nients d’Eusèbe et d’Arius. Il se peut que Socratc et Sozomène aient mis par niégarde sur le compte des évêques de Nicomédie et de Nicée ce qui conviendrait beaucoup mieux à Sccundus et à Théonas ; en tout cas, cette lettre suppose Arius déjà réhabilité, et ceci n"eut lieu que plus tard, en 335, à Jérusalem ; elle est donc à écarter ici et ne peut entrer en ligne de compte pour expliquer le rappel des deux évêques exilés. Cf. Tillemont, Mémoires, t. vi, p. 810 ; de Broglie, L’Église et l’Empire romain au /ve siècle, 5<^ édit., Paris, 1869, t. ii, p. 132-133 ; Mgr Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, 2<^édit., Paris, 1907, t. ii, p. 166, note 1. Voir t. i, col. 1799-1800.
m. Rôle depuis son retour d’exil jusqu’à la MORT DE Constantin. — 1° Débuts de la réaction antinicéenne. — L’6 ! j, oo’Jt ; oç de Nicée impliquait nettement la consubstantialité du Père et du Fils sans nuire en rien à l’unité de Dieu ; mais, dans l’anathème, rrJTi’a et jTîoiTTacT’.ç étaient pris comme synonymes, ce qui s’entend sans peine si on les traduit par essentia et siibstantia, en les opposant à persona. Or, faute encore d’une terminologie précise et arrêtée, quelques Orientaux ne distinguaient pas suffisamment de la persona, Vo-ùaioL, essence, et Vù-kôutoigi :, substance. Pour ceux-ci, V61.ootut.oç de Nicée, énonçant l’unité ou la communauté d’o’jnia. et d’JTroiTTacriç, entraînait, croyaient-ils, une conséquence fâcheuse pour l’existence et la distinction réelle des trois personnes divines ; et c’est pourquoi, partant d’une supposition erronée, mais que semblait justifier l’emploi de termes mal définis, ils ne se gênaient point pour accuser de sabellianisme les partisans du consubstantiel. Voir t. i, col. 1801. Ils formèrent ainsi le parti eusébien, celui des origénistes subordinatiens avec Eusèbe de Césarée et celui des lucianistes avec Eusèbe de Nicomédie, qui menèrent une campagne acharnée contre tous les soutiens du concile de Nicée et, par là même, contre le concile.
2° Eusèbe de Nicomédie contre Eustathe d’Antioche.
A peine rappelé d’exil et réintégré sur son siège, d’où
l’on fit descendre Amphion sans autre forme de jirocès,
Eusèbe de Nicomédie réussit peu à peu, par sa souplesse
et ses intrigues, à capter la faveur de Constantin
et à exercer la plus funeste influence sur lui.
Il entra dans les vues de sa politique religieuse, et,
tout en ayant l’air de les seconder de son mieux pour
assurer, comme le désirait l’empereur, la pacification
religieuse et l’orthodoxie de la foi, il poursuivit en
réalité la satisfaction de ses propres ressentiments.
Il se donna donc pour but d’écarter ou de briser les
principaux tenants du concile de Nicée et de réhabiliter
son ami Arius. La tâche n’était pas aisée, mais elle ne
paraissait pas au-dessus de son habileté et de son énergie.
Il s’y appliqua avec méthode et persévérance.
Son adversaire le plus redoutable allait être le jeune
évêque d’Alexandrie, Athanase, successeur d’Alexandre ;
il songea bien à faire contester son élection pour
pouvoir disposer de son siège en faveur d’un ami ou
d’une créature, qui lui aurait permis d’avoir la haute
main sur l’Egypte, mais ce fut en vain. S. Athanase,
Epist. heort., Chronicon sijriacum, P. G., t. xxvi,
col. 1352 ; Socrate, H.E., i, 23, P. G., t. lxvii, col. 141.
