Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/344

Cette page n’a pas encore été corrigée
4087
1988
EXTRÊME ONCTION CHEZ LES SCOLASTIQUES


(Vie de saint Hériberl) ; ait enim D. Jacobus : Infirmatitr, etc. (S. Pierre Damien) ; istiid indicant et ipsu verba hoc præcipienlis apostoli (Pierre le Vénérable).

2° On attribue à ce rite des effets spirituels, et en particulier la rémission des péchés. Nous pouvons d’abord relever ce fait qu’un certain nombre de ces textes donnent à l’extrême onction le nom de sacrement : cum scicramento sacriv iniinctionis (Vie de saint Dunstan) ; ierlium sacramentain est unctio infirmonim (S. Pierre Damien) ; s(T((/îrfHm instilutiim aposlolicæ Sedis, geniis est sacntmenli (Yves de Chartres) ; cum a sancta et apostolica sede sacramentiim voceliir (Geoffroy de Vendôme), etc. Ces derniers textes sont une ahusion évidente à la lettre d’Innocent V à Decentius, Epist., xxv, 8, P. L., t. xx, col. 560 ; Denzinger-Bannwart, n. 99, où l’extrême onction est dite également gemis sacrnme/j/ ;. Sans doute, le mot sacramentum n’avait pas encore le sens très précis que la théologie scolastique lui a donné ; il semble signifier plutôt en général une consécration ; et c’est pourquoi saint Pierre Damien, énumérant les douze sacrements qu’il reconnaît, les cite ainsi : Primiim est baptismalis sacramentum… ; secumlum est sncrumentiim confirmationis. .. ; tertium est unctio infirmorum… ; quarlum est consecralio pontificis… ; quintum est inunctiu rcgis… ; sextum est sacramentum dedicationis ecclesicc… ; septimum est sacramentum confessionis… ; oclaimm est canonicorum… ; nonum est monacltorum… ; dccimum est eremilarum… ; undecimum est sanctimonialium. .. ; duodecimum est nuptiarum sacramentum…, Scrm., Lxix, in dedicationc ccclesiæ, P. L., t. cxliv, col. 897-902 ; de même Pierre le Vénérable, sans parler de sacrement, rapproche l’onction des malades des onctions faites dans le baptême et dans la confirmation, de l’onction qui consacre les prêtres et les évêques, de l’onction qui voue au service divin les églises et les vases sacrés. Epist., 1. V, epist. vii, P. L., t. CLxxxix, col. 39’2. Quoi qu’il en soit du sens précis du mot sacramentum, il désigne un rite sacré destiné à produire des effets intérieurs et surnaturels. Nous pouvons rappeler encore que plusieurs textes voient dans l’onction des malades l’accomplissement du précepte de saint Jacques et lui attribuent donc les effets indiqués par l’apôtre. Mais quelquefois les effets de l’onction sont précisés : solemnis unctio, tiquer excellens quo scmilas redditur, peccalum dimiltitur, immittitur timor Domini, dit saint Pierre Damien ; ilerari enim, prout mihi videtur, twcesse est infirmorum unctioncm, quia ilerari nccessarium est peccatorum, propter quam illa fil unctio, remissioncm, dit Pierre le Vénérable ; sciens in lioc sacramento remitti peccala et quod oralio fulci salvcl in/irmuni. dit saint Bernard.

3° On indique la matière et la forme de l’e.xtrême onction. Dans les monastères de (^luny et de Cîteaux, les onctions se faisaient comme elles se font maintenant et le prêtre prononçait la formule romaine : jjcr islam sanctam unclionem, etc. (S. Etienne de (liteaux) ; per islam unclionem et suam piissimam misericordium indulgeal libiDominns quidquid peccasli ]>cr visum… (Ulricli de (^luny). D’autres onctions se retrouvent dans les rituels publiés par Launoy ; on en faisait sur la tête, op. cit., p. 498, 503. entre les épaules, p. 497, 499, au cou, p. 497, 503, sur la poitrine, p. 497, 499, au siège principal de la douleur, p. 497, 504. Quant à la forme, elle est le plus souvent indicative dans les mêmes rituels, par exemple, celle-ci : Unyo vcutos tuas de oleo sunctificato, ut quidquid illicito visu dcliquisli, Imjns olei unctione expietur, per Dominum. .., f). 490.

