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DANSEI RS

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Beaucoup plus explicite encore est Radulphe de Rivo, doyen de Congres, mort en I W). au c. i di Ua pontificum Leodiensium, que Chapeaville a inel annoté dans ses Gesta pontif. Tongretuium, Trajectensium et Leodiensium, Liège, 1612-1616, t. iii, p. 19-22. La Becte, dit-il, vint de la haute Allemagne

: 'i Aix-la-Chapelle, puia à Utrecht, puis à Liège. Chaque

jour survenaient de nouveaux danseurs, et leur mal devint contagieux. Car on vit unefouli sains

de corps et d’esprit, soudainement saisis par les démons, se joindre à la danse. Quelle pouvait l>i<-n rire la cause d’un si étrange phénomène ' l la plaçaient dans l’ignorance crasse des choses de la foi et dos commandements divins, qui régnait à cette époque, mais, dans le peuple plusieurs en rejetaient la faute sur la corruption du clergé, qui aurait du mal conférer le baptême. Mais, observe Radulphe, pour prouviique la validité du baptême est indépendante de la dignité ou de l’indignité de ses ministres. Dieu tit aux prêtres séculiers de Liège la grâce, qu’il refusait aux religieux, de délivrer ces possédés au moyen des oxorcismes. Entre autres faits, il rapporte ceux-ci. Dans l'église de Sainte-Croix, à Liège, le jour de la dédicace, pendant qu’on chantait les vêpres, le thuriféraire se mit tout à coup à balancer l’encensoir d’une façon désordonnée, à danser et à prononcer en chantant des mots inconnus. Vainement on le prie de cesser ; parmi les spectateurs étonnés, beaucoup se demandaient s’il n’appartenait pas à la secle des danseurs. Récitez le Pater, lui dit un prêtre ; il refuse. Récitez le Credo. Je crois au diable, répondit-il. Le prêtre alors de lui imposer l'étole, de l’exorciser et de délivrer ce malheureux qui se met aussitôt à réciter avec un grand sentiment de piété le l’ater et le Credo.

Autre fait. Vers la fêle de la Toussaint, à llerstal, village voisin de Liège, hommes et femmes de la secte s'étaient réunis en grand nombre et avaient décidé d’envahir Liège et d’en massacrer les prélats, les chanoines, les curés et tout le clergé. Mais Dieu dissipe leur dessein ; car, au moment de pénétrer dans la ville, d’honnêtes gens les conduisirent aux prêtres, qui les guérirent, à la grande confusion du démon et pour la plus grande gloire du clergé. Plusieurs furent menés à la chapelle de la sainte Vierge dans le cloître de Saint-Lambert, où le prêtre Louis Loves, inspiré patDieu, imposa l'étole sur l’un d’eux, récita le commencement de l'Évangile selon saint Jean et le délivra ainsi de la servitude du démon ; il réussit de même pour neuf autres. Le bruit d’une telle guérison se répandit au loin, et d’autres danseurs, conduits au même endroit, furent de même délivrés par la pratique des oxorcismes et rendus à la santé. On en avait mené d’autres ailleurs, aux églises collégiales de Sainte-Croix et de Saint-Barthélémy, aux églises paroissiales de Notre-Dame et de Saint-André, où tous les prêtres sans distinction eurent pies d’eux le même succès,

Dans la pratique « les oxorcismes. note Radulphe, c'était le plus souvent le commencement de l'Évangile selon saint iian qu’on lisait, maison empruntait - 1 1 — -^ i aux autres évangélistes les passages relatifs à la délivrance des possédés. Quand parfois la guérison tardait, on montrait.m possédé l’hostie consacrée ou on la lui appliquait sur la tête. D’autres bu-, on l’aspergeai ! d’eau bénite, on lui en faisait même boire, après

quoi on pratiquait sur lui les rites de VExi, immutlde

spirilus, de VEpheta et de l’insufflation.

