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EXTRÊME ONCTION AU CONCILE DE TRENTE


onction n’est pas le prêtre seul ; les presbytres de l’Église que saint Jacques reconiniandait d’appeler pour oindre le malade ne sont pas des prêtres ordonnés par l’évêquc, mais les anciens dans chaque commu- ; nauté. Le Plat, Monument, ad hisloriam concilii Irideniini, Louvain, 1784, t. iv, p. 274 ; Raynaldi, Annales, an. 1551, n. 54 ; Theiner, Acta genuina SS. œcumenici concilii Iridentini, Agram, 1874, t. i, p. 532.

^Malheureusement les erreurs relatives à l’extrême onction réunies à celles beaucoup plus importantes qui avaient trait à la pénitence semblaient n’en être qu’un appendice. Ces dernières concentrèrent presque exclusivement l’attention des théologiens. Aussi, des trente-huit docteurs qui énoncèrent leur avis, neuf seulement, d’après les Actes publiés par Theiner, s’occupèrent de l’extrême onction. Ce furent Jean Arze, théologien de l’empereur, Theiner, op. cit., p. 539 ; Ruard Tapper, Le Plat, op. cit., t. iv, p. 311320 ; Judoc Ravenstein, Theiner, p. 540-541 ; Roger Lejeune, Theiner, p. 452 ; Le Plat, p. 309-311, tous trois théologiens de la reine Marie de Hongrie et de l’université de Louvain ; Sigismond Fedrio, théologien du cardinal de Trente, Theiner, p. 543 ; Jacques Chiavez, Theiner, p. 555 ; Marian de Feltre, ibid., p. 557 ; et Didier de Palerme. Ibid., p. 557-558.

Bien que la discussion fût de ce fait écourtée, plusieurs idées intéressantes y lurent exposées.

A propos de l’institution de l’extrême onction [ comme sacrement, on parla du texte de saint Marc, i VI, 13. Les uns n’y voyaient qu’une sorte de prélude, une figure du sacrement, mais non un sacrement proprement dit. Car, disait Ravenstein, les apôtres n’étaient pas encore prêtres au moment où Jésus les envoyait oindre les malades ; l’onction qu’ils faisaient n’était donc pas sacramentelle ; c’était une application du pouvoir miraculeux de guérir qui leur avait été conféré. Matth., x, 5. D’autres, en i particulier Roger Lejeune et Didier de Palerme, prétendaient trouver dans ce passage l’institution du sacrement de l’extrême onction ; ce ne peut en être une simple figure, disait ce dernier, puisque les figures n’ont existé que dans l’Ancien Testament ; et il citait en sa faveur des témoignages de Pères. Tous d’ailleurs affirmèrent fermement que ce sacrement a été institué par Jésus ; saint Jacques n’a 1 fait que le promulguer, il ne pouvait le créer. Seul, i Sigismond Fedrio attribue à l’apôtre un rôle plus important ; il aurait institué l’extrême onction en, vertu d’un pouvoir spécial reçu du Seigneur : non in.sliluil, inio, ut Augustiniis ait, per eum Dominus. A propos des effets corporels que saint Jacques attribue à l’extrême onction, la plupart des théologiens les regardaient comme un des effets secondaires du sacrement ; Dieu donne la guérison du corps, lorsqu’il la sait utile au bien de l’âme ; ainsi Ravenstein et Lejeune. Fedrio a ici encore une opinion particulière ; il ne croit pas que l’extrême onction produise cet effet ; si l’onction recommandée par saint Jacques avait le pouvoir de guérir, elle ne le devait pas à sa qualité de sacrement, mais à ce don des miracles que possédait la primitive Église et qui se manifestait, .soit à l’application de divers rites, onction ou imposition des mains, soit même à la simple prière.

Les théologiens du concile connaissaient la lettre d’Innocent I" à Decentius, 1’. L., t. xx, col. 559, et l’usage qu’en faisait Luther pour attribuer aux laïques le droit d’accomplir le rite de l’onction. Chiavez admet que le pape reconnaît ce pouvoir aux laïques dans le cas de nécessité ; mais, dit-il, l’onction ainsi faite n’est pas plus sacramentelle que ne l’est la confession faite aux laïques en pareil cas.

