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EUSÈBE DE DORYLEE — EUSÈBE D’ÉMÈSE


nonça, au nom du concile, contre Dioscore. Sur ce point, Eusèbe de Dorylée eut complètement gain de cause : il était réhabilité, tandis que son ennemi était justement condamné.

Il eut tort néanmoins, à la XV session du 31 octobre, de se séparer des légats qui avaient soutenu sa cause et de procéder, en leur absence, avec les autres membres du concile, à la rédaction du canon 28. Aétius, en efïet, avait proposé à l’assemblée de régler conciiiairement la situation du siège de Constantinople au point de vue de la hiérarchie et de la juridiction. Les légats du pape, n’ayant point de mandat à ce sujet, durent refuser de siéger ; mais les évêques, passant outre, décidèrent que l’évêque de Constantinople, la nouvelle Rome, aurait une préséance d’honneur, et aussi de juridiction, sur tous les auties évêques après celui de Rome. Une telle décision ressemblait à un coup d’État et devait motiver les justes réclamations du pape. Eusèbe de Dorylée eut tort d’y prendre part.

Après le concile de Chalcédoine, il n’est plus question de lui ; on ignore la date de sa mort. Il avait été un laïque instruit, clairvoyant et zélé ; il fut un cvêque intrépide et ardent, et, pour tout dire d’un mot, un vrai confesseur de la foi.

I. Sources.

La plupart des détails relatits à Eusèbe de Dorylée se trouvent dans ce qui reste de Marins Merdator, part. II, 1. I, P. L., t. XLvm, col. 769 ; dans Liberatus, Breviariiim, iv, xi, xil, P. L., t. Lxviii, col. 974, 998, 1005 ; Socrate, H. E., vii, 32, P. G., t. lxvii ; Léonce de Byzance, Contra nestorianos et euiijch., lii, 43, P. G., t. r.xxxvi, col. 1389 ; Evagrius, H. E., i, 2, 4, 9, P. G., t. Lxxxvi, col. 2440 sq. ; Théophano, C/i/onogr., 5923, 5940, 5941, P. G., t. cvni, col. 236, 260, 261 ; Hardouin, Colleclio maxima conciliorum, Paris, 1715, t. ii ; Mansi, Concil, Florence et Venise, 1759-1798, t. vi, vu.

II. Travaux.

Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, Paris, 1701-1709, t. xiv, p. 318, 319, 327, 511, 751, 753 ; Geillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1861, t. viii, p. 397, 398 ; t. x, p. 23, 669-685 ; Hefele, //is/oirc des conciles, trad.Leclercq, Paris, 1908, t. ii, p. 517, 521-534, 561 sq. ; Tli. Mommsen. dans Ncnes Archiv, 1885, t. xi, p. 364-367 ; Largent, I.c brigandage d’Êphèse et le concile de Chalcédoine, dans Etudes d’histoire ecclésiastique, Paris, 1892 ; Loo{s, A’es/o ; -i((n « , £)(e Fragmente des Nestorius, Halle, 1905 ; Mgr Ducliesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1910, t. m ; Migne, Dictionnaire de patrologie, Paris, 1851-1855, t. Ii, col..578-581 ; Smith et Vi’ace, Dictionarg of Christian biograpliy ; Realeiugklopadie fUr protestajitische Théologie, 3e édit., Leipzig, 1898, V Eulgchès ; Kirchenlexicon, 2e édit., Fiibourg-on-Brisgau ; U. Chevalier, Répertoire, Bio-bibliographie, Paris, 1905, t. I, col. 1413.

G. Bakeille.

    1. EUSÈBE D’ÉMÈSE##


5. EUSÈBE D’ÉMÈSE, syrien de race, et le principal porte-parole, avec Basile d’Ancyrc et Georges de Laodicée, du parti des macédoniens ou pneumatomaques, était originaire d’Édesse et y appartenait à une famille très considérée. L’histoire ne nous a pas conservé la date précise de sa naissance ; tout concourt néanmoins à la placer vers la fin du ine siècle ou dans les premières années du iv". Les écoles d’Édesse, fameuses dans tout l’Orient, rivalisaient avec celles d’Antioche et d’Alexandrie ; on y trouvait, pour l’exégèse sacrée comme pour les lettres humaines, des professeurs renommés, et Eusèbe sut profiter à merveille de leurs leçons. Il est vrai que sa biographie par Georges de Laodicée a péri ; mais des emprunts que Socrate, Sozomène, etc., y ont faits, il ressort que le jeune étudiant eut notamment pour maîtres en cxégèsedeuxhommesd’uncaractère ondoyant et d’une foi peu sûre, Eusèbe, le futur évêque de Césarée, et Patrophile, le futur évêque de Scythopolis en Palestine, qui, tous les deux, exerceront sur sa pensée une influence durable. Puis, pressé par la soif de savoir, désireux aussi de se dérober aux obligations et aux

