Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée
1561
1562
EUSTATHE D’ANTIOCHE (SAINTl


sans, y comptait aussi un bon nombre d’ennemis. Sa succession occasionna un schisme, les eustathiens refusant de se rallier aux évêques ariens d’abord, puis même à saint Mélèce et aux évêques mélcciens. Le sciiisme cessa en partie sous l’épiscopat d’Alexandre en 417, mais ne disparut complètement qu’à la fin du V siècle, au moment où les reliques de saint Eustathe furent apportées à Antioche.

II. Écrits et théologie.

Eustathe d’Antioche a été fort loué par les Pères et les écrivains ecclésiastiques, non seulement comme un saint évêque et un glorieux confesseur, mais aussi comme un docteur éclairé qui laissa de nombreux écrits de théologie ou d’exégèse. Un seul de ces traités nous a été conservé en entier : c’est le De engastrimylho ou dissentation contre Origène au sujet de la pythonisse d’Endor : Kaià’QptyÉvou ; et ; t’o t ; y i’; -^(a.r ! xpii.Ji’iM Ôeù’ipriua StaYvtoaxtxoç. Eustathe y combat l’opinion d’Origène sur l’évocation de Samuel par la sorcière. Il y « cherche une via média entre le littéralisme strict I et le pur allégorisme : c’est au demeurant une vigoureuse critique de la méthode d’exégèse alexandrine. » Batifïol, L’i littérature grecque, Paris, 1897, p. 271. Dom Geillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1865, t. iii, p. 163, déclare que cette dissertation « est un des plus beaux monuments de l’antiquité sacrée, pour l’esprit et pour le raisonnement. >i Eustathe s’y montre ouvertement ennemi d’Origène, jusqu’à reprendre même en lui « des choses qui paraissent peu répréhensibles. » Tillemont, op. cit., p. 31. Édité une première fois à Lyon en 1629 par AUatius, qui le traduisit en latin, cet écrit a été plusieurs fois réimprimé, notamment dans P. G., t. xviii, col. 613-674. Une nouvelle édition en a été donnée par A. Jahn, Des heiligen Eustathius Bcurtheihing des Origenes, dans Texte und Untersuclmngen, Leipzig, 1886.

Des autres écrits d’Eustathe il ne nous est resté que des fragments, qui nous ont été transmis par des auteurs postérieurs et qu’on trouve pour la plupart réunis dans Migne, sous ce titre : Fragmenta ex libris S. Eustathii episcopi Anliocheni deperditis, P. G., t. XVIII, col. 6’75-695. Saint Euloge d’Alexandrie lui attribue six traités, Xo^oj ;, contre les ariens, xaià àpï’.avdiv, dont il cite un passage. Photius, Bibliotheca, col. 225. Facundus d’Hermiane, Pro defensione trium capitulorum, 1. XI, c. i, P. L., t. lxviii, col. 795-796, rapporte aussi des passages du 1. VI, contre les ariens, mais il en cite également d’un 1. VIII, où Eustathe expliquait divers textes de l’Évangile ou des Psaumes touchant l’incarnation du Verbe. Saint Jérôme, De viris, c. Lxxxv, connaît de lui un traité De anima, dont Théodoret, Eustrate de Gonstantinople, saint Jean Damascène (voir les références, pour ces derniers, dans P. G., t. xviii, col. 687 sq.) donnent des fragments, et que les auteurs de Rerum sacrarum libri II, Léonce et Jean, intitulent aussi y.xzhi. f.XoTo^jfuv, Mai, Collectio nova veterum scriptorum, t. vii, p. 85, ce qui signifie probablement qu’ils étaient encore dirigés contre les ariens. On a vu signalé, au cours de la notice biographique, le discours ou traité sur Prov., viii, 22 : Deminus creavit me initium viarum suarum, dont Théodoret cite d’assez longs extraits, P. G., t. xviir, col. 675684. Au VII « concile œcuménique, on cita un commentaire d’Eustathe sur Prov., ix, 5 : Comedite panem meum et bibite vinum quod miscui vobis, où l’évêque d’Antioche emploie le mot antitijpe à propos de la matière de l’eucharistie. P. G., ibid., col. 683-686. Théodoret, Eranistes, dial. i-iii, et Léonce de Byzance, Contra monophysitas, dans Mai, op. cit., p. 135, rapportent des passages d’un traité sur les titres de quelques psaumes, XV, lvi, et psaumes graduels, ainsi que d’un commentaire des psaumes xv et xcii. P. G., ibid.,

