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EUCHARISTIE D’APRES LE CONCILE DE TRENTE


ce sacrement. 6. Dans les hosties ou parcelles consacrées qui restent après la communion, il n’y a plus le corps du Seigneur ; il n’y est que pendant qu’on le reçoit, ni avant, ni après. 7. C’est une loi divine que le peuple même communie sous les deux espèces ; il y a donc péché à forcer le peuple à ne se servir que d’une seule ; et pourtant, si le concile ordonnait que l’on communiât sous les deux espèces, il faudrait alors ne communier que sous une seule. 8. Sous une seule espèce, il n’est pas contenu : utant que sous les deux, et celui qui coiumunie sous une espèce ne reçoit pas autant que celui qui communie sous les deux. 9. Lu foi seule est une préparation suffisante à la réception de l’eucharistie ; on n’est pas obligé de communier à Pâques. 10. Il n’est permis à personne de se communier soi-iuême. » Raynaldi, A/ï/ia/t’s, an. 1547, n.28 ; Le Plat, i/o/î(jme ; iI. ad hisloriam concilii tridenlini, Louvain, 1783, t. iii, p. 505 ; Theiner, op. cil., t. I, p. 408 ; S. Elises, Concilium tridenlinum, 1911, t. V, p. 869-871.

Dès le 3 février, commencèrent les discussions des théologiens ; elles eurent lieu tous les jours, excepté les dimanches, jusqu’au 19 inclusivement, sous la présidence du cardinal de Sainte-Croix, le cardinal del Monte, premier président, étant alors occupé par les congrégations générales où les Pères discutaient parallèlement d’autres sujets. Près de quarante prélats et plus de soixante théologiens y assistèrent. Trente et un de ceux-ci y prirent la parole, parmi lesquels les deux théologiens di pape, les jésuites Salmeron et Lainez. Cf. Ehses, op. cit., t. v, p. 872-874, 876-878, 879-880, 882-892, 897-902, 905-907, 912, 921, 923, 925-926, 928-929, 931-932, 933-934, 936-959, 960-961.

A vrai dire, les discours des théologiens, tels que nous les trouvons résumés par le secrétaire du concile, Massarelli, sont moins la discussion du texte proposé que la justification de la doctrine de l'Église sur les points en litige. Cependant, quelques modifications furent proposées. A propos du 2'^ article, on fit remarquer que le mot de manducation spirituelle ( ; emanduit à être expliqué, puisque, dans un sens, il est très orthodoxe, la communion n'étant pas la manducation charnelle du corps du Christ. Theiner, op. cit., t. I, p. 415, 443 ; Ehses, t. v, p. 883-884. Pour le 8% plusieurs théologiens, et en particulier Lainez, Theiner, ibid., p. 443, demandèrent que la seconde partis fût formulée avec plus de précision ; s’il est très vrai, en effet, que l’on reçoit Jésus-Christ tout entier sous une seule espèce, il est moins sûr que l’on reçoive autant de grâce que le prêtre qui communie sous les deux espèces ; et il faut éviter de dirimer par une condamnation trop générale une question jusqu’alors librement débattue entre catholiques. Plusieurs regrettèrent aussi que le 9'^ article condamnât comme hérétiques ceux qui nieraient la nécessité de la communion pascale, puisqu’il s’agit d’un précepte de l'Église et non d’une doctrine révélée. Theiner, ibid., p. 408. lit enfin on désira une autre rédaction du dernier article, puisqu’enfailil n’est pas permis généralement de s > communier soi-même, mais seulement en cas de nécessité ou s’il s’agit du prêtre qui célèbre. Theiner, ibid., p. : 431.

Aux dix articles projetés, quelques théologiens, surtout François Visdomini, André Vega et I^ainez, Theiner, ibid., p. 429, 442 ; Ehses, t. v, p. 902, 928, 934, proposèrent d’en ajouter d’autres ; l’un d’eux mérite d'être signalé, car nous le retrouverons dans }es projets ultérieurs : c’est l’erreur qui affirmerait que l’eucharistie n’a été instituée que pour la rémission des péchés. C’est une erreur, disait Lainez, car l’eucharistie est sacramentum rcjectionis, non rcmissionis. Ehses, t. v, p. 9J4.

