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EUSTATHE DE SEBASTE

EUSTATHIENS

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une lettre aux évêqucs d’un district du Pont, Episl., cciii, d’autres aux liabilants de Xéocésarce, au clergé et aux notables de cette ville. Episl., cxxvi, cciv, ccvii, ccx, ccxi. Cf. Allard, op. cit., ]). 127-128.

De plus en plus isolé dans son pays, Eustathe prit le parti de se rapprocher de ses anciens amis, les macédoniens. « Ceux-ci tinrent en 376 un concile à Cyziquc. Il y alla. On adopta dans cette réunion une nouvelle profession de foi, où Vhomoousios fut de nouveau répudié et remplacé par Vhomoiousios ; le Saint-Esprit y était mis au nombre des créatures. Eustathe signa cette formule, et précisa ainsi son attitude, en se classant parmi les pneumatomaques. » Duchesne, loc. cit., p. 411-412.

Nous ne savons pas exactement à quelle date mourut Eustathe : en 376, saint Basile le présentait comme étant d’un âge très avancé, Episl., ccxliv, 4, col. 916 ; c’est en 377 que l'évêque de Césarée le mentionne pour la dernière fois. Episl., cclxiii, 3, col. 977. C’est, en tout cas, après sa mort ou après sa déposition, que Pierre, le plus jeune frère de saint Basile, monta, en 380, sur le siège épiscopal de Sébaste.

Au rapport de Sozomène, H. E., 1. III, c. xiv, 31, quelques-uns attribuaient à Eustathe le Liber ascei. icus de saint Basile. Mais c’est une attribution erronée. Loofs, op. cit., p. 97, n. 1, et Rcalencyclopàdie, t. v, p. 630.

Outre les sources utilisées et citées au cours de l’article, qui sont surtout les lettres de saint Basile, les écrits de Socrate et de Sozomène, on peut consulter les travaux suivants : Le Quicn, Oriens christianus, Rome, 1740, t. i, col. 421-423 ; Tillemont, Mémoires pour servir n V histoire ecclésiastique des sir premiers siècles, Paris, 1703, t. i., art. 35, p. 79 sq. ; Ceillier, Hisioire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 2e édit., Paris. 1865, t. iii, p. 514 sq. ; t. iv, p. 361, 363, 444, 451-453, 484-485 ; Loofs, Eustathius von .Sebaste und die Chronologie der Basilius-Briefe, Halle, 1898 ; art. Eustathius von Sebaste, dans Realencgclopadie liir protestanlische Théologie und Kirche, Leipzig, 1898, t. v, p. 627-630 ; Gwatkin, Studies of arianism, chiefly referring lo the character and chronologij of the réaction which followed the council o/ Nicœa, Cambridge, 1882 ; du mémo, The arian controversij, Londres, 1889 ; E. Venables, art. Eustatliius of Sebaste, dans Dictionanj of Christian hiographij, Londres, 1880, t. II, p. 383-387 ; Schleyer, art. Eusiallùus von Sebaste, dans Kirclicnlctikon, Frihourg-en-Brisgau, t. iv, 1886, col. 1017-1019 ; Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, Paris, 1907, t. II, p. 381 sq., 395 sq., 403 sq., 4Il sq., 420 ; Allard, Saint Basile, Paris, 1899, p. 123-128 ; Hefcle, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. i, p. 1029 sq.

S. Salaville.

    1. EUSTATHIENS##


1. EUSTATHIENS, secte d’ascètes cappadocicns, dont les abus furent condamnés parle concile de Gangres vers le milieu du ive siècle. Les deux historiens Socrate, II. E., 1. II, c. xuii, et Sozomène, H.E., 1. III, c. XIV ; l.V, c. XXIV, P. G., t. lxvii, col. 352 sq., 1068 sq., disent expressément que les eustathiens condamnés au concile de Gangres étaient les partisans d’Eustathe de Sébaste. « Cette identification, mise en doute par Baronius et quelques autres historiens, paraît aujourd’hui bien assurée depuis la démonstration que les éditeurs mauristes de saint Basile et Néander en ont faite. » Leclercq, dans Hefele, Histoire des conciles, Paris, 1907, t. i, p. 1029, en note. Socrate et Sozomène sont d’autant plus dignes de foi sur ce point que nous n’avons aucun écrivain plus ancien qu’eux à leur opposer, et que d’autre part leur témoignage au sujet d’Eustathe et de sa doctrine est absolument conforme à ce qu’en dit la lettre synodale du concile de Gangres. Les textes des deux auteurs et ce document concordent sur le nom d’Eustathe, sur ses disciples, sur ses erreurs ; et si la lettre synodale ne donne point à Eustathe le titre d'évêque de Sébaste, c’est sans doute que ce personnage n’avait pas encore cette dignité, le concile s'étant tenu probablement

