et accomplissent leurs saintes fonctions avec cette simplicité, ils satisfont à tout ce que veut et établit l’Église ; ils prennent toutes les précautions utiles en faveur de ceux à qui ils administrent le sacrement… Que l’on discute donc autant que l’on voudra, pourvu que soit fait ce que saint Jacques a ordonné de faire, à savoir que les fidèles malades soient oints et que l’on prie pour eux le Dieu très bon et très grand. Or, ces deux choses, on les a toujours faites, et l’Église a toujours très sagement veillé à ce qu’elles fussent faites. » De sacr. unct. infirm., p. 543 sq. Hœc sapienter sunt dicta, ajoute le P. Kern après avoir cité ce passage. (Jp. cit., p. 157.

Ministre.

 C’est le prêtre seul, selon lu définition

du concile de Trente, scss. XIV, De sacr. cxtremee iinclionis, can. 4, Denzingcr-Bannwart, n. 929.

Launoy a cependant prétendu qu’en cas de nécessité les diacres ont pu et pourraient, avec la permission des cvêques, administrer validement rc :.trêmeonction. Il s’appuie sur un grand nombre de textes d’auteurs anciens ou de canons de conciles particuliers qui permettent au diacre, en cas d’absence ou de maladie du prêtre, de visiter les malades, de recevoir l’aveu de leurs fautes et de leur donner la communion en iatique, et il en conclut que le diacre pouvait également administrer l’extrême onction. Mais aucun texte ne prouve cette conclusion. Op. cit., cxplicata Ecclesia : Iraditio circa ministrum…, t. i, p. 566-573.

( ; c que Launoy attribuait aux diacres, d’autres auteurs, renouvelant l’opinion de Thomas de M’alden, l’attribuent au malade lui-même ou aux laïques qui l’entourent. Cette idée avait été exposée pendant les

discussions des théologiens au concile de Trente : Chiavez, qui s’en était fait l’interprète, y avait mis un correctif qui en sauvegardait l’orthodoxie : une onction ainsi faite par un laïque ne serait pas un sacrement, pas plus que la confession faite à un laïque ne serait sacramentelle. Theiner, t. i, p. 555. M. Boudinhon a repris cette idée avec le même correctif dans un article intitulé : La tliéologie de r extrême -amiion, dans la Revue catlioliqiie des Églises, 25 juillet 1905, p. 401 sq. Il propose d’expliquer la pénurie relative des documents de l’antiquité chrétienne sur ce sacrement par ce fait que les malades pouvaient se l’administrer eux-mêmes, et il ajoute : « Je ne vois pas pourquoi, en l’absence de toute déclaration de l’Église, on ne pourrait regarder comme suffisant le ministère du malade ou d’un autre fidèle, dès lors que l’imile bénite avait été préalablement sanctifiée et était devenue comme le véhicule de la grâce… Il y aurait même quelque chose de très favorable à l’idée de l’efïet sacramentel ex opère operato dans cette communication de la grâce par le moNcn de l’huile consacrée, sans qu’une seconde intervention du ministre sacré fût nécessaire. En tout cas, rien de plus conforme à l’idée de remède, dont la valeur est pour ainsi dire intrinsèque et ne dépend pas de la personne qui l’applique. Rien n’empêche d’ailleurs de ne reconnaître la valeur sacramentelle qu’au rite accompli par le prêtre. » Restreinte au passé, cette hypothèse est intéressante ; elle est théologiquement soutenable, si on veut bien ne reconnaître à un tel rite que la valeur d’un sacramental. Mais la pratique en question a été formellement condamnée par Benoît XIV, const. Ex qiw primiim, du 1’"'^ mars 1756, § 47, Bullariiim, Matines, 1827, t. XI, p. 334. Il n’était d’ailleurs pas dans la pensée de M. Boudinhon qu’on pût encore en faire usage. Cf. Revue du clergé français, 15 décembre 1911, p. 727 sq.

Effets.

Les elïets de l’extrême onction avaient

été énuinérés par le concile de Trente ; les théologiens catholiques ne pouvaient donc avoir aucune incertitude à ce sujet. La seule question discutée qui présente quelque intérêt est celle de la hiérarchie qu’il convient de mettre entre les divers efïets de l’extrême onction. Sur ce point la discussion entre thomistes et scotistes continue et chaque école reste sur ses positions.

Parmi les thomistes eux-mêmes, la diversité d’opinions s’accroît avec une telle abondance qu’il serait impossible et fastidieux de les indiquer toutes avec leurs nuances. Quelles sont ces reliquiæ pecculi que l’extrême onction a pour principal résultat de détruire, selon saint Tliomas’?

Ce sont, pour Maldonat, les péchés, même mortels, qui n’ont pas été remis par les sacrements que l’on reçoit en bonne santé. Ils méritent bien ce nom de restes du péché, non quasi sint minulx, quasi miac quæ cadunt de mensa, sed quia sunt peccatu residua c tota vita, etiamsi sint maxima. Disp. ac controv… de extrema unctione, q. ii, t. ii, p. 214.

Bellarmin, De extrema unctione, c. viii, accepte cette opinion, mais en la complétant. Les reliquiic peccati sont avant tout les péchés mortels ou véniels commis et non remis, parce que, par exemple, ils ont été ignorés du pécheur lui-même ; c’est encore quidam lorpor et mseror et anxietas quæ ex peccato relinqui solet et quæ maxime liominem morti vicinum vexare potest, t. V, p. 19.

D’autres, restreignent à ce dernier sens les retiquiæ peccati ; ainsi Soto, Drouin et d’autres.

.Suarez est d’un avis plus eompréhensif, qui semble se rapprocher davantage et du symbolisme du rite et du texte du concile de Trente, et qui pour cela