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DAVID DE DINAN — DEBONNAIRE


m trois catégories, les corps, les âmes, lei substai séparées. Il appelait Yle (ûXyj) le premier indivisible qui est le fondement des corps, el Noym fvoû ; ) ou esprit |e premier indivisible qui esi le fondement des âmes ; quant au premier indivisible parmi les suhsi éternelles, il l’appelait Dieu ; el il disait que ces trois onl une seule et même chose, et, par suite, que toutes choses sont par essence un. t In IV Sent., I. II. dist. XVII, q. i, a. I : Cont. yen ! ., I. I. c. xvii.

Panthéisme matérialiste : ses fâcheuses an quences. — Ainsi donc David de bin ; ui a professé le panthéisme connue certains philosophes grecs et cornue' Amaurj de Chartres, mais avec cette différence caractéristique qu’au lieu ih foire de Dieu, comme eux, soit l'âme du monde, soit le principe formel des êtres, il en a fait le principe matériel. Or, de quelque manière qu’on professe le panthéisme, les conséquences ne peuvent être que désastreuses au point de vue de la foi et des mœurs. Il n’est donc pas étonnant dés lors que David de Dinan ait été condamné par l'Église, au même titre qu’Amaury de Chartres, Les conséquences désastreuses tirées pratiquement de l’enseignement d’Amaury par ses disciples, nous les connaissons : elles n’allaient à rien moins qu'à ruiner de fond en comble la foi. la religion chrétienne, son culte, sa morale. Ils prétendaient, en effet, que l’histoire du monde se partage en trois périodes successives, gouvernées chacune par l’une des trois personnes de la Trinité, à l’exclusion des deux autres. La première, le l'ère, s'était incarnée dans la personne d’Abraham, et régna par la loi écrite et le rituel mosaïque jusqu’au moment où le Fils, s’incarnant dans la personne de Jésus, substitua l’Evangile, l'Église et les sacrements à la loi, à la synagogue et aux rites juifs. Mais, à son tour, le règne du Christ touchait à sa fin et devait faire place définitivement à l'économie nouvelle, celle du Saint-Esprit. Car désormais, pensaient-ils, c’est le Saint-Esprit qui s’incarne, non plus dans une personne isolée, mais en chacun de nous, et par là même nous libère vis-à-vis de l'Évangile, de l'Église, de son symbole, de ses commandements, de ses sacrements et de ses rites liturgiques. C'était, on le voit, sous couleur religieuse, secouer tout joug, proclamer l’indépendance et l’autonomie individuelle et. à vrai dire, supprimer non seulement le catholicisme, mais encore toute religion.

D’aussi funestes conséquences découlaient logiquement du système panthéistique de David de Dinan avec une note matérialiste plus accentuée encore. Que David les ait tirées lui-même dans ses écrits ou dans ses paroles, c’est ce qu’aucun renseignement contemporain n’autorise à penser. Mais elles étaient faciles à tirer, et il suffisait que ses principes les continssent pour que sa doctrine fût réprouvée et condamnée. On s’explique par là que ses Quaternuli, notamment, aient été interdits : ils renfermaient en particulier l’hérésie du panthéisme matérialiste.

Source de ses erreurs.

t'ù donc David avait-il pu puiser un tel enseignement ' La question, inl santé au point de vue de l’origine et de la filiation de son panthéisme, est assez difficile à résoudre d’une manière précise, i I elle a exercé la sagacité inves trice desérudits. La simple juxtaposition de son nom à côté de celui d’Amaurj et d’Aristote pourrait la croire à un rapport d’effel a cause ; il n’en est rien, car. ainsi que nous venons de le voir, la pensée de David n’est à identifier ni avec celle des philosophes panthéistes de l’antiquité grecque ou latine, ni avec celle d’Amaurj de Chartres. On soupçonne bien ses attaches intellectuelles soit, par Amaurj. avec Jean Scot Êrigène, soit avec quelques œuvres d’Aristote connues alors par des traductions arabes, notamment avec celle d’un certain Alexandre, ainsi que l’a cru Jourdain, Mémoires de l’Académie des inscript, et belles-lettres, Paris, 1870,

t. x.wi. p. 167-496, soit, comme le pense Hauréau, ibid., 1879, t. xxix. p. 319-330, et // a philo sophie tcolaslique, Paris, 1880, IIpartie, t. r, | avec hDe unitate >[ l< /'

l’archidiacre de Ségovie, Dominique Gundisalvi, qui serait fauteur du livre faussement attribué à Alexandre, -oit enfin avec le 1 d’Avicebron, commi

croit de W’ulf, Histoire de lu philosophie médiévale, Paris, 1900, p. 225. Mais quoi qu’il en soit de la réalité de ces attaches, et quelles que soient les inlluences qu’il a subies et les sources ou il a puis, ., il n’en n pas moins qu’il ne g’est pas laiss r, qu’il a

voulu penser par lui-même et philosopher pour son propre compte. El il se trouve que -a philosophé un rationalisme intempérant et un assaut livré a la foi catholique. Par là, beaucoup plus encore que par son panthéisme matérialiste, il a droit 'nui

les ancêtres des libres-penseursuivants.