Radulphe raconte encore qu’une jeune possédée, vainemi ni exorcisée par plusieurs prêtres, l’ut conduite .i i la Chapelle et > fut guérie par le prêtre Simon, qui la plongea dans l’eau bénite. Il y avail < ans qu’elle étail mui^ le joug du démon. El le démon interrogé Bur l’endroit ou il se trouvait quand la jeune fille faisait sa communion pascale, répondit qu’il se

réfugiait à la pointe des doigtdu pied jusq

les esj ramentelles fussent consommées i

manda de pouvoir se retirer dans li l ïbad ;

mais peu âpre-, deux ou ti

noyées, on attribua ce fâcheux accident > la pr< -< nce du

démon, et l’on ferma en conséquence h-- bains, et ces

hains étaient encore interdits au moment ou écrivait

Radulphe.

Ainsi combattue, cette secte qui. dans l’espace d’un an, avait fait tantde victimes, fut enrayée ; elle disparut peu à peu, les cas de possession de ce genre devenant de plus en plu-- rare-. La bonne réputation du cl liégeois s’en accrut d’autant plus. Ce récit a manifestement le ton d’un apologiste du clergé. Aussi l’auteur le terinine-t-il par ces mots : « Loin de nous, qui espérons à la solide gloire de la vie future, de nous laisser gonfler par les vaines lou. hommes.

N’oublions pas ceparoles du Christ. Plu diront ce jour-là

votre nom que nous avons cl. nEl « n’avons-nous pas, en votre nom. fait beaucoup de i miracles'.' Alors, je leur dirai hautement : Je ne vous « ai jamais connus. Retirez-vous de moi. ouvriers d’inia quité. i Matin., vu. 22-2

Aces renseignements fournis par Radulphe, Chapeauville, dans ses annotations, p. 22-23, en ajoute d’autres : l’un qu’il emprunte, dit-il, au Magna ieutn

Belgicum, et qui se trouve coïncider textuellement avec ce que dit Pierre de llerenthal ; trois autres, qui sont do Jean Stabulaus, de Corneille Zanfliet et do Meyer. Mais tous ces témoignages ne nous apprennent rien de nouveau. Si l’on en croit au contraire Jean de Leyde, Cltronic. Belgic, 1. XXXI. c. xxvi, dans les Renan Belgicarum annales, t. i, p. 299, ledans d’Aix. d Ttrecht et de Li lient on dansant le

cri de : Gai, gai ! D après la Chronique de Colngne, p. 247, ils criaient : M saint Jean. gai. gai ! M. saint Jean ! » Ne serait-ce pas là une attribution erroi Car nous n’apercevons pas le moindre rapport entre la danse des danseurs de lb'71. véritable cas de p< sion diabolique ou de pathologie, et la danse de circonstance qui avait lieu, une fois l’an, autour du fou de la Saint-Jean, pas plus du reste que nous n’en découvrons un avec la danse de Saint-Gui.

D’autre part, le dernier tiers du xiv siècle compte assez d’hérétiques connus, do date ancienne ou récente, tels que les vaudois, les béghards et les béguines turlupina et les lollards, contre lesquels Grégoire XI dut prendre des mesuren 1372 et en 1373,

Raronius, Annales, an. 1372, n. 33 ; 1373, n. 19, qu’il soit nécessaire île ranger parmi eux les danseurs de Liège. Rien, en effet, danledocuments de l'époque

ne montre en quoi pouvait bien consister leur lu i Ils no pratiquaient pas les sacrements, ils étaient sédés l i démon, ils se livraient a de6 danses furibondes d’où la décence était bannie et devenaient ainsi, par un exemple contagieux, une cause do troubles et do scandales. On les traita en conséquence comme des

dés, et on leur appliqua les formules liturgiques do l’exorcisme. Mais, d’hérésie, pas Ae trace. De nos jour-, le caractère contagieux do leur danse les ferait

r plutôt parmi lemalados atteints d’hystérie : et c’e-t bien, somme toute, d’une maladie do ce genre que furent frappés ledanseurs -.compliquée,

du reste, de possession diabolique. Ils sont donc à rayer de la liste des hérésies.

Outre les OU'. s de l’article, voir Hecker.Ois

Tanxwuth, eine Volkskrankl If illelalter, Berlin, 18

Votkskranklieiten des Mittclalt., Berlin, : rlcq, Corpus inquisit. N 1889, t. i.

I>. ^tt si|. : lit.. De secten der - i " « ' « '

Xcilcrhmtlen, Bruxelles nius, Anna.- u.13.

C. Bareuus.