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DANSE


les fois qu’elle a assisté à une danse, celle-ci, serait-elle honnête, est évidemment pour cette personne une occasion prochaine de péché. Il est très probable qu’elle retombera dans la même faute, si elle s’expose encore au même danger. On ne peut donc l’absoudre, si elle n’y renonce, à moins que, ne pouvant, pour un motif grave, se dispenser d’y assister, elle ne s’efforce, par la vigilance, la prière et de sérieuses précautions, de rendre éloigné le danger qui pour elle est prochain.

Réciproquement, ce qui objectivement paraît être un danger prochain pour le plus grand nombre, comme, par exemple, les amplexus dont il a été question à propos de la valse, de la polka, de la mazurka, etc., en présente quelquefois très peu, ou même pas du tout, vu le tempérament des individus, ou l’éducation reçue dans le monde spécial auquel ils appartiennent, et par laquelle ils sont devenus, sous ce rapport, beaucoup moins impressionnables qu’ils ne l’eussent été, dans un autre milieu et avec une formation différente. Comme il a été dit col. 124, les danses fréquentes excitent parfois les passions, en leur procurant les occasions périlleuses qui attisent la n’anime impure et l’alimentent ; mais, parfois aussi, cette fréquence produit l’effet contraire. L’accoutumance émousse la sensibilité. Il ne manque pas de gens blasés sur ce genre de divertissement, qui, étant devenu pour eux une chose ordinaire, n’éveille ni leurs sens, ni leur curiosité. Esc assuelis non fit passio. Certaines personnes ne trouvent même, dans des danses assez risquées, qu’un véritable ennui. Elles ne s’y prêtent qu’à regret et avec dégoût, uniquement parce que telle est l’habitude tyrannique dans la sphère sociale, où, vu leur nom et leur rang, elles sont obligées de vivre.

Pour apprécier le côté moral d’une danse, le théologien, ou le prédicateur, aurait donc tort de se mettre simplement au point de vue de ses idées personnelles, ou de celles du » milieu dans lequel il a lui-même vécu. Il ne doit pas, dans sa pensée, opposer les personnes nées et vivant dans un milieu mondain, aux âmes privilégiées qui, dès leurs années les plus tendres, ont été cultivées comme des Heurs en serre. La comparaison serait assurément défavorable aux premières, mais exposerait aussi à les juger injustement. De ce qu’une àrne ne vise pas à la perfection, et n’a pas une éminente vertu, il ne s’ensuit pas que tout soit péché en elle. Parce qu’elle s’offusquera inoins de certaines paroles, de certains aspects, ou de certains rapprochements, que ne le ferait une personne, dont l’innocence s’est toujours abritée derrière les murs d’une maison religieuse, faut-il en conclure que s : i conscience est complétement oblitérée, el qu’elle ne distingue plus le bien du mal’Cette conscience assurément est moins délicate que celle d’un prêtre habitué à la gravité’et à la dignité’de la ii laie, ou que celle d’une reli gieuse vouée à la pratique des conseils évangéliques ; mais, si cette conscience est moins ouverte aux attraits de la vertu, on ne peut pas dire pourtant qu’elle soit absolument faussée. Ellea un angle optique à elle pour i apprécier les choses. Aussi reste-t-elle parfois un ^ calme, là où d’autres seraient profondément troublées. Il ne tant donc pas s’étonner, si les personnes du monde se fonl de la danse nue idée toute différente de celle que s’en for ni les.’unes qui, avides de perfection, fuient jusqu’à l’apparence du péché. La vue mené rapide d’une de ces danses donnerait à ces âmes des Inquiétudes de conscience ; tandis que, très souvent, lep. nonnes « lu momie assistent et j piétinent part,

i là un rail d’expérienci.

dont poui i iii ni ti moigni i beaucoup de i ayant la pratique du -aint ministère, ou même simplement l’i, peu mêlés.i la société laïque, et, delors, plus à même de la connaître et de l’appr Pooi B { des bili

les font agir, il faut, en effet, pour un instant au moins, s’identifier avec eux, s’assimiler leurs pensées, et deviner ce qu’ils éprouvent.