Alhert le Grand, Sum.^theol., part. 1. ir. IV. cj. xx, i

mas, In IV Sent.. LU, dist. XVU.q. i. : ', , t..

1.1, c. xvii ; Sa, , , , theol., I*, q. m. a.* : Cuillaume Le Breton. De

gestis Pliilippi A ugusli, dans/ ; -'/ ii, , , Gallic. scriptores  t xvii.

hronicon Laudunensis canonici, ibid., t. xviii,

p. 715 : Martin de Pologne, Chronicon, Anvers, 1574 : Césalre

erbach, lllustr. mirac. el historia memorabitis, 1. V. c. xxii ; Trivelh, Clironicon, dans le Spicilegium <ie d’Achery, Paris, 1723, t. m ; Prateolus, Elenchus hxres., Cologne, 15*1. Du Boulay, Hist. univers. parisiensis, Paris, 1666, t. in. p. 678 ; Thomasius, Origines historix philosophiez et eccleiese, Halle, 1699 ; Duplessis d Argentré, Collectio judic. de novis erroribus, Paris, 1728. t. I, p. 132 sq. ; Brucker, Hist. critic. philosophiss, Leipzig, 1700, t. iii, p. 692 rdein,

Dgenuina Amalrici a Boni ac Daoidis de Dinant'. china, Giessen, 1842 ; Amalrich von Bena.und Davi Dinant, dans Theologische Studien, 1*17 ; Mipne.Dicf.de*

s, t. i. p. 643-6U ; Marin, Diction, phit. théoL sculast., 185 i, t. I, p. 758-700 : Franck, Dictionnaire / sophiques, Paris. 1885 ; Xouvelle biographie universelle, Paris. 1855 ; Hefele. Histoire des Conciles, trad. frane., Paris,

t. viii, p. 99 sq. ; Kirclienlextlcon, t. m. c L IM7Jourdain, ili les sources phit es hérésies

d'.maury d<" Chartres et de David de Dinan, dans kmoires de l’Institut impérial de France. Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, 1870, t. XXII, p. 467-498 ; Hauréau, Sur la vraie source des erreurs atl

79, t. xxix. p. 319-330 ; Histoire de la, scolastigue, Paris. 1880, II' partie, t. i. p. 73-82 ; Jundt. // du panthéisme populaire au moyen âge, P - Hann,

Amalrich von Bena und David von Dinant, eiu L'

: ur Geschichte der nligiôscn Bewegungen in Frankrcich ru

Beginn des 1.1 Jahrh.. Yillach, 1882 ; Denifle, Chartularium unie. Parisiensis. Paris. 18s'.'. t. i, p. 7<>-71. 79 ; Realencyclo t. iii, p. ÔÛ5-506 : De W’ulf, Histoire de la philot médiévale, Louvain, Paris, I l hevalier, Réper toire. Hiu-bibtiog lit., t. I, col. 11564157.

G. IUreille. DEBONNAIRE, DE BONN AIRE Louis, prêtre tho logien, né à Ramerupt-sur-Aube, mort i Paris le SB juin I7.V2. Il appartint pendant quelques années à la Coi gation de l’Oratoire. Janséniste ardent, il se déclara

ridant contrelesconvuUionnaires.il publia de nombreux écrits dont beaucoup sont anonymes L Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle a flexions et îles prières, i n- 1 _ et in- 1 s. | louen,

I719, ouvrage qui eut plusieurs éditions ; Paralli lu morale des jésuites et de cellt Troyes, I728 ; Examens critique, physique et théo que des convulsions et des caractères di croit iondons les acciden nvulsionm

l ! parties in-'i. I733 ; Les - a nés évangéliques qui contiennent des réflexions morales pour chaque jour, 1 in-S ". Paris, I7 : i."> ; Trailé historique et critiqu lu fin du monde, de la venue d'Élie et du retou Juifs, 3 in-12, Amsterdam, I7 : 17-I7 : is. ouvrage attribué aussi.i l’abbé Mignot ; Les leçons de la défauts des hommes. ;  ! in-12, La Haye. 1 73$1-$2 T, tn ; oi ou la défense prétendue du sentiment