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ÉVANGÉLIQUE (ASSOCIATION) — ÉVANGELIQUE (ÉGLISE)

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dOrr coinnic un office et non comme un ordre. Avant d'être diacre, il faut être reconnnandé par la Conjcrence du district, composée en majeure partie de laïques, subir deux années de préparation et être agréé par la Conférence annuelle. Un diacre qui, pendant deux ans, a fidèlement rempli son ofllce, peut être admis parmi les anciens : alors on lui confie la charge d’une congrégation ou paroisse. L’un des anciens, aijpcle Presiding Elder, est choisi par la Conférence annuelle comme chef de district (titre qui correspond à celui de doyen). C’est aussi parmi les cldcrs qa’on choisit, à la Conférence (jénérale, les évêques cliargés de l’administration de plusieurs districts : leur mission ne di re que quatre ans, mais ils peuvent être réélus. Aux évêques appartient l’administration générale de toutes les affaires importantes, le choix et l’ordination des diacres et des anciens, la distribution des offices : ils doivent veiller à ce que nul pasteur ne reste plus de trois ans consécutifs dans le même poste. Parmi les prédicateurs ou ministres, il en est d’itinérants, qui se consacrent entièrement à l'œuvre d'évangélisation, et d’autres, appelés prédicateurs locaux, qui, tout en ayant un métier, annoncent le dimanche la parole de Dieu aux ndèles._ Pour maintenir l’unité de gouvernement, il y a des assemblées ou Conférences : 1. La Conférence trimestrielle qui se réunit quatre fois par an dans chaque district, sous la présidence Aw Presiding Elder, et se compose non seulement des ministres, mais d’un certain nombre de laïques qui occupent diverses charges dans l’administration des églises du district ; c’est là qu’on recommande les candidats aux ordres, qu’on détermine le salaire des pasteurs, qu’on examine et qu’on discute les résultats des différentes œuvres entreprises dans toute la région. 2. La Conférence annuelle, présidée par un évêque, et où se réunissent les ministres placés sous ses ordres : elle est investie (Ui pouvoir administratif et judiciaire, mais non du pouvoir législatif ; on y examine toutes les questions d’intérêt général, on y juge toutes les personnes contre lesquelles ont été portées quelques accusations ; c’est là aussi qu’on choisit et qu’on ordonne par l’imposition des mains les candidats au ministère, là que l'évêque proclame les différentes nominations. 3. La Conférence générale, qui se tient tous les quatre ans : c’est à la fois le tribunal suprême qui règle en dernier appel tous les conflits, et légifère sur tout ce qui se rapporte au bon ordre de l’Association, sans pouvoir toutefois altérer les articles de foi.

Si parfaite que soit cette organisation au point de vue humain, elle n’a pu empêcher un schisme important de se produire : vers 1891, à la suite de longues dissensions doctritiales et personnelles entre deux évêques, R. Dubs et J. J. Esher, environ 25 000 membres de l’Association se retirèrent pour former une secte à part ou s’unir à d’autres églises. C’est que rien ne peut remplacer l’autorité divine que seule possède la véritable Église.

I"V. État actuel. — Fondée au début du xixe siècle avec 20 membres, l’Association évangélique se développa assez rapidement, surtout parmi la population d’origine allemande. En 1843, elle comptait 13000 membres adultes ; vingt ans plus tard, 47679 ; en 1883, elle atteignait le chiffre de 120 000, et en 1893, celui de 145829. Ce fut son point culminant : car, en 1911, elle n’a plus que 140 880 fidèles.

Cependant, elle ne cesse de faire de nouvelles con(luêles. Ainsi, « ^e 1908 à 1911, elle a reçu dans son sein 60 987 nouveaux membres, dont 43 962 convertis ; pendant la même période, elle a perdu 51 544 de ses enfants : ce qui laisse un gain de 9 443. Mais il est (les périodes où les pertes surpassent les gains.