L’examen des articles, commencé le mardi 20 octobre, fut terminé le vendredi 30 et, comme aucune

correction importante n’avait été demandée par les théologiens, ils furent transmis sans modification aux prélats, le 6 novembre, avec ceux qui se rapportaient à la pénitence.

b) Discussion des arlicles par les Pères. — Danscette discussion, qui se poursuivit sans interruption du 6 au 14 novembre, chaque prélat fut appelé à son tour à exprimer son avis sur les erreurs que l’on se proposait de condamner.

Un certain nombre d’évêques jugèrent qu’il y avait lieu de distinguer entre les diverses affirmations contenues dans les articles, et que tout ne devait pas y être noté d’hérésie, l^armi ces propositions, disait Bonjoannes, évêque de Camerino, « les unessont hérétiques, d’autres scandaleuses, d’autres téméraires, d’autres fausses et menteuses, d’autrest )résomptueuses, d’autres impies et blasphématoires ; il faudrait le dire dans le préambule du décret. » Theiner, p. 567.

Ce fut la seule observation d’ordre général. Mais, de plus, des remarques particulières furent faites sur les points qui avaient déjà attiré l’attention des théologiens.

Il y eut la même incertitude à propos de l’interprétation du texte de saint Marc et du moment où Jésus a institué le sacrement de l’extrême onction. Certains, comme le cardinal Madrucci, évêque de Trente, se contentèrent d’affirmer que ce sacrement a été institué par Jésus-Christ et promulgué par saint Jacques. Theiner, p. 563. D’autres, tout en afllrmant l’institution divine, ne voulurent voir dans l’onction faite par les apôtres qu’une figure, une insinuation, une initiation du sacrement ; ainsi Paul II Gregoranczi, évêque d’Agram, Nacchianti, évêque de Chioggia, et Fernandez, évêque de Calahorra. Theiner, p. 564, 572, 573. D’autres enfin crurent trouver dans le passage de saint Marc l’institution du sacrement par Jésus-Christ ; ainsi de Hérédia, évêque de Cagliari, de Ghinucci, évêque de Worcester, Preconio, évêque de Monopoli, et de Leone, évêque de Bosa. Theiner, p. 566, 569, 574, 578.

Le 3^ article, relatif aux effets de l’extrême onction, suscita quelques critiques. Certains, comme l’évêque de Chioggia, firent remarquer que le soulagement promis au malade par saint Jacques et mentionné dans l’article doit être entendu surtout d’un soulagement spirituel, Theiner, p. 572 ; et Fonseca, évêque de Castellamare, demanda que l’article fût rédigé de manière à éviter toute confusion sur ce point ; car, disait-il, entendu d’une guérison corporelle, il ne serait plus une erreur ; cdias homines nunquam niorerentur. Theiner, p. 563.

Le texte de la lettre d’Innocent 1’=^ fut cité par l’évêque de Monopoli ; mais celui-ci y vit une preuve en faveur de la doctrine catholique qui réserve aux prêtres le pouvoir de donner l’extrême onction. Theiner, p. 574.

Le dimanche 15 novembre, le cardinal légat et les deux autres présidents, Pighini, évêque de Siponto, et Lippomano, évêque de Vérone, clôturèrent la discussion en exprimant les derniers leur avis ; puis on choisit une commission qui serait chargée de formuler la doctrine en chapitres et de rédiger les canons. Les choix se portèrent sur les huit prélats qui avaient déjà fait le même travail dans la session précédente ; ce furent les archevêques von Heussenstamm de Mayence et Alepo de Sassari, les évêques Gregoranczi d’Agram, Musso de Bitonto, de Xavarra de Badajoz, Ayala de Guadix, de Acuna y Avellaneda d’Astorga et Foscarari de Modène. Theiner, p. 581.

c) Les chapitres et les canons. — Cette commission se réunit le lundi 16, pour entendre la lecture des chapitres qui avaient été préparés par des hommes