vers 340, et Eustathe étant monté sur le trône de Sébaste vers 356. Du moins, la pièce conciliaire insinue qu’il avait répandu ses erreurs en Arménie, puisque c’est aux évêques de cette province qu’elle est adressée. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 2<= édit., Paris, 1865, t. iii, p. 514. Au témoignage de Socrate et de Sozomène il faut ajouter l’autorité de saint Basile. Celui-ci afhrme, dans ses lettres, que les disciples d’Eustathe de Sébaste, par leur dissimulation et leur fausse piété, rendaient odieuse la vie ascétique. S. Basile, Ep/s^, cxrx, col. 537. « Or, nous voyons par les canons du concile de Gangres, qu’Eustathe et ses disciples y furent condamnés pour avoir introduit des nouveautés contre l'Écriture et les canons, et abusé des exercices de la vie ascétique, pour s'élever avec arrogance au-dessus de la vie la plus simple. » Ceillier, op. cit., p. 515. Voir Mansi, Concil., t. ii, col. 1095.

Parmi les historiens qui ont mis en doute l’identification de l’Eustathe condamné au concile de Gangres avec Eustathe de Sébaste, il faut surtout citer Baronius, An/ia/es, an. 364, n. 45 ; Blondel, De p/ ; ma/ ! (, p. 138, et Ellies du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1693, t. ii, p. 339. Baronius, an. 361, n. 51, a proposé de substituer au nom d’Eustathe celui d’Eutarte, personnage originaire des environs de Satala dans l’ArménieMineure, selon le témoignage de saint Épiphane. Hær., xl, 1, P. G., t. XLi, col. 680. Mais c’est à tort, car tous les exemplaires des actes du concile de Gangres portent uniformément Eustathe et non Eutarte. Ceillier, ibid.

Le Libellus si/nodicus du concile dit que « le concile s'était réuni pour régler certaines questions ecclésiastiques et examiner l’affaire d’Eustathe ; il avait trouvé que beaucoup d’illégalités avaient été commises par les eustathiens ; c’est pour cela qu’il avait cherché à remédier au mal causé par lui. » La lettre synodale énumère ensuite les désordres des eustathiens. Les voici, tels que les présente Hefele, op. cit., p. 10311032 : 1° Les eustathiens condamnant le mariage et soutenant que tout espoir en Dieu est perdu pour les conjoints, ils ont détruit plusieurs unions, et la continence ayant manqué à plusieurs de ceux qui se sont ainsi séparés, ils ont été la cause d’adultères ; 2° à cause d’eux, plusieurs ont abandonné les assemblées liturgiques et organisé des conventicules ; 3° ils méprisent la manière ordinaire de s’habiller et en ont introduit une autre (probablement en harmonie avec leurs idées d’ascétisme et de vie religieuse) ; 4° à raison de leur sainteté /.a- : ' po/riv, ils ont droit, disent-ils, aux prémices des fruits portés à l'église ; 5° les esclaves abandonnent leurs maitres et les méprisent, troublés par leur nouvelle manière de s’habiller ; 6° les femmes portent l’habit d’homme et croient, par ce moyen, acquérir la justice ; plusieurs se coupent les cheveux sous prétexte de piété ; 7° ils jeûnent le dimanche et, par contre, ils mangent les jours de jeûne prescrits par l'Église ; 8° quelques-un< ; prohibent tout usage de viande ; 9° ils refusent de prier dans les maisons de gens mariés ; 10° et de participer au sacrifice eucharistique dans ces maisons ; 11° ils méprisent les prêtres mariés et ne veulent pas prendre part à leurs sacrifices ; 12° ils méprisent la synaxe faite en l’honneur des martyrs et ceux qui y prennent part ; 13° ils croient que les riches qui n’abandonnent pas tout doivent perdre l’espoir d’aller au ciel. « En outre, ils enseignent des choses non fondées en raison, ils ne s’entendent pas entre eux, et chacun soutient ce qui lui semble bon. Le concile les condamne et les déclare exclus de l'Église ; au cas où ils reviendraient à de meilleurs sentiments et anathématiseraient leurs erreurs, qu’ils soient reçus. » Hefele, op. cit., p. 1032. Ce résumé des désordres