4° Il faut signaler de plus une controverse qui s’éleva à propos de la réitération de l’extrême onction. Yves de Chartres et Geofïrov de Vendôme se

prononcent nettement et déclarent qu’on ne peut la recevoir qu’une fois ; elle est genus sacramenti, et les sacrements, c’est-à-dire les consécrations, ne se renouvellent pas. Pierre le Vénérable leur répond en séparant cette onction des autres ; elle a pour but d’effacer les péchés ; si les péchés se renouvellent, il est nécessaire de les effacer de nouveau : Cum igitur ccrtum sil causam unclionis liane esse ut oratio fidci salvel infirmum, ut allevet eiim Dominas, ut, si in peccatis sit, dirniltantur ei, car non ilcrabitur unctio, præcedente unclionis causa ?… Qui ergo prioribus morbis ac peccatis medicinalem unclionem providil, niimquid eam sequentibus morbis ac pecculis negavil’.' P. L., t. clxxxix, . col. 392.

II. Après la formation de la théorie sacra-MENTAIRE. — l » L’cxlrcme onction est un sacrement. — A mesure que se formait la théorie des sacrements, l’extrême onction devait donc trouver sa place parmi les rites auxquels convient ce nom : c’était l’aboutissement naturel de l’enseignement des siècles précédents. Aussi Hugues de Saint-Victor († 1141), qui énumère d’autres rites appelés depuis sacramentaux et les distingue des grands sacrements. De sacramentis, , 1. II, part. IX, c. I, P. L., t. clxxvi, col. 471, n’y place-t-il pas l’extrême onction ; à celle-ci, il consacre toute une partie de son traité, 1. II, part. XV, ibid.^ col. 577 sq. La distinction devint bientôt très nette, lorsque s’établit le nombre septénaire des sacrements. L’auteur des Sententiiv divinilntis, qui semble avoir écrit en 1147 ou 1148 et qui est antérieur à Pierre Lombard, met Vunclio sollemnis infirmorum au nombre des sept sacrements. Cf. J. de Ghellinck, A propos de quelques aj]irmalions du nombre septénaire des sacrements, dans les Reclicrclies de science religieuse, septembre-octobre 1910, p. 493 sq. Pierre Lombard (fllGO), Sent., 1. IV, dist. II, n. 1, P. L., t. cxcii, col. 841 ; Robert Paululus († 1178), Z)e cœremoniisy sacramentis et obserindionibus ecclesiaslicis, 1. I, c. XII, P. L., t. CLxxvii, col. 388 ; Pierre de Poitiers († 1205), Sententiarum libri quinque, 1. V, dist. III, P. L., t. ccxi, col. 1229, en un mot, tous ceux qui énumèrent les sept sacrements y mentionnent sans exception l’extrême onction. Il serait sans intérêt par conséquent de poursuivre davantage cette étude. Voir Sacrements. La doctrine suivant laquelle l’extrême onction doit être regardée comme un des sacrements de la nouvelle loi a été consacrée et définie au IP’concile de Lyon (1274), Professio fidci Micluiclis Paleologi, Denzinger-Bannwart, n. 465, et au concile de Florence, Decrelum pro armenis (1439), Denzinger-Bannwart, n. 695.

2°.Son inslilulion. — Les témoignages précédents nous ont montré que l’on rattachait le rite de l’extrême onction aux paroles de saint Jacques, v, 14 ; de là à affirmer que cet apôtre est le véritable auteur de ce rite, il n’y avait qu’un pas. Les premiers théologiens aflirmèrent donc sans exception que l’extrême onction a été instituée par saint Jacques ; ainsi Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, 1. II, part. XV, c. ii, ^ P. L., t. CLXXVI, col. 577 ; l’auteur de la Summa sententiarum, longtemps attribuée à Hugues de Saint-Victor, tr. VI, c. XV, P. L., t. CLXXVI, col. 153 ; Pierre Lombard, Sent., 1. IV, dist. XXIII, n. 2, P. L., t. CXCII, col. 899 ; Robert Paululus, De cseremoniis, etc., 1. I, c. XXVII, P. L., t. CLxxvii, col. 396.

Saint Bonaventure, In IV Sent., 1. IV, dist. XXIII, a. 1, q. II, Paris, 1866, t. vi, p. 137, et Breviloquium, part. VI, c. IV, t. VII, p. 315, est du même avis. La preuve pour lui est le silence des évangélistes qui cependant n’auraient pu laisser de côté un fait aussi important que l’institution d’un sacrement ; il en donne de plus une raison de convenance : l’extrême onction, comme la conlirmalion, produisant une per-