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EXTRÊME ONCTIOiN DANS L-ÉCHITUUE


Évangiles des prodiges sont présentés connue opérés ou pouvant l'être (in nom du Christ ; si on remarque qu’il est recommandé de prier en son nom et que l’usage de le faire s'établit, on conclura qu’ici où il s’agit de supplications et de guérison, le mot K’jpio ; s’applique à Notre-Seigneur.

Agir en son nom, c’est au moins poser un acte religieux et non pas seulement user d’un remède, essayer la vertu naturelle de l’huile. C’est davantage. Est-ce prononcer, invoquer avec foi le nom de.Jésus ? Probalilement. Si les presbytres agissent, prient en son nom, il est vraisemblable qu’ils soulignent cette manière d’opérer. Ainsi avait fait saint Pierre. Pour guérir le boiteux, il lui avait dit : « Au nom de JésusChrist de Nazareth, lève-toi et marche, » Act., iii, 6, et c’est ce qu’il appelle agir au nom de Jésus, Act., IV, 10 ; Paul avait fait de même pour chasser un esprit d’une esclave : « .Je te commande, au nom de JésusChrist, de sortir de cette fille, » Act., xvi, 18. Cet usage était répandu puisque des exorcistes juifs voulurent imiter l’apôtre et employèrent pour délivrer les possédés la formule : < Je vous adjure par.lésus que Paul prêche. » Act., xix, 13. Au baptême était prononcé le nom du Fils conjointement avec celui du Père et du Saint-Esprit ou seul, suivant certains interprètes. Voir Baptêime.

Et pourtant, la formule ici employée « au nom du Seigneur » semble exiger davantage. Déjà saint Jacques a parlé de la prière à prononcer sur le malade, il n’y a pas lieu de croire qu’il y revient. La phrase « priez en oignant d’huile et en invoquant le nom de Jésus » serait singulière. Auꝟ. 10 du c. v, il est dit que les prophètes « ont parlé au nom du Seigneur. » Le sens n’est pas douteux ; ils l’ont fait par son ordre, en vertu d’un mandat reçu de lui, en sa place. De même, dans le discours de saint Jacques conservé par le livre des Actes, xv, 14, les chrétiens sont appelés « un peuple qui porte h' nom de Dieu. > C’est sans doute une nation sur laquelle a été prononeé le nom du Seigneur, l’apôtre lui-même emploie cette expression dans le même entretien presque aussitôt, XV, 17 ; mais c’est plus encore : un mot se prononce en un instant. Il y a quelque chose qui est le nom du Seigneur et que les chrétiens portent, c’est sans doute sa marque, son œuvre, quelque chose qui vient de lui et le représente. Les presbytres doivent agir sur les malades au nom de Jésus, c’est-à-dire, tout ce qui précède l'établit, comme ses mandataires, sur son ordre, en sa place, et c’est pourquoi il est tout naturel qu’ils prononcent son nom. Tel paraît être le sens primitif et total de la locution employée.

Kal 7] £uy_r| T/i ; 7Tt'(JT£(.) ; T’oirei t’ov y.iu.vovTOt, el la prière de la foi sauvera le malade. Ce mot ej/r| indique bien la supplication. L’apôtre l’appelle une prière de foi. Cette expression a été entendue de beaucoup de manières. La supplication des presbytres, ont dit certains interprètes, est inspirée, accompagnée par la foi ; — c’est un acte qui tire son efficacité non de l’huile ou de la vertu magique des mots, mais de la foi de l'Église représentée par les presbytres, ou de celle de Jésus au nom duquel l’acte est accompli ; — c’est une intercession dont la foi seule révèle la puissance ; — c’est un rite que la foi des prêtres ou de l'Église porte à faire ; — c’est une intervention de la société des croyants, de la communauté ; — c’est une manifestation de cette vertu à laquelle on attribue la justification, le salut, etc. Certains exégètes ont même pensé à la foi du malade ; c’est d’elle qu’il serait question, en particulier de cette confiance absolue, de cette absence d’hésitation qui seule permet de recevoir du Seigneur ce qu’on désire, dit saint Jacques, I, 6. Mais l’apôtre n’a pas parlé de la prière du patient : cette explication est donc inadmissible. Quant

aux autres, elles sont acceptables, mais non déinontrées. Puisque l’expression de saint Jacques est très générale, pour être sûr de ne rien ajouter à sa pensée, il vaut mieux dire qu’il s’agit d’une prière à lacquellc d’une certaine manière, cpic l'Épîtrc n’cxplique pas, est liée la foi.