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dangers de l’état ecclésiastique, Eusèbe partira successivement pour Antioche et pour Alexandrie ; après quoi, il reviendra vivre à Antioche, dans l’entourage de l’évêque Flaccillus. Les eusobiens, l’estimant l’homme le plus propre à calmer l’émotion populaire provoquée dans Alexandrie par le bannissement de saint Athanase, le choisirent, dans le concile d’Antioche de 341, pour succéder au grand défenseur de la foi de Nicée. Très sensément, Eusèbe refusa, connaissant bien l’attachement passionné des Alexandrins à leur patriarche légitime. Plus tard, il acceptera le siège d’Émèse en Phénicie ; mais il ne laissera pas, avec sa réputation d’arianisnie et de magie, de s’y heurter à de violentes résistances, dont il n’aura pas raison du premier coup, et dont l’entremise de Placidius et de Narcisse lui permettra seule de triompher. Tel était son crédit sur l’esprit de l’empereur Constance qu’il dut accompagner ce prince dans sa campagne contre les Perses en 338, et il semble bien que, depuis lors, il a toujours vécu près de Constance. Il mourut à Antioche, non pas, comme on l’avait cru généralement, en 360, mais vers 359 ; la preuve en est que le concile de Séleucie, de 359, porte déjà la signature d’un certain Paul, avec le titre d’évêque d’Émèse. Écrivain très fécond en même temps que très distingué et très apprécié, Eusèbe ne s’est pourtant pas survécu jusqu’à nous dans ses ouvrages. Un livre Adversus Judœos, un autre Aduersiis génies, un troisième Adversus novatianos, un commentaire en dix livres sur l’Épître aux Galates, un commentaire sur la Genèse, une série de courtes homélies sur les Évangiles, en un mot, toutes les œuvres authentiques d’Eusèbe d’Émèse ont été emportées, avec la littérature arienne, dans la déroute de l’arianisme en Orient, ou du moins, n’ont laissé que peu de traces dans les Chaînes. Voir P. Uspensky et V. Benésevic’, Catalogue des manuscrits grecs du monastère de Sainte-Catherine au Sinaï (en russe), Saint-Pétersbourg, 1911, t. I. Cf. Revue biblique, avril 1912, p. 294-295. Les textes grecs, publiés par J. Augusti, In Euseb. Em. adnotutiones, Elberfeld, 1829, et réimprimés, P. G., t. Lxxxvi, col. 463 sq., sont suspects, et dénotent pour la plupart, selon Thilo, Ueber die Schriften des Eusebius von Alcxandrien und des Eusebius von Emisa, Halle, 1832, la main d’Eusèbe d’Alexandrie, lequel vivait au vi » siècle. Il faut toutefois rendre à Eusèbe d’Émèse les deux premières au moins des 14 homélies latines que le P. Sirmond a publiées en 1643 sous le nom d’Eusèbe de Césarée, et qui, avec le titre de De fide adversus Sabellium, prennent l’une et l’autre à partie Marcel d’Ancyrc. P. G., t. XXIV, col. 1047-1208. Cf. Thilo, op. cit., p. 64 sq. ; Tillemont, Mémoires, t. vi, p. 60 sq.

Mais sont apocryphes incontestablement deux gros recueils d’homélies latines, l’un de 56 homélies ad populum et monaclios, l’autre qui contient 145 ou plutôt 142 homélies in Evangelia festosque dies totius anni, imprimés tous les deux d’abord à Paris, celui-là en 1547, celui-ci en 1554. De ces recueils, le premier, formé très probablement par l’évêque d’Angers, Eusèbe-Bruno († 1081), n’est qu’une compilation de divers auteurs gaulois, saint Hilaire d’Arles, saint Eucher de Lyon, Fauste de Riez, saint Césaire d’Arles, etc. Bibliotlieca maxima Patrum, Lyon, 1677, t. vi, p. 618-675. Le second recueil, avec ses 145 ou 142 homélies, empruntées, et d’ordinaire mot pour mot, au commentaire sur les Évangiles de saint Bruno de Segni († 1155), est, selon toute apparence, l’œuvre de ce dernier. P. L., t. cxlv, col. 747-864. L’attribution de ces deux recueils à Eusèbe d’Émèse vient peut-être de quelque demi-savant, qui, les ayant trouves l’un et l’autre sous le seul nom d’Eusèbe et se souvenant que l’évêqued’Émèse avait écrit nombre d’homé V. - 49