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EXÉGÈSE — EXODE

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des Livres saints. C’est une discipline theologique, qiii a à rechercher et à exposer ce sens.

Elle est nécessaire, parce que les Livres saints sont des livres anciens, partiellement obscurs, et inspirés. En raison de leur antiquité, ils traitent de faits et d’idées, qui sont bien éloignes de nous et que nous ne saisissons pas parfaitement à la simple lecture. Ils font souvent allusion à des usages et à des mœurs qui nous sont très étrangers et auxquels nous avons besoin d'être initiés pour comprendre leur texte. Enfin, puisqu’ils sont inspirés, ils expriment la pensée de l’Esprit qui inspirait leurs auteurs, et si c’est un défaut d’entendre à contresens les pensées de n’importe quel écrivain, ce serait un danger d’une gravité exceptionnelle que d’altérer celles que Dieu a voulu transmettre aux hommes dans les Livres saints. L’exégète doit donc appliquer sérieusement les règles d’interprétation qu’a fixées l’herméneutique sacrée.

Or ces règles sont de deux sortes. Les unes, qui découlent de la nature des Livres saints envisagés seulement comme livres anciens, sont générales, rationnelles, grammaticales et logiques. Les autres dérivent de leur qualité de livres inspirés et divins et elles sont dites particulières, traditionnelles, ecclésiastiques ou catholiques, parce que la tradition et l’autorité du magistère ecclésiastique ont parfois déterminé le sens (lu texte biblique et imposent des lois spéciales aux exégètes catholiques. Voir Interprétation de l'Écriture. En tant qu’elle applique les premières de ces règles, l’exégèse est dite scientifique, grammaticale, logique ; quand elle applique les secondes, elle est officielle, authentique, traditionnelle ou catholique. Pour être complète et adéquate, elle doit réunir ces deux caractères.

L’histoire de l’exégèse biblique comprend l’explication de l'Écriture chez les Juifs et chez les chrétiens, qu’ils soient croyants ou rationalistes. Elle n’est traitée <lans ce Dictionnaire que par les listes des commentateurs de chacun des livres bibliques.

Voir les ouvrages d’Introduction générale à la sainte Écriture et les articles sur l’Exégèse dans les encyclopédies récentes, par exemple, Kirchenlexikon, Fribourg-cn-Brisgau, 1886, t, iii, col. 1080-1121 ; Tlie catholic encyclopedia, New York, 1909, t. v, p. 092-706 ; Dictionnaire apologétique de la loi catholique de d’Alès, Paris, 1911, t. i, col. 1811-1841.

E. Mangenot.

EXODE, le deuxième livre du Pentateuque et le premier des livres du milieu. — I. Nom. IL Contenu. III. Théorie des critiques. IV. Authenticité mosa’ique. V. Doctrine. VI. Commentaires.

I. Nom.

C’est la transcription du mot grec i’IoSo ;, par lequel les Juifs hellénistes ont désigné le second livre de la Loi et qui a passé dans la Vulgate latine et, par elle, dans toutes les langues chrétiennes. Philon s’en sert quelquefois, quoiqu’il emploie plus souvent le mot équivalent ki^yinyr, . Ce nom ne correspond qu’au début de l’ouvrage, qui raconte la sortie des Hébreux de l’Egypte. Les Juifs de Palestine désignaient ce livre, comme les autres, par sespremiers mots : nia-- :  ; n’isi ou simplement niaù et par abréviation 's. Origène transcrivait le nom complet en caractères grecs : oOaÀEa-ixoiO. In ps. i, P. G., t. xii, col. 1084. Ce nom a passé des manuscrits hébreux aux Bibles hébraïques imprimées. Les rabbins nommaient ce livre ma-w -133, « le livre des noms » , ou '3u cain, « le deuxième cinquième » , c’est-à-dire le second livre du Pentateuque. J. Fûrst, Dcr Kanon des Allen Testaments nach den Ueberlieferungen in Talmud und Midrasch, Leipzig, 1868, p. 5-6.