Aussi, le 6 mars, quand on distribua aux Pères les exemplaires des articles qu’ils allaient à leur tour discuter, on les divisa en trois catégories : la première renfermait ceux que tous les théologiens avaient jugés dignes d'être condamnés tels quels ; la deuxième, ceux dont plusieurs théologiens avaient demandé une retouche ; ime troisième contenait onze nouveaux articles qui avaient été proposés par quelques-uns. Merkle, op. cit., t. i, p. 023 ; Theiner, loc. cil., p. 466 ; Ehses, t. V, p. 1007-1008.

Les Pères pouvaient, en effet, s’occuper maintenant de l’eucharistie, car, le 3 mars, dans la VIP^ session, ils avaient publié les chapitres et canons sur les sacrements en général, le baptême et la confirmation. Donc, le 7 mars, en congrégation générale, le cardinal de Sainte-Croix, en l’absence du cardinal del Monte, souffrant des yeux, annonça aux Pères le nouveau sujet qui allait leur être soumis ; le 8, commencèrent les discussions et elles se poursuivirent le 9 ; une quarantaine de prélats purent exprimer leur avis. Ehses, t. v, p. 1010-1013.

Mais les délibérations n’allèrent pas plus loin. Depuis longtemps, la situation politique et les difficultés avec les protestants inspiraient des inquiétudes et les départs d'évêques se faisaient de jour en jour plus nombreux ; de plus, l’attitude de CharlesQuint était de nature à alarmer le pape ; il était à craindre que le concile, réuni dans une ville allemande et immédiatement soumise à l’autorité impériale, ne jouît pas d’une entière indépendance ; et enfin on raconte que des paroles très vives échangées entre le cardinal del Monte et le cardinal Madrucci, évêque de Trente, auraient rendu pénibles les relations entre les membres du concile. L^ne maladie épidémique éclatant à Trente fut l’occasion de transférer le concile dans une ville qui ne fût pas sous le pouvoir de l’empereur. Le décret de translation fut lu à la VIII'^ session, le Il mars ; les Pères étaient invités à se rendre à Bologne pour y continuer sans retard leurs travaux.

2° Les discussions à Bologne en 1517. — Peu d'évêques répondirent à l’invitation. CharlesQuint se refusait à accepter que le concile se réunît hors de ses États ; les évêques allemands et espagnols, obéissant à ses ordres, demeurèrent à Trente au nombre d’une quinzaine. D’autre part, les évêques français, qui avaient été peu nombreux à Trente à cause de la guerre entre François I' et Charles -Quint, ne vinrent pas davantage à Bologne. Il n’y eut donc dans cette dernière ville que peu de prélats, presque tous italiens.

Aussi ne crut-on pas pouvoir y prononcer de définitions en nuitière de foi ; tout se passa en travaux préparatoires.

Le 9 mai, le cardinal del Monte proposa aux Pères de compléter la discussion des articles sur l’eucharistie, restée en suspens depuis le 9 mars. II annonça que l’on avait dressé sept canons ; un exemplaire serait donné à chaque prélat. Massarelli, Diarium, IV, dans Merkle, op. cit., t. i, p. 650 ; Severolus donne le texte de quatre canons. Merkle, p. 146. Le cardinal de Sainte-Croix expliqua ensuite qu’on avait intentionnellement omis l’article où il était question de ce qu’on reçoit sous une ou deux espèces ; car, dit-il, si les théologiens sont unanimes à affirmer qu’il n’y a, entre les deux sortes de communion, aucune différence quoad sacramentum, ils ne le sont plus lorsqu’il s’agit de la grâce qui y est conférée.

L’examen des canons, commencé le 13 mai, s’acheva le 10. Les 17, 21 et 23, une commission retoucha les canons, conformément aux vœux émis et en ajouta un 8° sur la foi, disposition à la communion. Le 25, dans une congrégation générale à laquelle assistaient