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1613 ÉVAGRE LE SCHOLASTIQUE — EVANGÉLIQUE (ASSOCIATION) Krli

possède de lui une Histoire ecclésiastique en 6 livres, qui va de -131, date du concile d'Éphèse, à 593, date de la mort du patriarche Grégoire. Les sources qu’il a utilisées sont innombrables, plusieurs sont citées par lui et quelques-unes ont même été retrouvées depuis. Son Histoire ecclésiastique est remarquable par l’orthodoxie et, somme toute, par l’impartialité ; on lui reproche toutefois, à la suite de Photius, un peu de prolixité. C’est la meilleure histoire des querelles nestoriennes et monophysites qui troublèrent si vivement les Églises orientales aux v" et vi'e siècles. Undeuxième ouvrage, cité par lui et aujourd’hui perdu, formait surtout un recueil de relations, lettres, édits, discours, etc., dont une bonne partie avait été rédigée au nom du patriarche Grégoire. La meilleure édition de l’Histoire ecclésiastique était ccUq de Valois qu’avait reproduite Migne, P. G., t. lxxxvi, col. 2405-2906 ; celle de Bidez et Parmentier, dans les Byzantine texts de Bury, Londres, 1899, est préférable à tous les points de vue, car elle est vraiment critique.

Bidez et Parmentier, op. cit. ; Krumbacher, Gescliirlite der byzantinisclien Lilteratur, Munich, 1897, p. 245-247 ; Bardenhewer, Palrologie, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1910, p. 479.

S. Vailhé.

    1. EVANCE##


EVANCE, abbé de Troclar, au diocèse d’Albi, vécut à la fin du viie siècle. Mabillon lui attribue une lettre Contra eos qui sançjuincm immundum animalium esse judicant et carneni iimndani esse dicunt, opinion fort répandue à cette époque dans les environs de Saragosse. Ce petit traité, reproduit dans P. L., t. Lxxxviii, col. 717, fut publié pour la première fois d’après un manuscrit de Saint-Gall par Henri Canisius au t. V b, p. 533, de ses Antiquæ lectiones, 6 in-4°, Ingolstadt, 1602-1604, et placé sous le nom d’Evance, évêque de Vienne mort en 586. Le cardinal d’Aguire, au t. III, p. 86, de sa Collectio conciliorum Hispania-, 4 in-fol., Rome, 1693, lui donna ensuite pour auteur un archidiacre de Tolède nommé Evance, qui vivait vers 630. L’opinion soutenue par Mabillon semble la plus probable.

Mabillon, Acta sanctoriim ord. S.Benedicii, ssec. ni, part. II, in-fol., Paris, 1672, p. 5-lQ ; Annales ordinis S.Benedicii, infol., Lucques, 1739, t. i, p. 560 ; Histoire littéraire de la France, in-4°, Paris, 1735, t. iii, p. 652 ; dom Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiatiques, 1150, t.xvii, p. 763 ; Fabricius, Bibliotheca latina médise mtatis, in-8°, 1858, t. ir, p. 525.

B. Heurtebize.

    1. EVANGÉLIQUE (ASSOCIATION)##


1. EVANGÉLIQUE (ASSOCIATION). C’est le nom qu’on donne à une de ces nombreuses sectes ou dénominations protestantes qui fleurissent en Amérique. — l. Origine. IL Doctrines. IIL Organisation. IV. État actuel.

I. Origine.

L’Association évangélique (Evangelical Association) est un rameau détaché du méthodisme (voir ce mot), qui lui-même s’est séparé de l'Église anglicane. Voir Anglicanisme, t. i, col. 1281 sq. Son fondateur, Jacob Albright (d’où le nom d’Albrighls donné parfois à ses disciples), était né en Amérique, en 1759, auprès de Pottstown, en Pensylvanie, d’une de ces familles allemandes qui étaient venues chercher au Nouveau-Monde un peu de Lien-être et de liberté religieuse. Baptisé et confirmé dans le luthéranisme, il ne pratiqua guère cette religion qu’il trouvait trop froide pour son âme ardente ; et jusqu'à l'âge de trente-deux ans il s’occupa beaucoup plus de son métier de fabricant de briques que de son salut éternel. Mais en 1790 la perte de plusieurs de ses enfants et les prédications éloquentes de deux ministres l’impressionnèrent vivement et le convertirent ; il se joignit alors aux méthodistes qui évangélisaient la région qu’il habitait.

