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EXTRÊME ONCTION DU P' AU IX » SIÈCLE

1952

donnez le don dp guérison à ceux qui, par vous, ont été faits dignes de cette faveur, envoyez sur cette huile, image de otre abondance, l’aide de votre bienfaisante commisération, afin qu’elle délivre ceux qui soulîrent, guérisse ceux qui sont malades et sanctifie ceux qui s’en retournent, s'étant approchés de votre foi, car vous êtes puissant et digne de gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. La même prière est r.'cite s ir l’ea i, n. 2).

Après avoir cité cette prière, Pullcr s’efforce longuement de démontrer qu’elle servait pour la bénédiction de V Imite emploj'ée, non seulement sur les malades, mais encore sur les catéchumènes.

Dans plusieurs antiques liturgies, affirme-t-il, il en était de même. Avant tout, cependant, pour savoir ce que pense l’auteur de ces prières, il faut le consulter lui-même. Les phrases : le Seigneur accorde sa sagesse à ceux qu’il a choisis…, vos serviteurs s’approchent de la foi, ne seraient pas mal placées assurément dans une prière de consécration d’huile baptismale. Et si la formule n'était pas précédée d’une introduction qui en indique le but, on pourrait être tenté d’admettre que la matière consacrée est destinée aux néophytes et aux malades. Mais le texte est formel : « Si un prêtre consacre de l’huile pour la guérison de ceux qui souffrent… » Presque toutes les expressions visent exclusiement les malades et toutes leur conviennent. La phrase essentielle qui indique les effets sollicités ne prête pas à l'équivoque : « lùivoyez sur cette huile, image de votre abondance, l’appui de votre bienfaisante commisération, afm qu’elle délivre ceux qui souffrent, guérisse ceux qui sont malades et sanctifie ceux qui s’en retournent s'étant approchés de votre foi. » Ces derniers mots désignent fort bien tous les effets de l’extrême onction catholique : adoucir la douleur, guérir la maladie, sauver les mourants : l'Écriture et la liturgie appellent le trépas un retour de l'âme à Dieu. Et il semble que ces trois verbes mis sur le même rang conviennent à une même catégorie de personnes, les malades. Il serait étrange d’ailleurs que l’effet produit sur les catéchumènes fût ainsi désigné en dernier lieu et comme en passant. Enfin il faut faire un effort pour voir dans ceux qui s’en retournent les néophytes. Dire qu’il s’agit ici de l’iiuile de la dernière onction, celle qui suivait la cérémonie et qui était faite sur les baptisés quittant la piscine, c’est aller chercher bien loin une explication et c’est soulever une difficulté : le verbe » sanctifier » ici employé désignerait mal l’efiet de cette onction finale faite sur ceux qui déjà sont sanctifiés. Le Testamentum Domini, i. ii, n. 9, cite les paroles dont l'évêque accompagne cet acte final, elles évoquent d’autres pensées : Je l’oins en Dieu loul-puissanl, en Jésus-Clirisi, en l' Esprit-Saint, pour que tu sois un ouvrier de foi parfaite et un vase agréable à Dieu. Op. cit., p. 130, 132. Nous préférons donc admettre ce que dit le Testamentum Domini que riiuile dont la formule de bénédiction est ici rapportée doit servir aux malades, donc à eux seuls. Quoique cette prière était destinée à servir pour la consécation de l’eau, on doit cependant reconnaître que la formule finale convient aux malades seuls. L’onction faite sur eux les soulage, elle les guérit et, s’ils meurent, les sanctifie. Cf. Hahmani, op. cit., p. xxxiii.

4° L'épigraphie. — Avec M. Bour.art. Épigr.phie ciir.ÉTiENNE, t. v, col. 337, nous croyons qu’on a vu à tort dans l’inscription du sarcophage de Tolentino une allusion à l’onction des malades et non à celle du baptême ou de la confirmation ; et nous pensons avec lui que l'épitaphe de Nikestratos, Cabrol et Leclercq, Monumenta Ecclesiæ liturgica, Paris, 1902, 1. 1, n. 2780, loue ce chrétien de sa vie utile, /p ^, -7707, et non de sa vie ointe, /piTTÔv. Peut-être hésiterions-nous moins à admettre la lecture proposée par Lenormant et Leclercq, op. ci t., 1. 1, n. 2803 ; Dictionnaire d' archéologie chrétienne,

