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ÉVÈQUES. ORIGINE DE L’EPISCOPAT


soupçon d’un état anlôricur où l’cvêque n’aurait pas été le représentant de l’ortliodoxie. Ce n’est pas tout. Hégésippe avait beaucoup voyagé ; et il voyageait dans le but de s’assurer que la foi était la mêiiic dans toutes les Églises et l’avait toujours été. Il était arrivé à cette constatation consolante qu’il « en était ainsi dans chaque ville et dans chaque succession » épiscopale : ce qui suppose évidemment des recherches remontant jusqu’aux origines. On comprend dès lors de quel intérêt seraient pour nous ses Mémoires.

C’est en vain que, pour infirmer l’autorité des listes épiscopales, on invoque certaines incohérences chronologiques et certaines incertitudes de la tradition. — 1. Incohérences chronologiques.

Tout le monde sait combien sujette ù l’erreur est la transmission des chiffres à c ; use (les lettres semblables qui les expriment. D’ailleurs, une date est beaucoup moins facile à retenir qu’un nom et les erreurs de mémoire portent principalement sur les nombres. Enfin les auteurs de Chroniques, tels que Jules Africain et Eusèbe, gardent7 naturellement l’ordre de succession traditionnel, mais ils se voient quelquefois contraints de déterminer les dates inconnues ou incertaines, d’après leurs calculs ou leurs conjectures ; car la chronique ne comporte pas le doute et chaque fait doit être enregistré à une date précise. Or une seule date erronée se répercute sur tout le système et répand sur toute la chronologie un peu de désordre et de confusion ; mais cela ne doit point, en bonne critique, jeter le discrédit sur les noms de la liste et leur ordre de succession qui restent invariables. — 2. Inceriiludes de lu Iradilion. — Ces incertitudes ne portent guère que sur des points accessoires ; la durée exacte de tel ou tel épiscopat, le synchronisme précis de tel ou tel avènement. Cf. Michiels, L’origine de l'épiscopat, Louvain, 1900, p. 325-336.

3° Preuves de jail. Origine apostolique de l'épiscopai dans quelques Églises. — 1. V Église de Rome. — Nous avons vu ci-dessus que saint Hégésippe, durant son séjour à Rome, avait dressé une liste des évêques de cette ville jusqu'à Anicet, liste qu’il compléta plus tard jusqu'à Éleuthère. II nous paraît indifférent de savoir si la liste donnée par saint Irénée est le fruit de ses propres recherches ou si elle est empruntée à Hégésippe. Irénée, qui avait visité Rome avant de composer son grand ouvrage, était très bie i placé pour une étude de ce genre. Voici cette liste, Cont. Imr., 1 III, III, 3 ; en grec dans Eusèbe, H. E., 1. V, VI, 1-4 :

0£ljÊ), i(ôaavTE ; o-jv /.aï Les bienheureux apôtres,

o ; xoôo|jir|(jate ; oi [Jiay.âfioi ayant fondé et édifié l'Église, à-ô(TT0).oi Tr, v èxy.), r)crtav, confièrent à Lin la charge de Ac’vo) T>, v tf, ç âTtiCTXOTir.ç Xeil'épiscopat. C’est de ce Lin TOUfYÎav £VE/, £tpt(jaV touque Paul fait mention dans Tou ToO.S. : /ou riaOÀoç èv ses épîtres à Timothée. A Lin raïç npbi ; TctJ.o6EOv ÈTtcaTOsuccéda Anaclet, après lequel Xaïç |ji[J.vr|Tai. AtaSé/.eTai Clément reçut l'épiscopat, le 8' aÙTÔv 'AvéY/.), r, To< ;, j.na. troisième depuis les apôtres. ToÛTOv 6à TpiTo) TÔTio) aiCd Celul-ci avait VU Ics bieulieuTÔv àTroaTd/uvTV âùtaxoreuxapôtreset conversé avec Ttriv 7.), -opovTai K), r| ! j.ïi :, ô eux et il avait devant les xal lopaxw ; to-j ; [xaxayeux ! a prédication et la traptou ; à7rouT6).ou ; y.al tuij.- dition apostolique encore « £êXïi>ià) ; aÙTOÏç xal ETt vivante. Du reste, il n'était ^vau).ov TÔ xr, p’JYu.a tûv pas le seul ; car beaucoup de àuoaTdXdûv -/.al Tr|V Ttapdcôoceux qui tenaient leur ins(ji’i TTpo oçOa), |j.(ôv ï-fbri, oj truction des apôtres vivaient ti.6vo{' STt i-àp -Kfùù.oi CiTieencore. )eÎ7rovTO -6ti (itiô -iû'i à-Kou-ôïw/ ÔEÎiîayjjivoi.

