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DIEU (SA NATURE SELON LES SCOLASTIQUES v

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directement chacun des attributs. De la sorte l’ordonnance logique de sa théodicée soit dans le Contra génies, soit dans la Somme théologique, dépend en grande partie de la doctrine de l’acte et de la puissance. La raison en est que de la première et fondamentale composition du fini, de sa potentialité radicale, découlent toutes les autres compositions, soit métaphysiques comme celle du genre et de l’espèce, soit physiques comme celle des accidents, et aussi toutes les imperfections de la créature, par exemple qu’aucune n’est immuable, In IV Seul., 1. I, dist. VIII, q. ni, a. 1 sq., qu’aucune n’est sa durée, ibicl., dist. XIX, q. i, a. 2, et qu’aucune n’est son opération. Sum. theol., I a, q. liv, a. 1. Nous avons dit que l’ordonnance des articles et des preuves chez saint Thomas est commandée par la doctrine de l’acte et de la puissance, mais seulement en grande partie : car il faut remarquer que d’autres préoccupations y interviennent. L’inlluence de l’ordre du Lombard s’y fait sentir ; de plus, bien des articles sont intercalés qui n’ont pas d’autre but que d’expliquer certains textes ou de discuter certains problèmes qui intéressaient alors les esprits ; enfin loin d'être une philosophie unilatérale, la pensée de saint Thomas est assez large pour qu’il trouve moyen d’y conserver les preuves alors classiques des conclusions traditionnelles. De tout ce mélange résulte un tout fort complexe, mais très riche, dont toutes les parties sont d’ailleurs reliées par la doctrine de l’acte et de la puissance, complétée par la doctrine des perfections simples de saint Anselme.

Rien que le sujet de notre travail nous ail amené à mettre en relief ce que le grand docteur dut à Averroès, ses emprunts aux Arabes sont loin de s'être bornés à celui-ci. Avicebron, Mairnonide, Avicenne lui ont donné plus d’un développement. Par exemple, c’est à Avicenne qu’il doit ce qu’il dit du tout et de la partie, Sum. theol., I a, q. iii, a. 7 ; de la convertibilité de l’intellectifet de l’immatériel, (|. xiv, a. 1 ; cf. Tolet, In l am, ibid., principe dont il se sert contre Avicebron, De anima, q. ii, a. 6, et aussi pour prouver la science en Dieu, /// IV Sent., 1. I, dist. VIII, q. v, a. 2 ; de la vérité en Dieu et dans les choses, ibid., disl. XIX, q, v, a, 1 sq. ; de la précontenance de toutes choses en Dieu, d’où il sait qu’il n’est pas dans un genre, De potentia, q. iiv a. i ; car de même que la blancheur qui serait séparée serait la cause de toute blancheur et contiendrait la perfection de tout le genre blancheur, puisque primum in unoquoque génère est causa omnium in eo génère, et par suite serait illimitée en son genre, ainsi Dieu cause universelle et des essences et de leur actualité est illimité absolument, et par suite hors de tout genre. Cf. Niphus, op. cit., loi. 227 sq. Ces exemples, qui n’ont pas été choisis au hasard, suffisent à mettre en relief le procédé de composition de saint Thomas, la complexité' de sa pensée et aussi la difficulté d’une étude historique de son texte. Cf. Raynaud, op. cit., dist. II, q. ii, a. -2, p. 59 ; Suarez, Disp, metaph., disp. XXIX, sect. iii, n. 21.

D’ailleurs, l’indépendance de saint Thomas à l'é d’Averroès est entière. Il rappelle aux averroïstes latins de son temp> qn il a beaucoup écril déjà contre ce philosophe, et il continua jusqu'à la fin à le réfuter.