1. 1, col. 1795-1796, pour l’inscription de l’amulette de Beyrouth (IIe siècle) : « Je t’exorcise, ô Satan… Prononcé dans la demeure de celle sur laquelle j’ai fait l’onction, ïki tmIItôt : ' ;) -r, z tv ; èTîiy.t/'.pJlr/.a, » la conjecture opposée de Kirchoff, Corpus inscriptionum grœcarum, t. iv, n. 9064, n’est pas très sûre (ir.. tw t| T ' ::, .) VjT(y tio r’j'.r{-/.i. yj>. vi/i). Mais, même si on adopte le sens proposé par les archéologues français, doit-on conclure qu’il s’agit de l’extrême onclion" ! Le texte est très peu explicite et conviendrait aussi bien à une application privée d’huile bénite ou à une onction d’exorcisme.

Conclusion.

Ainsi, dans les premiers siècles,

l’onction des malades n’est pas inconnue. Non seulement les fidèles usent d’huile bénite contre toute infirmité, mais d’autres onctions produisent des effets spirituels : de nombreux textes semblent faire allusion à un rite sacramentel proprement dit ; plusieurs en attestent formellement l’existence. Deux fois, la recommandation de saint Jacques est citée ; elle l’est entièrement : rien n’a donc été oublié de l’invitation apostolique. Loin de n’avoir vu en elle que la promessse d’un remède contre la maladie, Origène et saint Jean Chrysostome, c’est-à-dire deux témoins de marque, l’un Alexandrin et l’autre Antiochien, soulignent la valeur propitiatoire de l’onction, négligeant même d’insister sur ses autres effets.

La coexistence de l’usage privé et du rite officiel put amener des confusions dans l’esprit des fidèles. De nos jours, beaucoup de catholiques, même instruits, distinguent-ils bien l’eau bénite cle l’eau baptismale ?

Ainsi peuvent s’expliquer sans doute, avecles inexactitudes ou les erreurs de certains chrétiens, les difficultés que soulèvent leurs témoignages. Nous ne pouvons pas exiger que les documents primitifs s’expriment avec la même précision et la même clarté que ceux qui furent composés plus tard quand on distingua scientifiquement les sacrements des rites secondaires, et quand cessa à peu près complètement l’emploi privé d’huile bénite.

m. Du V AU vu" SIÈCLE. — 1° Les affirmations des écrivains ecclésiastiques. — Consulté par Decentius, évêque d’Eugubium, Innocent l"^ lui répondait (416) : Sane quoniam de hoc, sicuti de cœteris, consulere voluil dileclio tua, adjecil etiam fdius meus Cœlestinus diaconus in epislola sua, esse a tua dilectione posilum illud quod in beali aposloli Jacobi epislola conscriptum csl : Si infirnms aliquis in vobis est, vocel presbylcros et orent super eum, ungenles eum oleo in nomine Domini : cl oralio fidei salvabil laborantem et suscilabil illum Dominus et si peccalum fecil, remitlel ei. Quod non csl dubium de fidelibus segrolemtibus accipi vel intelligi debere qui sancto oleo chrismalis perungi possunl, quod ab episcopo confeclum non solum sacerdotibus scd cl omnibus uli christicmis licel, in sua aut in suorum necessitede ungendum. Cœlerum illud supcrfluum esse videmus adjcclum ni de episcopo ambigatur quod prcsbyteris licerc non dubium est. Nam idcirco prcsbyteris diclum est quia cpiscopi occupationibus aliis impedili adomnes langnidos ire non possunl. Cœlerum si episcopus aut potest aut dignum ducil cdiquem a se visitandum et benedicere et tangere chrismate, sine cunclalione potest, eu jus csl chrisma conftcere. Nam pœnitenlibus islud infundi non potest quia genus est sacramenti. Nam quibus reliqua sacramenta negantur, quomodo unum genus pulalnr passe conccdi ? P. L., t. xx, col. 559-561.

Le rite décrit est une onction des malades, celle que recommande saint Jacques dont le conseil est intégralement reproduit. C’est à l'évêque qu’il appartient de préparer la matière, de faire le chrême (ab episcopo confeclum, clirisma confîcere). « Ce mot a conservé alors son sens étymologique d’huile à oindre. » Villien, La