Pour conserver et propager la foi, l’Association en tretient actuellement 1 263 ministres itinérants et 438 prédicateurs locaux, qui desservent 1 936 églises. Pour enseigner le catéchisme, elle a toute une petite armée d’instructeurs, 24 209, qui ont sous leurdirection 187 888 enfants. On voit par ces chiffres que le nombre des enfants dépasse celui des adultes ou communiants (140 880).

1 Pour former ses ministres, elle possède sept collèges ou séminaires, dont un en Allemagne et un

j autre au Japon. Afin de préserver la jeunesse contre le flot montant de l’incrédulité et de l’immoralité, elle a fondé en 1890 une association, appelée Young People’s Alliance, qui aujourd’hui ne compte pas moins de 42 894 membres. Une société de dames a été fondée en 1883 pour favoriser l'œuvre des missions.

La presse étant un iiuissant levier, surtout aux États-LInis, elle ne pouvait négliger ce moyen d’apostolat. Dès 1815, elle acquif une petite imprimerie, et aujourd’hui elle possède à Cleveland (Ohio) une immense maison d'édition (Publishing house), qui chaque année verse, sur ses bénéfices, 250000 dollars (1 250 000 fr.) pour l’entretien des ministres devenus incapables de travailler, de leurs veuves et de leurs orphelins. Outre des livres de propagande, elle publie plusieurs revues et magasins (magazines) : le Christliche Bolsctiafter, revue hebdomadaire en allemand, fondée en 1836, et qui est l’organe officiel de l’Association ; YEvangelical messengcr, fondé en

I 1847 pour les lecteurs de langue anglaise ; le Living epistle, magasin mensuel qui a pour but d’entretenir

i l’esprit chrétien ; Das Euangelisclie Magazin, qui poursuit le même but en langue allemande ; le Missionary messengcr, revae mensuelle des missions.

L'œuvre des missions n’a pas, en effet, été né } gligée. En 1854, des missionnaires furent envoyés en Allemagne, pour y introduire un peu plus d’esprit

I évangélique et de vie chrétienne. Un certain succès a couronné ces efforts puisque, en 1893, il y avait déjà

> 10 741 membres de l’Association, avec un séminaire à Reutlingen, et une imprimerie florissante à Stuttgart ; en 1911, le nombre des ministres s'élève à 124.

I La Suisse est en ce moment évangélisée, et quelques congrégations y ont été formées sous la conduite de 40 prédicateurs. Une mission a été ouverte au Japon en 1876, et aujourd’hui elle compte une trentaine de ministres, dont les deux tiers sont Japonais, et un millier de fidèles : elle a un séminaire et publie un journal, le Fulcuin-no Tsukai.

En résumé, ce qui distingue l’Association évangélique, c’est moins sa doctrine, empruntée à diverses sources, que ses efforts pour répandre l’esprit chrétien et la morale évangélique.

S. C. Breyfogel, Landmar}(S of Ihe EuanQelical Association, Cleveland ; V. W. Orwig, Histonj of tlie Evangctical Association, Cleveland, 1858 ; Oswald Seidenstieker, Geschiclilsblaller, NewYork, 1886 ; S. P. Sprong, Life of[ bishop Jolm Seybert, Cleveland, 1888 ; Hislonj of ilie Evangelicat Association, American Cftarcli liislonj séries, New-York, 1894, t. XII, p. 383-439 ; Yeakel, R. Albrighl and lus cotaborers, Cleveland, 1883 ; History of tlie Evangelicat Association, 1892 ; Congress of tlie Evangelicat Association ^ Cleveland, 1894 ; G. Heinmiller, Récent stalistics, notes, manuscrites gracieusement envoyées à l’auteur de cet article.

A. Tanquerey.

    1. ÉVANGÉLIQUE (ÉGLISE)##


2. ÉVANGÉLIQUE (ÉGLISE). Ce nom désigne l’essai de réunion des diverses confessions protestantes dont la monarchie prussienne prit, au xixe siècle, l’initiative. Déjà les premiers réformateurs s'étaient présentés comme des chrétiens évangéliques. Ceci ne les avait pas empêchés de se diviser en un nombre considérable de sectes et de petites églises. Luthéranisme, calvinisme, zwinglianisme, tels étaient les rameaux les