C’est avec la même préoccupation de ne pas dépasser le texte que nous croyons devoir entendre le salut attribué à la supplication des presbytres. Leur prière sauvera le malade. Selon certains interprètes, catholiques et protestants, il s’agit de la guérison du corps et d’elle exclusivement. Sauver, disent-ils, c’est garder vivant. Sauver un malade, c’est donc lui conserver l’existence du corps. Très souvent, le Nouveau Testament emploie le mot (T(.jî ; £tv dans ce sens, il serait même fastidieux de citer des exemples, tant l'énumération serait longue. D’autres commentateurs croient, au contraire, qu’il s’agit du salut de l'âme, de la libération du péché, de la délivrance de Satan, de la guérison des maladies spirituelles, de la résurrection et de l’admission dans le royaume messianique. Ils s’appuient sur plusieurs passages des Livres saints où le verbe sauver a ces significations ; sans doute, ce sens est dérivé, mais il est fréquent. Von Soden, HandCommentar zum Neuen Testament, t. iii, Dcr Brief des Jakobus, Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 201-202, croit aussi pouvoir justifier ce sentiment en soutenant que les mots employés pour désigner le patient s’appliquent non à un malade capable de guérison, mais à un moribond déjà condamné. Cette preuve est mauvaise : en réalité, toutes les expressions désignent une personne gravement atteinte, mais rien ne dit qu’elle soit perdue. Un assez grand nombre d’exégètes et de théologiens croient qu’il s’agit ici et de la santé du corps et du salut de l'âme ; ils admettent volontiers que l’accent est mis sur le concept de restitution de la santé.

Le recours à l’usage profane, à la Bible ou au Nouveau Testament tout entier ne permet pas de résoudre le problème. Si très souvent le mot sauver s’applique à l'âme, très souvent aussi il est pris au sens littéral. Le contexte seul permet de choisir. Si l’on consulte saint Jacques seulement, on constate qu’il emploie quatre autres fois le verbe (tûÇeiv et toujours pour désigner le salut de l'âme, i, 21 ; ii, 14 ; iv, 12 ; v, 20. Et il est utile de noter que, pour dire guérir, il se ; ert d’un autre terme très précis et qui ne permet aucune équivoque : « Priez l’un pour l’autre, dit-il, afin que vous sojez guéris, onM ; îxôyits, » v, 16.

Mais, objecte-t-on, le contexte ici tranche la question : puisqu’il s’agit de malades, le salut, c’est la santé du corps. Pas si vite. Tous les chrétiens sont invités à recevoir l’onction des presbytres, pourtant doivent-ils tous ne pas mourir ? I_, es fidèles, les lecteurs de l'Épître ne l’ont jamais pensé. L’apôtre ne le croyait pas ; et pourtant il n’hésite pas, il ne fait pas des promesses conditionnelles, il ne dit pas : la prière sauvera le malade, s’il plaît à Dieu, mais elle le sauvera. D’ailleurs, parce que quelqu’un est soulïrant, le salut ne cesse pas d'être pour lui la justification, la i& éternelle. Un malade a besoin de guérison, mais il lui faut aussi d’autres biens dont parle saint Jacques : la patience qu’il recommande avec tant d’insistance, I, 3 ; v, 7, 10, 11 ; un jugement miséricordieux, ii, 13 ; IV, 12 ; V, 9, 12 ; un heureux avènement du Seigneur, v, 7, 8 ; la fuite de la mort, v, 20 ; la couronne de vie, I, 12, et la possession du royaume, ii, ô. La lettre de l’apôtre est très courte : or, continuellement saint Jacques est hanté par la préoccupation de l’au-delà, il y revient à tout propos. Les peines de la vie présente ne sont pas un mal à ses yeux : Heureux qui supporte l'épreuve, i, 12 ; heureux ceux qui souffrent, v, 11 ; que le pauvre se glorifie de son élévation, le riche de