Après quelques détails étrangers à notre sujet, saint Irénée poursuit : « Clément eut pour successeur

Évarisle ; et Évariste, Alexandre ; Xyste fut établi ensuite, le sixième depuis les apôtres ; après lui, Télesphore, le glorieux martyr ; ensuite, Hygin ; ensuite. Pie ; après lui, . icet, auquel succède Soter ; maintenant Éleuthère détient l’héritage de l'épiscopat, au douzième rang depuis les apôtres. » Cette liste appelle quelques réflexions : a) Ce n’est pas la seule liste épiscopale que connaisse saint Irénée, mais c’est la seule qu’il veuille donner à cause de la dignité suréminente de l'Église romaine et parce qu’elle suffit à son but : montrer la contiimité de la doctrine apostolique. — b) On ne saurait douter de la compétence spéciale de l’auteur. Il avait probablement passé par Rome en allant d’Asie en Gaule ; en tout cas, il avait visité Rome en 177, Eusèbe, if. JS., 1. V, IV, 1-2, peu d’années avant d'écrire son grand ouvrage (vers 180) ; il s’intéressait aux choses de Rome sur lesquelles il a visiblement plus d’informations qu’il n’a l’occasion d’en utiliser. A propos de la controverse pascale, il énumère « les évêques qui ont gouverné l'Église romaine avant Soter, les Anicet, les Pie, les Hygin, les Télesphore, les Xyste, » comme ayant usé de condescendance à l'égard des quartodccimans. Eusèbe, II. E., 1. V, xxiv, 14. Il reproduit sa liste à rebours et s’arrête à Xyste, parce que ses renseignements, sur ce point particulier, ne vont pas au delà.

2. Église d’Alexandrie.

Les origines en sont fort obscures. La foi dut pénétrer de bonne heure en Egypte et en Cyrénaïque, car les gens de ces contrées affluaient à Jérusalem, Act., vi, 9 ; cf. Marc, xv, 21, et il y en avait notamment le jour de la Pentecôte. Act., ii, 10. Ce furent des Cyrénéens et des Cypriotes qui prêchèrent 'es premiers l'Évangile aux Grecs d’Antioche. Act., xi, 20. Lucius était de Cyrène, Act., XIII, 1, et Apollos, d’Alexandrie. Act., xviii, 24. Une tradition (cpa^tv) rapportée par Eusèbe, H. E., 1. II, XVI, 1, attribue à Marc la fondation de cette Église. Nous supposons, avec la généralité des historiens et des exégètes, que Marc ou Jean nommé Marc, Act., xv, 37 ; cf. xii, 12, 25, cousin de Barnabe, Col., IV, 10, disciple de Pierre, I Pet., v, 13, et de Paul, Philem., 24 ; II Tim., iv, 11 ; Act., xv, 39, auteur du second Évangile, est un seul et même personnage. La fondation de l'Église d’Alexandrie est aussi attribuée à saint Marc par saint Épiphane, saint Jean Chrysostome, saint Jérôme et d’autres écrivains grecs, latins et syriaques. Il est toutefois un peu surprenant que Clément d’Alexandrie et Origène, dans les ouvrages parvenus jusqu'à nous, ne mentionnent pas cette tradition. La question de dates est inextricable. D’après Eusèbe, Marc serait arrivé à Alexandrie la première (Cluvnique, version arménienne) ou la troisième année (Chronique, trad. de saint Jérôme) de Claude, c’est-à-dire en 41-42 ou 43-44 ; et il aurait cédé sa place à Anianus la huitième année de Néron, en 62-63. Au contraire, saint Épiphane et aussi apparemment Eusèbe dans son Histoire, 1. II, XVI, 1, veulent que Marc n’ait gagné l’Egypte qu’après avoir publié son Évangile. Avant 45, Marc était bien jeune et bien inconnu pour avoir été l’apôtre de l'Égjpte. Entre 45 et 47, il est au service de Paul. Vers 50 ou 51, il accompagne à Chypre Barnabe son cousin. II est de nouveau avec Paul en 61 ou 62, puis avec Pierre vers 65 et Paul le mande auprès ce lui à la veille de son martyre. Si Jean Marc a évangéUsé l’Egypte du vivant c’es deux grands apôtres, ce ne peut guère être qu’en pass nt et par intermittences. — Quoi qu’il en soit, voici la liste des évêques d’Alexandrie qu’Eusèbe donne dans son Histoire et dans sa Chronique, avec la durée de leur épiscopat et le synchronisme des empereurs : 1. Anianus ; 2. Abilius ;