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EXTRÊME ONCTION DU P’AU 1X= SIÈCLE

I0.38

A kl inêinc époque remonte un curieux tenioiguage invoqué par le B. Albert le Grand et par Kern, celui de V Évangile de Nicodème, part. II, c. m. Tischendorf, Evangvlia apocrypha, Leipzig, 1853, p. 325, 326, 425 ; voir Évangiles apocryphes, col. 1639. Des diverses recensions que nous possédons se dégage le récit suivant. Adam qui est dans les enfers fait raconter à ses compagnons, patriarches et prophètes, ce qui suit : il a un jour envoyé son fils Seth à la porte du paradis demander à Dieu de l’Iniile de l’arbre de miséricorde afin de recevoir une onction, parce qu’il était m(dade. Un ange apparut et répondit : Vous n’en trouverez pas maintenant ; le Fils de Dieu viendra sur la terre, se fera bapliser dans le Jourdain. Sorti du fleuve, il oindra de l’huile de miséricorde tous ceux qui croient en lui, et cette onction sera accordée à tous ceux qui renaîtront de l’eau et du Saint-Esprit. L’huile ici mentionnée ne semble pas une figure. Elle vient d’un arbre. Elle est juxtaposée à l’eau du baptême. L’onction est réclamée par Adam parce qu’il est medade, à cause de la douLur de son corps : c’est aussi, semble-t-il, celle que promet Dieu. C’est bien Vluiile de miséricorde. Les autres onctions rituelles ne sont pas ou seraient moins bien désignées ici. On peut conjecturer, sinon affirmcr avec certitude, que l’auteur de ce récit romanesque a cherché dans les institutions de son époque les traits dont il compose son histoire. L’extrême onction était donc administrée autour de lui.

Est-ce à elle que fait allusion saint Athanase, dans son Commentaire sur les psinimes ? Commentant le ps. xcii (xci de la Vulgate), il explique ainsi les mots : To Yr, pâ ; [j.o-j 1/ I’/.’x'.m iriovi : « Après les labeurs que j’ai supportés, alors je me servirai d’huile comme pour un sacerdoce royal et ce sera pour moi la récompense de longs travaux. » P. G., t. xxvii, col. 405. Le concept de rémunération porte à croire qu’il s’agit de l’onction du ciel, mais la mention de la vieillesse et du rite de l’onction semblent in liquer que Vhuile fait entrer en possession du salaire éternel. Dans sa lettre circulaire de 341 à tous les évêques du monde clirétien, saint Athanase, énumérant les crimes del’évêque intius et de ses partisans, signale l’abandon des mourants : « Les peuples aiment mieux être malades ainsi et en danger que faire venir sur leur tête la main des ariens. » P. G., t. XXV, col. 235. Le texte malheureusement ne renseigne pas sur la nature de l’imposition requise. Ce peut être celle dont parle Origène. Voir plus haut. On se souvient qu’elle se fait avec l’onction : « Si quelqu’un est malade, écrit le catéchète alexandrin, qu’il appelle les prêtres de l’Église et qu’ils lui imposent les mains, l’oignant d’huile. » Celui qui sollicite l’accomplisscnient de ce rite « fait venir sur sa tUe la main dum nistre. » Et ce cjui démontre qu’il s’agit ici de l’onction proprement dite et non pas seulement de la pénitence, c’est ce que saint Athanase signale comme la conséquence de la privation du rite : « Les fidèles aiment mieux cire ainsi malades et en dancjer. » Ce qui leur manque, c’est donc un sacrement qui guérit cl qui met hors de péril.

Saint Éphrem, s’il faut en croire G. H’ickpll, S. Eplincmi syri carminaNisibena, Leipzig, 1866, p. 223-224, mentionne l’extrême onction. Dans le xi>vi<’des Discours contre les hérétiques, il rappelle l’usage d’après lequel les malades, quand ils sont privés de remèdes du médecin, ont recours aux visiteurs, personnages qui paraissent être prêtres. Ces derniers prient sur eux. L’un sou/fle sur le patient, un autre le marque d’un signe, c’est-à-dire, conjecture Bickell, il l’oint d’huile en traçant une croix sur lui. S. Patris noslri Ephrœm syri opéra omnia, Rome, 1737-1746, Opéra syriaca, t. II, p. 541. S’agit-il ici vraiment du rite sacramentel ? On peut se le demander : le seul effet espéré est le

retour à la santé. Le recours au ministère des visiteurs n’a lieu que si les remèdes font défaut. On comprend que Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. II, p. 219, ait prudemment émis une réserve et écrit : l’extrême onction est peut-être mentionnée par saint Éphrem.