col. 685-688. Saint Jérôme, loc. cit., cite, sans dire d’où elle est tirée, l’opinion d’Eustathe sur Melchisédech.Gf. P. G., ibid., col. 696. Enfin, un traité sur l’érection du litre, lhp’jTqKoypac^s’.txç >, oyoc, est cité par saint Nicéphore dans ses Antirrhelica, II, xix, Pitra, Spicilegium Solesmense, t. i, p. 351, et par une Chaîne grecque éditée à Leipzig en 1772, P. G., loc. cit., col. 695-698 : il s’agit de l’échelle mystérieuse de Jacob et de la croix dont elle était la figure. Quant aux lettres d’Eustathe, nous n’en avons aucune, bien que, au dire de saint Jérôme, ’loc. cit., elles fussent très nombreuses : Exslant infinitx epistolæ, quas enumerare longum est. F.Cavallera a édité récemment sous le nom d’Eustathe d’Antioche une homélie christologique, S. Eustathii episcopi Antiocheni in Lazarum, Mariam et Martham homilia christologica nunc primum [e codice Gronoviano édita cum commentario de fragmentis euslathianis, Paris, 1905. Mais L. Saltet, Bulletin de littérature ecclésiastique, 1906, t. VIII, p. 120 sq., a prouvé que cette homélie « contient un vocabulaire théologique qui est d’une date très postérieure à Eustathe. » Ainsi, elle parle du Saint-Esprit consubstantiel au Père, de la Trinité consubstantielle, p. 39-40 ; d’autres expressions sur l’union des deux natures dans le Christ, p. 40, 44, 48, 50, supposent les controverses de l’apollinarisme et du nestorianisme. L’examen philologique confirme d’ailleurs que cette homélie ne saurait être attribuée à Eustathe. « Il faut la ranger parmi les textes apocryphes qui ont été composés au ve siècle pour appuyer la théologie de Chalcédoine. » Saltet, loc. cil., p. 122. Cf. C. Baur, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1907, t. viii, p. 330.

Aux fragments d’Eustathe recueillis par Migne, après Fabricius, complétés par les fragments syriaques édités par.I.-P. Martin et Pitra, Analecta sacra, Paris, 1883, t. ii, Prolegomena, p. xxxviii-xl ; t. IV, p. 210-213 (sauf les n. 5 et 6 contre Photin, qui sont inautlientiques, Loofs, op. cit., p. 627), il faut joindre les fragments que transcrit Gavallera et dont L. Saltet a relevé la liste. Les sources rfe /"EpaviCTTiii ; rfe Théodoret. II. Un document perdu du concile d’Éphese de t/31, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1905, t. VI, p. 517, 520-521.

Migne donne, d’après Grégoire de Gésarée, l’allocution à l’empereur Gonstantin, qu’Eustathe aurait prononcée à l’ouverture du concile de Nicée. P. G., t. xviii, col. 673-676. « Mais de la manière dont il est conçu, on voit bien que ce discours est postérieur même au I «  concile de Gonstantinople, où la foi sur les trois personnes de la sainte Trinité fut exprimée plus nettement que dans les précédents, quoique pourtant avec moins encore de précision qu’elle ne l’est dans ce discours. » Geillier, loc. cit., p. 167.

Sous le nom d’Eustathe d’Antioche, AUatius a édité à Lyon, en 1629, un Commentaire {’Y ko}.^i r^i.3.) sur VHexaméron, ou plutôt une chronique allant de la création jusqu’à l’époque des Juges. Migne l’a réimprimé, avec les longues et savantes notes d’AUatius. P. G., t. XVIII, col. 703-1066. Mais les critiques regardent généralement cet ouvrage comme apocryphe. Tillemont, loc. cit., p. 31 ; Geillier, loc. cit., p. 166-167 ; Boschius, dans Acta sanctorum, loc. cit., n. 39, p. 139 ; Fessler-Jungmann, Institutiones patrologiæ, Inspruck, 1890, t. I, p. 430, note 5, avec les autres références qui y sont indiquées.

Enfin, on trouve dans Migne, loc. cit., col. 697-704, en traduction latine, la liturgie syriaque mise sous le nom de saint Eustathe d’Antioche, d’après l’édition de Renaudot, Liturgiarum orientalium collectio, 2e édit., Francfort, 1847, t. i, p. 234 sq. Mais on sait que ces attributions liturgiques ne font qu’indiquer le culte et l’estime dont jouissent les personnages en question.

La théologie d’Eustathe est surtout antiarienne.