IL Contenu. — C’est l’histoire d’Israël, après la mort de Joseph, de sa sortie d’Egypte sous la conduite de Moïse et d’une partie de la constitution religieuse que Dieu lui a donnée au Sina’i. Cette histoire

se poursuit dans les quatre livres suivants qui sont, eux aussi, à la fois historiques et législatifs. Si le Deutéronome a une physionomie à part et se distingue, comme la Genèse, des trois livres du milieu, voir t. IV, col. 651-652, ceux-ci forment un tout et leur séparation n’a peut-être pas eu d’autre raison que la nécessité de diviser en parts à peu près égales un ouvrage qui, autrement, aurait dépassé de beaucoup les dimensions d’un rouleau ou volume ordinaire. D’autre part, l’Exode, considéré comme livre séparé, ne présente pas de divisions bien marquées, en dehors du récit historique et de la partie législative. Aussi les exégètes en ordonnent-ils l’analyse un peu différemment.

La division la plus simple, celle qui cadre le mieux avec la marche de la narration, est de distinguer le récit des faits depuis l’oppression des Israélites par un nouveau Pharaon jusqu'à leur arrivée au Sinai, i, 1 - xviii, 27, de la législation religieuse donnée par Dieu au Sinaï, xix, 1 - xl, 36. — I" partie. — 1° Récapitulation des tôldôi de Jacob, Gen., xxxvii, 1- iv, 25, par rénumération des onze fils de ce patriarche qui étaient venus en Egypte, pendant que Joseph y gouvernait, et qui s’y étaient multipliés au point de remplir le pays, i, 1-7, et leur première oppression par un nouveau Pharaon qui n’avait pas connu Joseph, 8-22. 2° Histoire de Moïse avant sa vocation : sa naissance, sa préservation, son éducation, sa fuite au pays de Madian et son mariage avec Séphora, ii, 1-22. S" La vocation de Moïse : après la mort du roi oppresseur. Dieu entend les plaintes des Israélites et il choisit Moïse pour délivrer son peuple de la servitude de l’Egypte, ii, 23 - iv, 17. 4° Moïse remplit sa mission : il quitte son beau-père, retourne en Egypte et est bien reçu par le peuple, 18-31. Ses premières tentatives auprès du Pharaon n’aboutissent qu'à augmenter les charges des Israélites, qui se plaignent de Moïse ; lui-même se plaint à Dieu, qui lui renouvelle deux fois ses promesses, v, 1 - vi, 13. 5° Généalogie de Moïse et d’Aaron, 14-28. 6° Nouvelle mission de Dieu à Moïse et description des neuf premières plaies d’Egypte, vi, 29 - x, 29. 7° Annonce de la 10" plaie ; institution de la première Pâque ; après la 10'^ plaie, autorisation de partir accordée par le Pharaon et préparatifs du départ, xi, 1-xii, 36. 8° Le récit du départ est suivi de la législation concernant la Pâque future, xii, 37 - xiii, 16. 9° Itinéraire suivi par les fugitifs et traversée de la mer Rouge, xiii, 17 - xiv, 31, suivie du cantique de Moïse, XV, 1-19, et de Marie, sa sœur, 20, 21. 10 » Le récit raconte les diverses stations des Israélites à' Sur, à Mara, à Élini, au désert de Sin avec l’envoi des cailles et de la manne, à Raphidim, où l’eau sort du rocher et où les Israélites battent les Amalécites, xv, 22 XVII, 16. La visite de Jéthro est l’occasion de l’institution des juges, xviii, 1-27. — II<= partie. — Le campement au désert du Sinaï est signalé par la législation religieuse que Dieu donne à son peuple. 1 » Les préparatifs de la manifestation divine et la manifestation elle-même, xix, 1-25. 2° Promulgation du Décalogue, xx, 1-21, et du code de l’alliance, xx, 22 xxiii, 33, et conclusion de l’alliance, xxiv, 1-8. 30 Moïse pénètre seul dans la nuée et pendant 40 jours et 40 nuits y reçoit daDieu une description de l’arche d’alliance de la table des pains de proposition, du chandelier à sept branches, du tabernacle, de l’autel des holocaustes, des vêtements sacerdotaux, des rites de la consécration des prêtres, diverses lois concernant le culte, la désignation des constructeurs du tabernacle et la loi du sabbat, xxiv, 9 - xxxi, 18. 4° Pendant l’absence de Moïse, le peuple adore un veau d’or. Dieu s’en irrite ; Moïse intercède pour les coupables, brise les tables de la loi, renverse l’idole,