Il s’en prit alors à son supérieur immédiat, le patriarche
d’Antioche, Eustathe, en faisant valoir
contre lui l’accusation de sabellianisme, déjà formulée
par Eusèbe de Césarée. Sous prétexte d’aller voir à
Jérusalem les monuments qu’y faisait élever la munificence
impériale, il partit avec Théognis et traversa
la capitale de la Syrie où Eustathe, malgré leurs
dissentiments antérieurs, lui fit bon accueil. Mais,
au retour, changement de front : il avait entraîné
avec lui plusieurs évêques, parmi lesquels celui de
Césarée, et tout aussitôt se réunissant en concile, il fit
instruire le procès d’Eustathe, en l’accusant d’erreur contre ife foi et de fautes contre les mœurs. On condamna le patriarche et on le déposa. Philoslorge, II, 7, P. G., t. Lxv, col. 469 ; Socrate, H. E., i, 24 ; Sozomène, H. E., ii. 19, P. G., t. lxvii, col. 144, 987 ; Théodoret, H. E., i, 20, P. G., t. lxxxii, col. 968. Conformément à cette décision, et peut-être aussi, comme le laisse entendre saint Athanase, pour avoir manqué d’égards en paroles envers sa mère, Hélène, Constantin fit exiler Eustathe, qui alla mourir en Thrace et qui fut la première victime d’Eusèbe de Nicomédie. Le siège d’Antioche fut offert à Eusèbe de Césarée, qui le refusa, en donnant pour raison, dans sa lettre à Constantin, que les lois canoniques s’opposaient à la translation des évêques, ee dont l’empereur le félicita. Vita Constantini, iii, 6, P. G., t. XX, col. 1133. Moins scrupuleux, Paulin de Tyr accepta : c’était un ami et un allié sur lequel Eusèbe de Nicomédie pouvait compter. L’influence prépondérante d’Eusèbe se manifestait ainsi par un acte d’injustice. Constantin était entré dans ses vues ; car il est à remarquer que dans l’édit de 331, où il interdisait absolument aux hérétiques de tenir des réunions, l’empereur nomme bien les novatiens, les valentiniens, les marcianites, les paulianistes et les montanistes, et passe uniquement sous silence Arius et les ariens. Vita Constantini, iii, 64, P. G., t. xx, col. 1140.
3° Eusèbe de Nicomédie en faveur d’Arius.
Il
s’agissait maintenant de préparer les voies au rappel et surtout à la réhabilitation d’Arius ; Eusèbe de Nicomédie escomptait la faveur impériale. La chronologie relative aux divers incidents de cette affaire est assez embrouillée ; à défaut donc d’une exactitude rigoureuse difficile à justifier, il convient de citer les faits dans la suite qui paraît la plus vraisemblable. En 332 ou 333, à l’instigation d’Eusèbe de Nicomédie, Constantin manda Arius ; mais Arius, qui ne s’était point prêté aux compromis des évêques de son parti au concile de Nicée et qui avait plus de fierté que son ami Eusèbe, se fit prier. Constantin lui écrivit pour l’inviter à s’expliquer auprès de l’homme de Dieu, ainsi qu’il se qualifiait lui-même. Cette fois, Arius se décida et présenta une formule de sa pensée, qui était passable, mais qui ne contenait pas le mot de Nicée, l’ojj.ooJ’jio :. Constantin s’en contenta, mais cela parut louche aux nicéens. Restait à faire rentrer Arius et les siens dans la communion de sa propre Église d’Alexandrie ; ceci était moins facile. Eusèbe écrivit lui-même à saint Athanase pour le prier de recevoir Arius à sa communion. Les porteurs de sa lettre avaient ordre d’insinuer que sa docilité agréerait à l’empereur et serait un acte prudent, sans quoi il s’exposerait à des mesures désagréables. Athanase resta sourd à une prière et à des conseils qui ressemblaient singulièrement à une injonction. Sur ce, nouvelles instances de la part d’Eusèbe de Nicomédie, appuyées d’une lettre impérative de Constantin. L’insuccès fut le même. Eusèbe dut agir de nouveau sur l’empereur, car celui-ci écrivit alors une lettre pleine de menaces. Athanase fit savoir que l’Église ne peut avoir rien de commun avec l’hérésie qui faisait la guerre à Jésus-Christ. Momentanément, il réussit à écarter l’orage qui le menaçait. Apol. coni. arianos, 59, 60, P. G., t. xxv, col. 356, 357. Mais il y avait en Egypte le groupe schismatique et toujours remuant des mélétiens, qui lui suscitait pas mal d’embarras, et dont Eusèbe de Nicomédie, avec autant de perfidie que d’obstination, allait se servir comme d’instruments malhonnêtes, qui ne reculaient ni devant l’arbitraire, ni devant les calomnies. Là était le danger. Voir t. i, col. 1802-1803.
4° Eusèbe de Nicomédie contre Athanase.
Cet
échec passager n’avait pas découragé Eusèbe de