Ce n’est pas à dire que, pour savoir si une chose est bien ou mal en soi, un théologien de profession soit obligé de consulter les laïques et les gens d’un certain monde. Assurément ceux-ci, sur une foule de sujets, tels que le duel, le point d’honneur, etc., se font une théorie à part, et qu’on ne saurait approuver ; mais, comme pour tout péché mortel, il faut, de la part du pécheur, advertance et volonté, on est bien obligé, pour juger du danger que, pour tel ou telle, une danse présente, de leur demander quelle impression cette danse produit en eux. Sur ce point, en etfet, eux seuls peuvent répondre, car seuls ils savent ce qui se passe dans leur conscience. Comme c’est une question de fait, ce n’est point par des règles générales qu’on arrive à l’élucider ; mais c’est par leur aveu. Qu’on ne dise pas qu’ils sont intéressés à tromper. Nous supposons les pénitents de bonne foi, et, à moins de preuve contraire, il faut les croire tels, quand ils viennent d’eux-mêmes réclamer les sacrements. C’est, d’ailleurs, un principe de saine théologie : Gredendum est pœnitenti lam pro se quant contra se loquenti.

Dans ses Avverlimenti per li confessori, § 19, ouvrage si précieux que l’Assemblée du clergé de France voulut le faire traduire et imprimer à ses frais, en 1655, saint Charles Borromée range les danses parmi les occasions relatives ou personnelles, et non parmi celles qui, é’tant absolues et naturelles, sont prochaines à l’égard de tous. Cf. Gousset, Théologie morale, Traité du sacrement de pénitence, c. xi, Des devoirs du confesseur envers ceux qui sont da71s l’occasion prochaine du péché, n. 565, t. il, p. 378. Ce dernier auteur fait, ailleurs, cette remarque importante : « Pour que la danse soit une occasion prochaine de péché mortel, il ne suffit pas qu’elle occasionne de mauvaises pensées, ou autres tentations, même toutes les fois qu’on y va ; car on en éprouve partout, dans la solitude comme dans le monde. » Théologie morale, Traité du décaloguc, VIe partie, c. i. n. 651. t. i, p. 296.

Sur ce même sujet du point de vue personnel aux danseurs, on ne lira pas sans profit ce passage d’un théologien autorisé : Qusenam sunt chorese quæ, ralione modi libidinosi saltandi, valde periculosæ sunt el prorsus prohibendsc ? Non facile in theoria statut potest. Qusestio enim inlricalissima est, et plerumque a variis circumslanliis pendet… Vix oui ne ri.c quidem definiri potest a viro theologo, qui rcs istiusmodi iimiitisi ex aliorum relatione novit. Etenim ut expei i en lia constat’, refercntes, diversi mode per iculis affecli, de illis dicersimode judicant. Quod enim aliissunvnie periculosum videtur, aliis lolerabile apparci. neque saltationes etiant ejusdem generis sunt ejusdem periculi pro omnibus, flaque nec ipsi viri qui mundanis recréa lioni bus prius vacarunt, et subinde Statut » clericalem amplexati sunt, hac deresemperconveniunt. licncratim, ut periculosissimss habentur choreæ qux valse et polka dicuntur ; sedulo proinde oidenturintet’dicendæ. Atlamen non désuni viri probi qui lias ipsus saltationes dicani modo non adeo indecoro flerpiosse, licet communiter valde periculoses sint. Plerumque igitur ea quæ ad choreas spectant mi 1771 i 8tr/V3 AD PRJB8BNTBS PBRSONAS et modorutn ci cciinislanlias.

i mie, m praxi, m primis au pbricoli » pbrsonali pxiiitentis attendendum est, atque <oi rationes quas habere potest choreis assistendi. Gury, Casus corn lise, De virtutibus, i av. X

. n. 233, 21n-8°, Paris, 1891,

t. I. p. Kttl. Il n’est pas rare. BJOUte le même auteur.

de rencontrer des femmes et di s jeunes tilles qui, dans

I, n’ont commis d autre faute que quelques pen* sées de vanité. Il en qui ne pèchent aucun*

ment. "Prit-, n. 2’.. t. i. p. ion, Compsndium theo-