Nous ni (n m VOUS pas le suivre Sur Ions les terrains où

il l’a combattu. Signalons qu’il l’a réfute à propos de la trinité, spécialement dans le ! )> potenHa. Le plan de cette série de questions qui débute par l'étude de

la toute-puissant t de la nature des possibles, :

par le pouvoir en Dieu d’engendrer, puis par la créalion, les miracli i, la Implicite divine, pour revenir I la trinité, est dea plut déconcertants -i l’on ignore lea positions d’Avei roés et des pli l ont y

converge à la réfutation de l’erreur d’A verrai sur la trinité, q. iivi Jusque-là, saint Thomas s’appuie sur

Averroès pour combattre diverses erreurs des Arabes sur les sujets indiqués, spécialement sur la valeur ontologique des attributs en Dieu. Puis profitant de ce qu’Averroès admetlait cette valeur et réduisait la contingence des intelligences incorruptibles au besoin d’un influx causal de la première pour éviter la chute dans le néant, ce qui entraînait dans le système commun du philosophe et du théologien une relation réelle de dépendance résultant de cet influx, q. iiv a. 9, il montrait qu’il n’y avait pas de répugnance dans la philosophie d’Averroès à croire que le Fils, par le fait même qu’il est consubstanliel, reçoit une nature incorruptible sans dépendance causale proprement dite ; si dans les créatures la relation de dépendance admise par Averroès est accidentelle et prédicamentale, dans le Fils elle est essentielle et identique à l'être : Filins Dei est ipsa relatio secundum quam habet esse a Pâtre, el ipsa relatio est ipsum esse. In IV Sent., 1. III, dist. XI, q. I, a. 1, ad 3° m. Ce qui explique pourquoi dans la philosophie même d’Averroès on ne doit point concevoir dans la Irinilé de multiplicité d’existence, et par suite résout son célèbre argument, omne compositum est novum, dont on nie l’hypothèse en vertu même de la doctrine de la non distinction réelle de l’essence et de l’existence finies. De potentia, q. ii a. 6 ; q. iivi a. 2, ad Tl um ; q. ix, a. 5, ad 19um. Solution que le P. Gardeil a tort, op. cit., p. 313, de confondre avec celle de Gilles de Rome, In IV Sent., 1. I, dist. II, q. ii, a. 2. Cf. Thomas de Strasbourg, In IV Sent., 1. I, dist. II, q. ii a. 4, Venise, 1564, fol. 32.

Même procédé pour l’attribut de l’invisibilité divine. Saint Thomas se sert des vues d’Averroès pour réfuter l’intuition intérieure de Dieu admise par le soufisme el par Avicenne, Sum. theol., I a, q. xii, a.2 ; et cette conclusion vaut aussi bien pour les anges ou intelligences que pour nous. De veritale, q. viii, a. 3. Bien plu-, comme on ne détruit que ce que l’on remplace, saint Thomas emprunte à Averroès qui lui paraît s’accorder ici avec le Lombard, ibid., a. 1, une explication de la façon dont Dieu, bien que naturellement invisible, peut être cependant intuitivement connu. Sum. theol., I a, q. xii, a. 2, ad 3'"" ; în IV Sent., 1. IV, disl. XLIX, q. ii, a. 1. On sait qu’Averroès admettait l’unité de l’intellect ; d’après lui, notre connaissance intellectuelle est produite par l’union de l'âme avec cet intellect en acte, unique pour tous les hommes ; cela est, dit-il, nécessaire parce qu’autrement on ne peut pas rendre compte de notre connaissance des universaux. L’intelleei séparé voit Dieu naturellement ; et ici-bas le philosophe peut par une union intime avec l’inti universel arriver lui aussi à voir l’essence divine. L’intellect séparé voit, en effet, Dieu par manière <<forme intelligible ; et il est probable que dans la ' d’Averroès, comme le dit Cajetan, /// I . q. mi, a. 2, il faut chez Averroès entendre cette union de l’intelligible et du sujet connaissant au sens d’une causalité formelle, voir col. 900 ; on conçoit, bien qu’on ne voie guère comment le panthéisme est évité et la personnalité du voyant maintenue, qui par une telle

union on arrive à voir Dieu tel qu’il est en soi. I il D entendu, saint Thomas n’admet pas que cette intuition de Dieu puisse se faire par h s seules forces naturelles,

a. 4 ; il rejeiii égale ni l’h pothèae de l’inti llecl séparé

uniqe 'in système d’Averroi s il n ti< ni que la

connaissance intuitive de Dieu nous i Bible sur natuielleiiii ni par l’application de lis-nnr divine à

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mais au sens causal. Que tel soit ; uni Tho lo. i-, les textes l'énoncent ; et, si Cajetan l’entend autrement, il non i lui un mi qu il mi i en avant nie interprétation du texti inouïe jusqu'à lui. le

l’erreur d'à tir la i laibilité natui i ib

de DleO pour le sage ri pour l’intellei