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Six ans plus tard, se sentant appelé à la vie apostolique, il s’occupa surtout de la conversion des Allemands dispersés dans la Pensylvanie, le Maryland et la Virginie. Pour assurer leur persévérance, il crut devoir les grouper en une association spéciale, qui le choisit pour chef en 1803. Un peu plus tard, eu 1807, une Conférence générale le reconnut pour évêque et lui confia la mission ('e rédiger des articles de foi. Il mourut en 1808, sans avoir pu mettre la dernière main à cette rédactioi. Ce fut un de ses disciples, George Miller, qui la termina l’année suivante : retouchée par J. Driesbach et H. Niebel, elle fut définitivement adoptée par la conférence générale de 1816. Ainsi fut fondée l’Association évangélique.

II. Doctrine.

Cette doctrine, exposée dans les 21 articles de foi de 1816 et commentée dans le Manuel doctrinal et le Grand catécliisme, se ressent de son origine. Elle emprunte à Luther et à Calvin ses dogmes principaux, en rejetant toutefois la théorie de ce dernier sur la prédestination pour embrasser les vues d’Arminius, voir t. i, col. 1968 ; elle adopte les conclusions pratiques des méthodistes sur la conversion, la justification et la sanctification. C’est donc une doctrine conserya^/'ï'ce par opposition aux théories avancées des libéraux : la divinité de Jésus-Christ y est clairement enseignée. On en jugera par ce court exposé. La seule règle de foi est la Bible, les symboles des différentes Églises n’ayant qu’un but, celui d’assurer l’unité d’enseignement conformément aux divines Écritures. Il y a trois personnes en Dieu, et ces trois personnes ne font qu’un seul Dieu. Créé dans un état de justice et de sainteté, l’homme perdit ce privilège par la faute d’Adam, et devint absolument incapable de vouloir et de faire le bien. Mais racheté par Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, il peut être justifié et sauvé en répondant à l’appel de la grâce. Cette grâce. Dieu l’offre à tous les hommes, et il veut sincèrement le salut de tous. Pour être justifié, le pécheur doit se repentir et croire en JésusChrist. Le repentir est suivi de la conversion ou du changement de vie ; la foi en Jésus-Christ est surtout un acte de confiance eu ses mérites infinis, et d’amour par lequel on se donne librement à Dieu. Dieu alors nous justifie, c’est-à-dire pardonne nos péchés et nous accepte comme justes ; il nous régénère, en nous donnant la force de mener une vie divine ; il nous sanctifie, en nous aidant à déraciner nos mauvaises tendances et à marcher vers la perfection chrétienne. Les moyens principaux pour l’atteindre sont la prière et l’observation du décalogue. L'Église, c’est-à-dire la société des croyants unis par l’obéissance au même Christ, facilite notre sanctification en prêchant, par ses ministres, la parole de Dieu, et eu administrant les sacrements, qui sont des signes visibles de la grâce. Il n’y en a que deux : le baptême, par lequel nous entrons dans l'Église, et la cène qui nous rappelle la passion du Sauveur et nous fait participer, par la foi, aux fruits de la rédemption. Ceux cpii se seront ainsi sanctifiés jouiront d’un bonheur éternel ; les méchants seront éternellement séparés de Dieu.

III. Organisation.

Cette organisation, modelée sur celle des calvinistes ou presbytériens, est fondée sur ce principe que tous les fidèles sont prêtres, et que par conséquent il n’est besoin ni de succession apostolique ni de consécration épiscopale pour transmettre les pouvoirs du sacerdoce. Pour devenir ministre de l'Évangile, deux -conditions sufiisent : l’appel intérieur de l’Esprit, et l’ayrément des autres ministres, sur la recommandation des fidèles. L’imposition des mains qui constitue l’ordination n’est qu’une pure cérémonie empruntée au livre des Actes. Deux degrés seulement tlans la hiérarchie : celui des diares et celui des anciens (elders) : car l'épiscopat est c^nsi-