Bickell invoque un second passage tiré de la Lxxiii « des hymnes dites de Nisibe : « Marquez de la croix vos mourants [ou vos mort : ^]. afin qu’ils triomphent de la seconde mort. » S. Ephrœmi syri carmina Misibena, Leipzig, 1866, p. 223-224. Le mot employé, mytykun, peut, en clïet, se traduire de deux manières, selon les voyelles qu’on y introduit. Si on le lit moyfaykùn, on doit le traduire vos mourants ; acc la ponctuation miylenjkûn le mot signifie vos morts. Bickell avoue que le participe passé est rarement employé avec des suffixes : la grammaire favoriserait donc la traduction : « Marquez de la croix vos morts. » Mais, dit-il, saint Éphrem, en un autre passage (celui que nous avons cité plus haut), signale l’onction faite sur les malades. Et, ajoute-t-il, « l’usage de marquer les morts d’un signe de croix n’est mentionné nulle part. » Saint Éphrem parlerait donc de l’onction faite sur les mourants. Malheureusement, le texte parallèle invoqué n’est pas très probant. Et d’autre part, l’usage d’oindre les morts est attesté par le pseudo-Denys l’Aréopagite. De la hiérarchie ecclésiastique, c. VII, n. 2, P. G., t. III, col. 556-565. « L’huile versée sur le défunt, écrit-il, signifie qu’il a fourni sa carrière et mis fin à ses glorieuses luttes. » L’onction dont parle saint Éphrem aurait, il est vrai, un autre but : permettre de vaincre la seconde mort. Pareil espoir s’explique mieux à coup sûrs’il s’agit d’un rite pratiqué sur un vivant. Ainsi l’examen de ce texte laisse l’esprit en suspens et cette fois encore, un peut-être est de rigueur.

Plus connu, plus discuté et plus probant est le témoignage de saint Jean Chrysostome. Dans le traité Du sacerdoce, 1. III, n. 6, P. G., t. xlviii, col. 644, il veut montrer que nous devons davantage aux prêtres qu’à nos parents. Ces derniers nous ont engendrés du sang et de la volonté de la chair, les prêtres nous ont donné la naissance divine. « Il y a autant de différence entre les uns et les autres qu’entre la vie présente et la vie future. Car nos parents ne peuvent pas même écarter de leurs enfants la mort corporelle, chasser la maladie qui survient ; les prêtres ont souvent sauvé l’âme malade et prête à mourir, x7., u.voj<7a/ 51a àiT6W.’j<70at [i.i/.AO’juav ttiv’liMyr^’j u’i'û.ivi ; k’irwrav : aux uns ils ont rendu le châtiment plus doux, à d’autres ils ont permis de ne pas tomber du tout et cela non seulement par leur enseignement et leur avis, mais le secours de leurs prières. Ce n’est pas seulement quand ils nous régénèrent, mais dans la suite ils ont aussi le pouvoir de remettre les péchés. Quelqu’un, en effet, est-il malade parmi vous… « [suit le texte de saint Jacques].

Les protestants estiment qu’en cet endroit saint Jean Chrysostome parle seulement de la rémission des fautes par la pénitence. Puller, op. cit., p. 45 sq. ; Kattenbusch, art. Œlung, dans Rcalencyclopâdie, Leipzig, 1904, t. xiv, p. 305 ; Daillé, op. cit. D’abord, on peut dire, comme l’observe très justement M. Boudinhon, toc. cit., p. 396, que le texte de saint Jean Chrysostome, « abstraction faite de toute relation au rite des malades, » est difficJe à interpréter « pour tout le monde. » Pour Puller, Kattenbusch, Daillé, autant que pour nous, « il est étrange, » au premier regard du moins, que saint Jean Chrysostome, « au lieu de recourir aux paroles de Notre-Seigneur » : Les péchés seront rc ; n ; s, etc., ait « préféré produire comme argument scripturaire le texte de saint Jacques. » Et les commentateurs qui veulent ne reconnaître ici que la